Cettedame, fait partie de lancienne génération. On la voit exposer le blé au soleil, aprÚs lavoir lavé, et rincé. Une fois dur ,elle sattelle, à le moudre avec un moulin en pierre, appelé en arabe kerouicha.Elle récupÚre la semoule dans un mezouad qui nest autre quune peau de mouton ,traitée, ta
Ily a 14siecle tout comme aujourd hui ( egypte, pakistan, afghanistan, ) des femmes/fillettes meurent, ou sans rejeter par leur famille, parce qu elles ont ete marie de
FemmesD Hier Et D Aujourd Hui De Edmee De La Rochefoucauld Les Femmes Berberes Marocaines A L Honneur A Paris Dossier Hayat Zerari 80 Femme Traditionnelle
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Femmesd'hier et d'aujourd'hui par Edmée La Rochefoucauld aux éditions Grasset et fasquelle. Attentive au rÎle des femmes dans la littérature française, Edmée de La Rochefoucauld analyse ici la part qui leur revient dans divers domaines, qui vont de la
Vay Tiá»n TráșŁ GĂłp Theo ThĂĄng Chá» Cáș§n Cmnd Há» Trợ Nợ Xáș„u. Ce jeudi 25 novembre 2021, jour consacrĂ© Ă la cĂ©lĂ©bration de la journĂ©e internationale pour lâĂ©limination des violences Ă lâĂ©gard des femmes, le monde entier dĂ©marre la campagne des 16 jours dâactivisme contre les violences basĂ©es sur le genre. Dans cette interview quâelle nous a accordĂ©e, la prĂ©sidente de lâOng "Nâaie pas peur", Angela Kpeidja, relĂšve les difficultĂ©s des femmes dans notre sociĂ©tĂ© et les dĂ©fis qui attendent son association. Lisez plutĂŽt... Ce 25 novembre, le monde entier cĂ©lĂšbre la journĂ©e internationale pour lâĂ©limination des violences Ă lâĂ©gard des femmes. Au BĂ©nin, avez-vous lâimpression que les femmes sont de plus en plus protĂ©gĂ©es ? Quelle est la situation de la femme bĂ©ninoise ? Angela Kpeidja Avec les derniers changements intervenus dans les textes de lois qui protĂšgent la femme, lâespoir que nous femmes retrouvions notre place est permis. Je loue ainsi la volontĂ© politique qui sâexprime Ă travers les diffĂ©rentes lois votĂ©es et la nouvelle version de lâInstitut national de la femme. MalgrĂ© tout, je reste sur ma soif parce quâil reste que nos juridictions prennent leurs responsabilitĂ©s pour sĂ©vir et rĂ©gler avec une grande cĂ©lĂ©ritĂ© les dossiers relatifs aux violences basĂ©es sur le sexe. Voyez-vous ? La CRIET nâest pas accessible gĂ©ographiquement Ă tous. Ensuite, au-delĂ des nouvelles attributions de lâINF, il faut aussi que cette maison de la femme dispose de ressources pour la prise en charge Ă©conomique, sociale... des victimes qui aprĂšs dĂ©nonciation, sont encore plus vulnĂ©rables. Il faut aussi ajouter que le combat social est le plus difficile parce que la volontĂ© politique ne suffira pas pour Ă©liminer ces violences. Il faut lâengagement des parents et adultes que nous sommes pour espĂ©rer un monde plus juste pour les gĂ©nĂ©rations futures. Entre hier et aujourdâhui, la situation de la femme nâa pas pour autant changĂ© du point de vue des statistiques. 3 femmes sur 5 restent sous lâemprise du harcĂšlement sexuel en milieu professionnel. Avec les informations constamment relevĂ©es par les mĂ©dias en ligne et certains activistes, on constate quâil y a actuellement une recrudescence des cas de viols. Et que dire des violences conjugales ? Dâailleurs, cette commĂ©moration arrive dans une ambiance marquĂ©e par des violences physiques, psychologiques perpĂ©trĂ©es Ă lâencontre de femmes rĂ©guliĂšrement mariĂ©es et dâautres en plein divorce. En tout cas, lâhomme bĂ©ninois nâest pas encore prĂȘt Ă cĂ©der un iota de son autoritĂ© Ă sa moitiĂ© mĂȘme si la loi tente de mette Ă terre le patriarcat. A lâOng Nâaie pas peur, quelles sont les actions au programme de cette campagne des 16 jours dâactivisme contre les violences faites aux femmes ? A. K. lâOng Nâaie pas peur, nous lançons dĂšs aujourdâhui une sĂ©rie de vidĂ©os dont lâobjectif est de vulgariser les temps forts de la riposte contre le harcĂšlement sexuel en milieu professionnel. Ces vidĂ©os seront diffusĂ©es sur la page Facebook de lâassociation. SimultanĂ©ment en tant que prĂ©sidente de cette ONG et auteur de Bris de silence, jâai jugĂ© opportun de lancer sur ma page Facebook, une campagne dĂ©nommĂ©e âMon corps crieâ. Cette campagne est une dĂ©clinaison visuelle des consĂ©quences du harcĂšlement sexuel et moral dans les milieux scolaire, universitaire et professionnel. Pour moi ce flĂ©au est une problĂ©matique de dĂ©veloppement. On ne peut pas brimer constamment une couche aussi importante de la sociĂ©tĂ© et espĂ©rer produire de la richesse. Pour finir, un message Ă lâendroit des femmes. A. K. Les femmes ! Elles devraient se recentrer sur lâessentiel. Utiliser les rĂ©seaux sociaux pour du make-up, câest une façon de sâexposer aux violences. Nous devons garder notre fĂ©minitĂ© tout en faisant preuve dâintelligence, dâaudace, de solidaritĂ©, de courage pour nous sortir des mĂ©andres de ces violences. A mon avis, nous devrions tourner dos aux guerres de leadership pour une lutte collective, la main dans la main. Propos recueillis par A. E. B. Coll ; L'information en temps rĂ©el 25 novembre 2021 par
Tendanciellement le survote des femmes pour la droite a diminuĂ© tout au long de la ve RĂ©publique. Il sâĂ©tablissait Ă +12 points en 1965 +7 en 1974 et 1981[1], alors quâil nâest plus que de +2 en 2007 et +4 en 2012. Ce mouvement se retrouveâtâil dans lâensemble des cohortes ou toucheâtâil dâabord certaines dâentre elles ? Les femmes face Ă la gauche au sein des cohortes 1988â2012 Sources enquĂȘtes postĂ©lectorales CEVIPOFâSofrĂšs 1988 et 1995, Panel Ălectoral Français 2002, EnquĂȘte PostĂ©lectorale CEVIPOFâministĂšre de lâIntĂ©rieurâIFOP 2007, EnquĂȘte Ălectoral Française de V. Tiberj. Lecture pour chaque Ă©lection prĂ©sidentielle, on calcule lâĂ©cart entre le vote de gauche des femmes et le vote de gauche de lâensemble de la cohorte. Un Ă©cart positif signifie que les femmes ont plus votĂ© pour la gauche que lâensemble de leur cohorte, un Ă©cart nĂ©gatif quâelles ont plus votĂ© Ă droite que lâensemble de leur cohorte Les calculs pointent vers lâexistence dâun genderâgenerational gap[2] en France. Les femmes appartenant aux cohortes anciennes tendent Ă ĂȘtre plus conservatrices au sein de leurs gĂ©nĂ©rations que leurs homologues nĂ©es plus rĂ©cemment. Câest dâautant plus frappant que les cohortes du vote conservateur des femmes sont dĂ©jĂ globalement les plus dĂ©favorables Ă la gauche. M. Sineau en avait fait lâhypothĂšse en 2007 et cela se vĂ©rifie particuliĂšrement lors de lâĂ©lection qui a portĂ© N. Sarkozy au pouvoir. Ă lâinverse, les femmes appartenant aux cohortes postâbabyâboom ont encore plus votĂ© pour S. Royal que lâensemble de leurs gĂ©nĂ©rations globalement les plus Ă gauche les Ă©carts sâĂ©chelonnent de â5 points pour les cohortes 1941â1950 et 1930 et avant Ă +4,5 pour la cohorte 1981 et aprĂšs en passant par â3 pour la cohorte 1931â1940, â2,5 pour la cohorte 1951â1960, +1,5 pour la cohorte 1971â80 et +3 pour la cohorte 1961â1970. La personnalitĂ© de S. Royal et le traitement mĂ©diatique de sa candidature ont pu jouer. Mais cette tendance se retrouve dans dâautres Ă©lections prĂ©sidentielles. La tendance semble plus erratique, notamment pour des raisons dâeffectifs, mais les cohortes nĂ©es avantâguerre font gĂ©nĂ©ralement partie des 3 cohortes dans lesquelles les femmes votent le moins Ă gauche tandis que la cohorte 1971â1980 se situe gĂ©nĂ©ralement parmi les 3 cohortes dans lesquelles les femmes lui sont les moins dĂ©favorables voir les plus favorables. Il en va de mĂȘme pour la cohorte 1981 et aprĂšs, dĂšs lors quâelle est entrĂ©e sur scĂšne Ă partir de 2007. Enfin, on peut relever une trace du vote lĂ©gitimiste des seniors »[3] notamment chez les femmes nĂ©es avantâguerre face Ă F. Mitterrand. Celuiâci semble ĂȘtre le candidat qui a le moins pĂąti de lâinclinaison conservatrice de ces Ă©lectrices en comparaison avec tous ses successeurs socialistes. En rĂ©sumĂ©, la baisse du vote de droite des femmes nâest pas un phĂ©nomĂšne explicable par un phĂ©nomĂšne de dĂ©salignement les conservatrices dâhier tendent Ă le rester aujourdâhui. En revanche lâhypothĂšse dâun impact du renouvellement gĂ©nĂ©rationnel est plausible les conservatrices dâhier pĂšsent de moins en moins dans les urnes et sont remplacĂ©es par des Ă©lectrices beaucoup plus favorables Ă la gauche, autant sinon plus que lâensemble de leurs cohortes de naissance. V Tiberj [1] Mariette Sineau, La force du nombre, les Ă©ditions de lâAube, 2008 [2] Pippa Norris, âMobilising the Womenâs Voteâ The GenderâGeneration Gap in Voting Behaviourâ, Parliamentary Affairs, 49 2, April 1996, p. 333â42. [3] Denni Bernard, Chapitre 5 / Le conservatisme des seniors. Une affaire dâĂąge ? », dans Anne Muxel dir., La politique au fil de lâĂąge, Paris, Presses de Sciences Po, 2011, p. 113-160.
Nous sommes tous des immigrĂ©s ! Cette formule s'applique Ă tous les ĂȘtres humains si l'on entend par lĂ que nul ne peut se prĂ©valoir d'ĂȘtre un pur autochtone d'aprĂšs un mot grec qui signifie nĂ© du sol ». De fait, aussi loin qu'ils remontent dans le temps, jusqu'Ă l'Homo erectus d'il y a un million d'annĂ©es, les palĂ©ontologues discernent des mouvements de population par expansion dĂ©mographique et plus rarement par invasions, migrations volontaires ou migrations forcĂ©es. Ces dĂ©placements concernent des effectifs trĂšs limitĂ©s. C'est aujourd'hui 3% de la population mondiale... En dĂ©pit des apparences, la sĂ©dentaritĂ© demeure le propre de la nature humaine note. AndrĂ© LaranĂ© Les migrations capillaires, une rĂ©alitĂ© de tous temps et tous pays Dans toutes les sociĂ©tĂ©s, il se trouve des individus qui font souche loin de chez eux, pour les besoins du commerce, par goĂ»t de l'aventure, par rejet de l'oppression, par le hasard des rencontres et de l'amour... Ainsi des commerçants vĂ©nitiens s'Ă©tablissaient-ils au Moyen Ăge Ă la cour du Grand Khan, Ă PĂ©kin, tandis qu'un aventureux Toulousain ramenait dans sa patrie une jeune Ă©pouse rencontrĂ©e sur les bords du Niger ! Au XVIIe siĂšcle, des huguenots ont fui la France et se sont installĂ©s Ă Berlin ou mĂȘme au Cap, en Afrique australe. Ă l'inverse, des Irlandais catholiques ont fait souche en France et mĂȘme au sud des PyrĂ©nĂ©es. Citons encore Marie Curie et Savorgnan de Brazza qui ont au XIXe siĂšcle quittĂ© leur pays pour servir et honorer la France.âą Ces migrations sont Ă double sens. Elles sont essentielles Ă la circulation des idĂ©es et des techniques et donc au progrĂšs humain. Elles concernent nĂ©anmoins des flux rĂ©duits de personnes qui n'ont pas de mal Ă se fondre dans la population d'accueil de sorte qu'elles ne changent pas la nature des sociĂ©tĂ©s concernĂ©es. En cela, on peut les appeler migrations capillaires » tĂ©nues comme un cheveu pour les distinguer des suivantes.âą Les migrations de peuplement » sont caractĂ©risĂ©es par des flux importants de population Ă partir de territoires en expansion dĂ©mographique vers des territoires faiblement peuplĂ©s ou en dĂ©croissance dĂ©mographique.âą Les invasions et les dĂ©placements de population liĂ©s aux guerres se distinguent des migrations prĂ©cĂ©dentes. Elles imprĂšgnent fortement la mĂ©moire des peuples mais ne changent guĂšre la substance des sociĂ©tĂ©s humaines. PremiĂšres rencontres La premiĂšre migration notable remonte Ă l'aube des temps. Elle concerne un trĂšs lointain aĂŻeul, Homo erectus, qui aurait migrĂ© il y a 2 millions d'annĂ©es d'Afrique vers l'Eurasie. Ce fut la premiĂšre sortie d'Afrique ». En Afrique mĂȘme, l'Homo erectus Ă©volua il y a 300 000 ans vers notre propre espĂšce, l'Homo sapiens. En Eurasie, il eut des descendants tels que NĂ©andertal et l'homme de Denisova, il y a environ 500 000 ans. Il engendra aussi une espĂšce originale sur l'Ăźle de FlorĂšs IndonĂ©sie, il y a seulement 80 000 ans. Une deuxiĂšme sortie d'Afrique » se produisit il y a environ 80 000 ans, quand quelques Homo sapiens s'Ă©tablirent au Moyen-Orient oĂč ils s'unirent aux reprĂ©sentants locaux de NĂ©andertal et Denisova. De ces unions seraient issus les Eurasiens actuels si l'on en croit les derniĂšres dĂ©couvertes de la gĂ©nĂ©tique. Homo sapiens atteignit lĂ -dessus des rĂ©gions encore vierges de prĂ©sence humaine il y a environ 70 000 ans, il franchit les bras de mer qui sĂ©parent la Papouasie et lâAustralie de l'Eurasie. Puis, il y a 35 000 ans, il traversa Ă pied sec le dĂ©troit de BĂ©ring qui sĂ©parait lâAsie de lâAmĂ©rique en profitant du faible niveau des ocĂ©ans pendant la derniĂšre glaciation. Ă la mĂȘme Ă©poque, l'Homo sapiens moyen-oriental mĂątinĂ© de NĂ©andertal gagna l'Europe oĂč erraient de purs NĂ©andertaliens. Ceux-ci, dĂ©jĂ en dĂ©clin dĂ©mographique, ne tardĂšrent pas Ă disparaĂźtre, laissant le terrain libre Ă notre ancĂȘtre, rebaptisĂ© pour l'occasion Cro-Magnon note. Qu'on ne s'y mĂ©prenne pas, ces mouvements de populations n'ont rien Ă voir avec la conquĂȘte du Far-West ! Au nombre de quelques milliers ou dizaines de milliers, les premiers humains n'avaient nul besoin de migrer pour trouver de quoi se nourrir. Lorsque les groupes familiaux s'agrandissaient, les cadets s'Ă©tablissaient un peu plus loin que leurs aĂźnĂ©s et, de proche en proche, ces groupes pouvaient ainsi occuper des continents entiers en quelques millĂ©naires, Ă raison de quelques kilomĂštres par gĂ©nĂ©ration ! De la mĂȘme façon, ces groupes humains rĂ©duits Ă quelques familles ont pu se diversifier Ă partir de lĂ©gĂšres mutations gĂ©nĂ©tiques il y a environ 35 000 ans, Ă l'apparition de Cro-Magnon et des diffĂ©rents groupes humains qui peuplent la planĂšte Africains, Asiatiques, EuropĂ©ens, etc.. Tu deviendras le pĂšre d'une multitude de nations ! » La promesse faite par Dieu Ă Abraham n'a rien d'extravagant. Il ne faut pas grand-chose en effet pour qu'un groupe humain croisse Ă l'infini, sous rĂ©serve bien entendu de n'ĂȘtre affectĂ© ni par les Ă©pidĂ©mies, ni par les famines, ni par les guerres. Un petit raisonnement mathĂ©matique en apporte la preuve supposons que cinq femmes engendrent avec leur conjoint onze enfants et les mĂšnent Ă l'Ăąge adulte ; cela correspond Ă un indice de fĂ©conditĂ© dico de 2,2 ; c'est Ă peine plus que le minimum nĂ©cessaire au simple remplacement des gĂ©nĂ©rations. Si les mĂȘmes performances se reproduisent d'une gĂ©nĂ©ration Ă la suivante, il s'ensuit un doublement de l'effectif tous les deux siĂšcles et les dix personnes initiales peuvent se targuer d'avoir au bout de 3 000 ans un million de descendants, soit la population totale de la Terre il y a 35 000 ans ! Migrations de peuplement Depuis le commencement du monde, les migrations de peuplement s'orientent des territoires en excĂ©dent dĂ©mographique vers les territoires faiblement peuplĂ©s ou en voie de dĂ©peuplement. C'est de cette façon, lente, progressive et pacifique, que les chasseurs-cueilleurs ont occupĂ© toute la planĂšte. PubliĂ© ou mis Ă jour le 2022-08-09 183743
Endrizzi Laure & Sibut Florence 2015. Les nouveaux Ă©tudiants, dâhier Ă aujourdâhui. Dossier de veille de lâIFĂ, n° 106, DĂ©cembre. Lyon ENS de Lyon. Disponible au format pdf 40 pages 106-decembre-2016 RĂ©sumĂ© CaractĂ©riser les Ă©tudiants dâaujourdâhui est une entreprise complexe tant leurs profils, leurs expĂ©riences et leurs parcours dâĂ©tudes se rĂ©vĂšlent diversifiĂ©s. LâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la population, plus ou moins marquĂ©e selon les filiĂšres, sâest accrue dans la derniĂšre dĂ©cennie, notamment avec lâarrivĂ©e des nouveaux bacheliers professionnels, lâessor des Ă©tudiants Ă©trangers et le dĂ©veloppement du travail salariĂ©, rendant la socialisation et lâaffiliation aux normes dâĂ©tudes plus complexes. Ces populations Ă©tudiantes composites, tant dans leurs caractĂ©ristiques socio-dĂ©mographiques que dans leurs projets, se sont dĂ©finitivement Ă©loignĂ©es de la figure idĂ©ale du bachelier Ă lâheure », ayant intĂ©grĂ© une filiĂšre choisie. LâentrĂ©e dans le supĂ©rieur, synonyme de ruptures plus ou moins fortes pour les Ă©tudiants selon les types dâĂ©tudes, sâaccompagne la plupart du temps de lâapprentissage dâun autre rythme et du dĂ©veloppement de pratiques dâĂ©tudes plus autonomes. Dans quelle mesure leurs parcours sont-ils rĂ©ellement subis ? Les projets formulĂ©s en amont sont-ils un gage dâinvestissement dans les Ă©tudes ? Leurs compĂ©tences numĂ©riques facilitent-elles cette transition vers du travail autonome ? La qualitĂ© dâun cours, selon eux, est-elle liĂ©e Ă une mĂ©thode pĂ©dagogique plutĂŽt quâĂ une autre ? Ces questionnements, au cĆur de ce Dossier de veille, nourrissent une rĂ©flexion plus globale sur les expĂ©riences dâĂ©tudes, basĂ©e sur une exploration de la littĂ©rature scientifique rĂ©cente, essentiellement française. Il sâagit en creux dâexaminer les conditions de vie et dâĂ©tudes les plus propices Ă la rĂ©ussite Ă©tudiante et de mettre au jour les dĂ©calages potentiels entre Ă©tudiants et enseignants en termes dâattentes et de pratiques. ââ Ce Dossier est rĂ©alisĂ© Ă lâoccasion dâune confĂ©rence de consensus organisĂ©e conjointement par lâInstitut français de lâĂducation ENS de Lyon et la Direction gĂ©nĂ©rale de lâenseignement supĂ©rieur et de lâinsertion professionnelle MinistĂšre de lâĂducation nationale, de lâEnseignement supĂ©rieur et de la Recherche, Ă Paris les 16 et 17/12/2015, sur le thĂšme RĂ©ussite et Ă©chec dans lâenseignement supĂ©rieur ». Sommaire Une population plus hĂ©tĂ©rogĂšne Des parcours plus complexes Quels environnements propices Ă la rĂ©ussite ? Ătudiants et enseignants des dĂ©calages ? Quelles implications pour la rĂ©ussite Ă©tudiante ? Bibliographie Dans un ouvrage publiĂ© en 1998, ValĂ©rie Erlich soulignait, en Ă©voquant les nouveaux Ă©tudiants » arrivĂ©s en masse dans les universitĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1990, lâimportance de ne pas prendre au comptant le discours commun sur lâinadĂ©quation de ces publics LâuniversitĂ© nâest pas inadaptĂ©e ou archaĂŻque et les Ă©tudiants ne constituent pas une simple collection dâindividus isolĂ©s ou un milieu sans consistance sociale » Erlich, 1998[1]. Elle montrait que les niveaux de qualification progressaient et que les diplĂŽmes constituaient encore le meilleur rempart contre le chĂŽmage, malgrĂ© les taux dâabandon et de rĂ©orientation et malgrĂ© une insertion professionnelle dĂ©jĂ prĂ©carisĂ©e. Elle invitait enfin Ă considĂ©rer le passage Ă lâuniversitĂ© comme une propĂ©deutique Ă la vie dâadulte, soulignant le caractĂšre structurant et Ă©mancipatoire de lâexpĂ©rience dâĂ©tudes. Dix-sept ans plus tard, on peut sâinterroger sur la contemporanĂ©itĂ© de ces analyses. Des rĂ©formes majeures ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es dans cette pĂ©riode en France, Ă commencer par lâalignement des formations sur le schĂ©ma LMD 3+2+3 ans aprĂšs la signature du Processus de Bologne. Puis il convient aussi dâĂ©voquer lâautonomie des universitĂ©s loi LRU et le dĂ©veloppement des politiques de site PRES puis COMUE[2]. La dĂ©mocratisation de lâinformatique personnelle et des outils nomades dâaccĂšs Ă internet est un autre changement majeur intervenu dans cette pĂ©riode. Si avec Lahire 1997, lâĂ©tudiant moyen peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une figure fantasmĂ©e, quâen est-il aujourdâhui de lâexistence des nouveaux Ă©tudiants » dĂ©crits par Erlich ? Qui sont les Ă©tudiants aujourdâhui, comment leurs conditions dâĂ©tudes et leurs pratiques dâĂ©tudes ont-elles Ă©voluĂ© ? Sont-ils plus en difficultĂ©, voire moins motivĂ©s que dans les annĂ©es 1990 ? Ont-ils un rapport au savoir plus utilitariste ? RĂ©ussissent-ils moins bien que leurs aĂźnĂ©s ? Faire des Ă©tudes supĂ©rieures les aide-t-il Ă entrer dans lâĂąge adulte et Ă sâinsĂ©rer professionnellement ? Pour tenter dâapprĂ©hender cette population Ă©tudiante dâaujourdâhui dans ce qui la caractĂ©rise voire la distingue, il sâagira en premier lieu de sâaffranchir de la rhĂ©torique de lâĂ©chec en premier cycle. Le fait quâenviron un Ă©tudiant sur deux passe en 2e annĂ©e de licence ne peut juste ĂȘtre assimilĂ© Ă une dĂ©faillance individuelle, ni ĂȘtre imputable Ă une institution elle-mĂȘme dĂ©faillante, et il y a comme une certaine indĂ©cence Ă toujours considĂ©rer la non-rĂ©inscription comme un Ă©chec. Ne serait-ce que parce que les chiffres Ă©voluent peu, indĂ©pendamment des dispositifs dâaide mis en place depuis prĂšs de 30 ans, qui soit ne touchent pas les Ă©tudiants qui en auraient le plus besoin, soit promeuvent des changements trop superficiels Annoot, 2012 ; Endrizzi, 2010 ; Perret, 2015. Faire le portrait des Ă©tudiants dâaujourdâhui est en tout Ă©tat de cause un exercice pĂ©rilleux qui excĂšde trĂšs largement le cadre de ce Dossier de veille[3]. Le terme Ă©tudiant » rĂ©fĂšre Ă des profils hĂ©tĂ©rogĂšnes dans des contextes extrĂȘmement diffĂ©renciĂ©s, en particulier en France, avec la survivance de cette distinction entre universitĂ©s et grandes Ă©coles qui nâexiste nulle part ailleurs, et la coexistence de formations en libre accĂšs et de filiĂšres sĂ©lectives, qui joue en France au dĂ©triment de lâuniversitĂ©. Les origines sociales des Ă©tudiants se sont diversifiĂ©es, les Ă©tudes et les carriĂšres aussi. Dix ans dâenquĂȘtes de lâObservatoire de la vie Ă©tudiante en attestent, la figure de lâhĂ©ritier est dĂ©finitivement dĂ©passĂ©e et la rĂ©ussite sâenvisage dĂ©sormais comme une combinaison de variables associant conditions de vie, conditions dâĂ©tudes, capacitĂ©s Ă faire face aux changements et Ă se projeter dans un avenir professionnel Gruel et al., 2009 ; MENESR, 2015b. Nous ne parviendrons sans doute pas Ă savoir si les Ă©tudiants peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un groupe social distinct, rassemblĂ©s par une gestion du temps et un rapport Ă lâespace spĂ©cifiques, qui les diffĂ©rencieraient des autres groupes sociaux. Nous tenterons dâidentifier quelques caractĂ©ristiques de ces populations Ă©tudiantes, Ă partir des apports rĂ©cents de la recherche, essentiellement française, en nous focalisant plutĂŽt sur les premiers cycles. La premiĂšre partie examine les Ă©volutions sociodĂ©mographiques, la deuxiĂšme apprĂ©hende la complexification des parcours dâĂ©tudes, la troisiĂšme sâintĂ©resse aux environnements dâĂ©tudes et la quatriĂšme interroge les dĂ©calages entre Ă©tudiants et enseignants. Une population plus hĂ©tĂ©rogĂšne [revenir au sommaire] Les effectifs dans lâenseignement supĂ©rieur français ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par 8 en 50 ans, en raison Ă la fois de la forte croissance dĂ©mographique de lâaprĂšs-guerre et de lâĂ©largissement de lâaccĂšs au baccalaurĂ©at 77 % dâune gĂ©nĂ©ration sont bacheliers en 2013, contre 10 % au dĂ©but des annĂ©es 1960, et les trois quarts dâentre eux sâinscrivent dans lâenseignement supĂ©rieur Ă lâissue de leurs Ă©tudes secondaires hors alternance. Le statut Ă©tudiant est ainsi devenu une condition commune de la jeunesse. La continuitĂ© entre secondaire et supĂ©rieur, dont les termes du dĂ©bat en France, centrĂ©s sur le -3+3 », nâen sont quâĂ leurs balbutiements AFAE, 2012 ; BrĂ©hier, 2015 ; Chevaillier et al., 2009 ; Pietryk & Allal, 2013, est dĂ©sormais considĂ©rĂ©e comme une question vive par de nombreux Ătats Endrizzi, 2013b. Le bac +5 sâancre peu Ă peu comme un horizon de rĂ©fĂ©rence dans les perspectives dâĂ©tudes. La derniĂšre enquĂȘte de lâOVE Observatoire de la vie Ă©tudiante, donnĂ©es 2013 signale une Ă©lĂ©vation du niveau dâĂ©tudes envisagĂ©, avec dĂ©sormais 86 % des Ă©tudiants du supĂ©rieur souhaitant aller jusquâau master et plus dâun tiers, essentiellement parmi les enfants de cadres, envisageant une poursuite dâĂ©tudes, soit par un doctorat, soit par un cumul de masters OVE, 2014. Si les ambitions progressent, les carriĂšres scolaires sâallongent Ă©galement. De fait, en 30 ans, le nombre dâĂ©tudiants inscrits en master +70 % et en doctorat +90 % a davantage augmentĂ© quâen cycle licence +40 % MENESR, 2015a. Cette massification sâaccompagne dâune forte progression des effectifs dans lâenseignement supĂ©rieur privĂ© et dâune diversification Ă lâĆuvre, Ă la fois en termes de publics accueillis et de parcours dâĂ©tudes. Des sous-populations encore mal connues AprĂšs deux grandes vagues de dĂ©mocratisation dans les annĂ©es 1960, puis dans les annĂ©es 1990 et avec plus rĂ©cemment lâouverture Ă de nouveaux publics, la population Ă©tudiante nâa jamais Ă©tĂ© aussi hĂ©tĂ©rogĂšne, tant en termes de capitaux social, culturel Ă©conomique que dâĂąge et de nationalitĂ© Gruel et al., 2009. Des publics nouveaux, jeunes et moins captifs Cette diversification se traduit en France par plus de bacheliers professionnels, plus dâĂ©tudiants Ă©trangers, plus de publics adultes ou en formation continue. Certains Ă©tudient Ă temps partiel, dâautres travaillent, dâautres encore sont en alternance ou suivent des enseignements Ă distance. Le fait quâon ne puisse pas statutairement ĂȘtre Ă©tudiant Ă temps partiel ni Ă©tudiant Ă distance, le fait que la comptabilisation des Ă©tudiants en mobilitĂ© courte ou hors programme dâĂ©changes pose problĂšme fragilisent la connaissance de ces sous-populations. Quand les catĂ©gories statistiques existent, peu de travaux traitent de la prise en charge pĂ©dagogique de ces Ă©tudiants, tout se passe comme si cela allait de soi. Câest par exemple le cas des apprentis, dont le nombre a progressĂ© de 92 % depuis 2005 MENESR, 2015a. Lâallongement des parcours dâĂ©tudes touche toutes les catĂ©gories de bacheliers, mais plus particuliĂšrement les bacheliers professionnels qui, bien que plus enclins Ă rejoindre le marchĂ© du travail, accĂšdent de plus en plus Ă lâenseignement supĂ©rieur, notamment par le biais de lâalternance en 2013, presquâun bachelier professionnel sur deux est concernĂ©. ParallĂšlement, la quasi-totalitĂ© des bacheliers gĂ©nĂ©raux et les trois quarts des laurĂ©ats dâun baccalaurĂ©at technologique poursuivent des Ă©tudes supĂ©rieures Ă lâissue de leurs Ă©tudes secondaires. La population Ă©tudiante en France, avec un Ăąge moyen de 22 ans, est la plus jeune dâEurope OVE, 2014. Cette tendance sâexplique Ă la fois par un accĂšs Ă lâenseignement supĂ©rieur dans lâimmĂ©diate continuitĂ© de lâenseignement secondaire et par un moindre investissement des universitĂ©s dans la formation continue[4]. Si cette sous-population est appelĂ©e Ă Ă©voluer, notamment dans le cadre de la loi formation professionnelle, emploi et dĂ©mocratie sociale du 5 mars 2014, on observe dĂ©jĂ une progression des effectifs dans les IUT institut universitaire de technologie qui comptabilisent approximativement un tiers des inscriptions. Cette sous-population inscrite en formation continue nâest pas homogĂšne les plus nombreux sont salariĂ©s stagiaires bĂ©nĂ©ficiant dâun dispositif de soutien, un tiers sont des stagiaires payants inscrits de leur propre initiative, les autres sont demandeurs dâemploi MENESR, 2015a. Ă la rentrĂ©e 2013, 12 % des inscrits dans lâenseignement supĂ©rieur français sont Ă©trangers. Ils Ă©tudient en premier lieu dans les Ă©coles de commerce et les Ă©coles dâingĂ©nieurs ; Ă lâuniversitĂ©, elle touche 11 % des Ă©tudiants en licence, 18 % en master et 41 % en doctorat MENESR, 2015a[5]. Si prĂšs de la moitiĂ© de ces Ă©tudiants viennent dâAfrique et un quart dâun pays signataire de Bologne, les Asiatiques sont de plus en plus nombreux les Chinois, comptables de 10 % des effectifs, sont la deuxiĂšme nationalitĂ© la plus reprĂ©sentĂ©e en France. Certaines filiĂšres accueillent plus dâĂ©tudiants Ă©trangers que dâautres ils sont par exemple 20 % dâĂ©trangers dans la filiĂšre AES administration Ă©conomique et sociale ; les Ă©tudiants en provenance du Maghreb sâorientent plutĂŽt vers les filiĂšres de santĂ© et les sciences alors que les Ă©tudiants amĂ©ricains prĂ©fĂšrent les filiĂšres lettres, sciences humaines et sociales. Des conditions de vie jugĂ©es difficiles DâaprĂšs lâenquĂȘte 2013 de lâOVE, la moitiĂ© des Ă©tudiants perçoivent leur situation Ă©conomique et financiĂšre comme problĂ©matique et jugent les difficultĂ©s rencontrĂ©es importantes ou trĂšs importantes. Ce sentiment de difficultĂ©, comparable Ă celui mis en Ă©vidence dans lâenquĂȘte 2010, domine donc et tend Ă sâaccroĂźtre au fur et Ă mesure que les Ă©tudiants sâĂ©mancipent. La famille nâest plus la seule source dâappui financier les revenus de lâemploi et les aides de la famille constituent leurs principales sources de revenus, suivis par les aides publiques. Les prĂȘts, avec 1 % des Ă©tudiants concernĂ©s, restent une modalitĂ© ultra-minoritaire en France, contrairement Ă dâautres pays OVE, 2014. Sur lâensemble de la population Ă©tudiante, plus de 40 % possĂšdent leur propre logement mais sont Ă©conomiquement dĂ©pendants et rattachĂ©s fiscalement Ă leurs parents, tandis que 25 % environ exercent une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e concurrente aux Ă©tudes et/ou effectuent leur propre dĂ©claration de revenus[6]. Lâaide apportĂ©e par la famille prend de multiples formes un tiers de ceux qui ont quittĂ© le domicile familial y reviennent plusieurs fois par mois, plus des deux tiers reçoivent rĂ©guliĂšrement des provisions alimentaires de la part de leur famille. Plus dâun tiers des Ă©tudiants inscrits dans une formation ouvrant droit Ă une bourse ou une aide dâurgence, sont aidĂ©s. Cette proportion a progressĂ© depuis 2008, date Ă laquelle les plafonds de revenus pour lâattribution dâune bourse sur critĂšres sociaux ont Ă©tĂ© abaissĂ©s, pour quâun plus grand nombre dâĂ©tudiants en bĂ©nĂ©ficie. Ces aides, indĂ©pendamment des allocations de logement et des aides fiscales, touchent environ 35 % des Ă©tudiants inscrits Ă lâuniversitĂ©, 28 % des Ă©lĂšves de CPGE classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles et 45 % des STS section de technicien supĂ©rieur MENESR, 2015a. Les modes de rĂ©sidence ont peu Ă©voluĂ© entre 2010 et 2013 un tiers des Ă©tudiants vit chez ses parents, un autre tiers est en location, seule ou en couple. Les colocations et les rĂ©sidences universitaires accueillent dans une proportion Ă©quivalente le troisiĂšme tiers. Cette rĂ©partition est Ă moduler en fonction de la taille de la ville et de lâĂąge des Ă©tudiants. En rĂ©gion parisienne et dans les villes de moins de 100 000 habitants, environ un Ă©tudiant de licence sur deux vit chez ses parents, alors que cette proportion est nettement plus faible dans les moyennes et grandes villes de province, tendance qui souligne les logiques de proximitĂ© gĂ©ographique dans le choix dâĂ©tudes OVE, 2014. Plus de six Ă©tudiants sur dix sâestiment globalement en bonne santĂ©, mais cette proportion est en nette diminution depuis 2010, comme le montre le diffĂ©rentiel entre les enquĂȘtes 2010 et 2013 de lâOVE, les fragilitĂ©s psychologiques en particulier semblant plus prononcĂ©es. Ce sentiment dâĂȘtre en bonne santĂ© est plus faible chez les femmes et tend Ă diminuer Ă©galement chez les Ă©tudiants plus ĂągĂ©s qui ne sont plus protĂ©gĂ©s par la sĂ©curitĂ© sociale de leurs parents. Ces perceptions, diffĂ©renciĂ©es selon le sexe, lâĂąge et lâindĂ©pendance rĂ©sidentielle sont une constante dans le domaine de la santĂ© estudiantine. Ăpuisement, stress et problĂšmes de sommeil varient Ă©galement selon les emplois du temps des Ă©tudiants ils sont frĂ©quents chez les Ă©tudiants de CPGE et chez ceux qui exercent une activitĂ© salariĂ©e au moins Ă mi-temps et au moins 6 mois dans lâannĂ©e ; les Ă©tudiants Ă©trangers tendent aussi Ă se dĂ©clarer moins souvent en bonne santĂ© MENESR, 2015a ; OVE, 2014[7]. Des Ă©tudiants travailleurs aux profils composites Dans les annĂ©es 1990, lâexpĂ©rience du travail salariĂ© Ă©tait dĂ©jĂ inscrite dans la condition Ă©tudiante Erlich, 1998. Mais le phĂ©nomĂšne Ă©tait sans commune mesure avec ce que lâon observe aujourdâhui la nature et le volume de ce travail salariĂ© a en effet considĂ©rablement changĂ©. Le travail salariĂ© pendant les Ă©tudes stages inclus, emplois dâĂ©tĂ© exclus concerne presquâun Ă©tudiant sur deux, une proportion qui connaĂźt un lĂ©ger recul depuis 2010, sans doute en raison de la conjoncture Ă©conomique. La nĂ©cessitĂ© financiĂšre reste bien Ă©videmment la premiĂšre motivation de cette activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e, suivie par le souhait dâacquĂ©rir une expĂ©rience professionnelle, trĂšs largement citĂ© par les Ă©tudiants. Cette activitĂ© recouvre cependant des rĂ©alitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes et en France les emplois occasionnels peu ou pas liĂ©s aux Ă©tudes sont nombreux, comparativement aux autres pays europĂ©ens un tiers des Ă©tudiants travailleurs exercent en effet un job ». Ils sont 17 % Ă dĂ©clarer une activitĂ© directement liĂ©e aux Ă©tudes autre que les stages et lâalternance, estimĂ©s Ă 29 % alors quâun Ă©tudiant sur cinq dĂ©clare une activitĂ© Ă©quivalente Ă au moins un mi-temps et plus ou moins concurrente des Ă©tudes. Cette proportion de 20 % dâĂ©tudiants occupant un emploi salariĂ© rĂ©gulier a fortement augmentĂ© entre 1990 et 2002 mais reste relativement stable depuis. La moitiĂ© des Ă©tudiants travailleurs estime que lâactivitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e quâils exercent leur est indispensable et ils sont 20 % Ă dĂ©clarer quâelle a un impact nĂ©gatif sur leurs Ă©tudes. Les Ă©tudiants de droit-Ă©conomie lâassocient plus frĂ©quemment Ă une amĂ©lioration de leur niveau de vie alors quâelle est plutĂŽt liĂ©e Ă lâacquisition dâune expĂ©rience professionnelle dans les filiĂšres universitaires de santĂ© notamment. Câest en lettres et sciences humaines que les situations de concurrence avec les Ă©tudes sont les plus frĂ©quentes, alors que les stages et formations en alternance 29 % au total sont la modalitĂ© dominante en Ă©coles dâingĂ©nieurs OVE, 2014. En premiĂšre annĂ©e de licence universitaire, les profils des Ă©tudiants travailleurs semblent plus homogĂšnes Body, dans sa thĂšse, montre que ce sont les jeunes de milieux favorisĂ©s qui ont plus frĂ©quemment accĂšs Ă un emploi ; sont concernĂ©s Ă la fois les Ă©tudiants vivant seuls en appartement pour financer leur indĂ©pendance et ceux qui vivent encore chez leurs parents pour financer leurs loisirs. Les Ă©tudiants dont le premier choix portait sur une STS ou un IUT, peut-ĂȘtre moins motivĂ©s pour les Ă©tudes Ă lâuniversitĂ©, ont Ă©galement une probabilitĂ© plus forte de travailler en L1 Body et al., 2015. La thĂšse de Pinto soutenue en 2009 cf. Pinto, 2014 offre une vision plus contrastĂ©e et incarnĂ©e du travail Ă©tudiant, qui invite Ă relativiser Ă la fois la reprĂ©sentation du travail Ă©tudiant comme handicap aux Ă©tudes et comme expĂ©rience professionnelle bĂ©nĂ©fique, soulignant sa contribution Ă un devenir adulte » socialement diffĂ©renciĂ©. Ces emplois dĂ©pourvus de liens avec les Ă©tudes et souvent peu qualifiĂ©s sâorganisent autour de deux pĂŽles un pĂŽle culturel » animation notamment et un pĂŽle commercial restauration rapide et centres dâappels par ex.. Ces pĂŽles nâimpliquent pas la mobilisation des mĂȘmes dispositions sociales esprit de compĂ©tition, capacitĂ©s relationnellesâŠ, les Ă©tudiants sâajustent Ă ce marchĂ© en fonction de leurs propres dispositions. La place de ces expĂ©riences dans les trajectoires varie, un mĂȘme emploi pouvant ĂȘtre vĂ©cu trĂšs diffĂ©remment selon les personnes logique du provisoire » un prĂ©sent qui nâengage Ă rien activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e dĂ©tachĂ©e des Ă©tudes et occasionnelle dans le temps ; logique de lâanticipation » un avenir inscrit dans le prĂ©sent activitĂ© considĂ©rĂ©e en lien avec les Ă©tudes, pour prĂ©parer au mĂ©tier ; logique de lâĂ©ternisation » un prĂ©sent sans avenir avec un emploi provisoire qui dure et devient un vecteur dâintĂ©gration, au risque de prendre le pas sur les Ă©tudes. Ces expĂ©riences, au final, loin de simplement faciliter lâinsertion professionnelle ou de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques, participent Ă renforcer les inĂ©galitĂ©s de parcours dans lâenseignement supĂ©rieur en les inscrivant dans des trajectoires socialement diffĂ©renciĂ©es Pinto, 2014. Les travaux analysant lâimpact du travail salariĂ© sur les Ă©tudes montrent que les boursiers et ceux qui sont aidĂ©s par leur famille ont un risque de dĂ©crochage plus faible que ceux qui cumulent emploi et Ă©tudes. Deux facteurs clĂ©s sont identifiĂ©s un effet de seuil liĂ© au nombre dâheures hebdomadaires et dans une moindre mesure le type dâemploi MENESR, 2015a. Beffy et al. 2009 montrent ainsi que lâoccupation dâun emploi rĂ©gulier, au-delĂ dâun certain volume horaire hebdomadaire ici 16h rĂ©duit significativement les chances de rĂ©ussite Ă lâexamen de fin dâannĂ©es, mais nâa pas dâincidence sur sa rĂ©inscription autrement dit la probabilitĂ© pour quâun Ă©tudiant qui cumule emploi et Ă©tudes se rĂ©inscrive lâannĂ©e suivante nâest pas plus faible ni plus forte quâun Ă©tudiant non salariĂ©, quels que soient la filiĂšre et le niveau dâĂ©tudes Beffy et al., 2009. De mĂȘme, pour Body et al. 2015, plus le temps consacrĂ© Ă lâactivitĂ© salariĂ©e est important, plus les chances dâĂ©chouer ou dâabandonner sont fortes. Le lien avec lâacquisition dâune expĂ©rience professionnelle sâopĂšre plutĂŽt avec les emplois rĂ©guliers en lien avec la formation suivie. Dans le cas dâactivitĂ©s rĂ©munĂ©rĂ©es concurrentielles, celles basĂ©es sur le campus ou dans la fonction publique ne semblent pas impacter nĂ©gativement la rĂ©ussite. Lâanalyse des effets sur les parcours des Ă©tudiants de L1 met en Ă©vidence une plus forte probabilitĂ© dâabandonner les Ă©tudes en cours dâannĂ©e et une plus faible probabilitĂ© de valider lâannĂ©e, et confirme le caractĂšre endogĂšne de lâemploi salariĂ© si les Ă©tudiants concernĂ©s dĂ©cidaient de ne pas travailler, leurs chances de valider leur annĂ©e serait supĂ©rieure Ă celles des Ă©tudiants qui ne travaillent pas. Un rĂ©sultat qui laisse supposer que ceux qui travaillent auraient des aptitudes et/ou une motivation plus forte que les autres Body et al., 2015. LâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© dĂ©pend de la filiĂšre LâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des populations Ă©tudiantes est plus ou moins prononcĂ©e selon les secteurs dâĂ©tudes sĂ©lectif, professionnalisant ou universitaire et Ă lâintĂ©rieur du secteur dâĂ©tudes selon les disciplines. Autrement dit, ce sont Ă la fois les modes de recrutement et les caractĂ©ristiques propres des cursus qui influent sur la composition sociale des groupes et consĂ©cutivement sur les parcours de rĂ©ussite ou dâĂ©chec Verley & Zilloniz, 2010. HomogĂ©nĂ©itĂ© et rĂ©ussite ? La massification des effectifs sâest appuyĂ©e sur une diffĂ©renciation progressive et une hiĂ©rarchisation forte des filiĂšres dâĂ©tudes, Ă la fois au lycĂ©e et dans le supĂ©rieur, double mouvement contribuant largement au creusement des inĂ©galitĂ©s Bodin & Millet, 2011. Elle sâopĂšre au dĂ©triment des universitĂ©s publiques, dont lâattractivitĂ© a diminuĂ© au cours des dix derniĂšres annĂ©es. MĂȘme si une lĂ©gĂšre hausse est observĂ©e rĂ©cemment, la proportion dâĂ©tudiants accueillis reprĂ©sente aujourdâhui Ă peine un Ă©tudiant sur deux si lâon exclut les disciplines de santĂ© 9 % et les IUT 5 %[8]. Cette baisse dâattractivitĂ© ne touche pas les formations de santĂ© et de droit, de loin les plus demandĂ©es, oĂč le nombre dâinscrits a considĂ©rablement augmentĂ© depuis 10 ans. Elle sâaccompagne en revanche dâun essor spectaculaire des inscriptions dans les Ă©tablissements privĂ©s en 2013, un Ă©tudiant sur six soit 18 % est inscrit dans une formation privĂ©e. Ces formations accueillent tous les Ă©tudiants des Ă©coles de commerce et de management, environ un tiers des effectifs des Ă©coles dâingĂ©nieurs et de STS et un sixiĂšme des Ă©tudiants en CPGE MENESR, 2015a. ParallĂšlement, les politiques en faveur de la professionnalisation de lâenseignement supĂ©rieur ont conduit Ă une multiplication des cursus professionnalisants Reverdy, 2014 et permis en particulier lâessor de la formation en alternance. Le nombre dâapprentis a considĂ©rablement augmentĂ© depuis 2005 en 2013, ils reprĂ©sentent 5,5 % des effectifs de lâenseignement supĂ©rieur ; prĂšs dâun apprenti sur deux prĂ©pare un BTS, et un sur dix un diplĂŽme dâingĂ©nieur ou une licence MENESR, 2015a. Les disparitĂ©s dâaccĂšs aux filiĂšres sont liĂ©es Ă la fois aux pratiques de recrutement et Ă la discipline mĂȘme. Ă lâuniversitĂ©, la PACES premiĂšre annĂ©e commune aux Ă©tudes de santĂ© est la filiĂšre qui recrute le plus et qui a la population la plus homogĂšne, composĂ©e quasi exclusivement de bacheliers S â scientifiques â qui a contrario sont relativement peu reprĂ©sentĂ©s dans les autres formations scientifiques. LâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© est Ă©galement plus forte en STS quâen IUT, mais plus faible dans les CPGE quâen IUT. Certaines filiĂšres dĂ©ficitaires sont moins regardantes que dâautres sur lâorigine des bacheliers, parce que leur existence est en quelque sorte conditionnĂ©e par le nombre dâĂ©tudiants inscrits⊠La population dans ces filiĂšres est plus hĂ©tĂ©rogĂšne et moins captive, les motivations des Ă©tudiants inscrits sont Ă©galement plus fragiles Sarfati, 2013. La population Ă©tudiante en histoire est plus homogĂšne que celle de sociologie, tant en termes de capitaux hĂ©ritĂ©s que de parcours antĂ©rieur, parce que les projets de carriĂšre convergent vers lâenseignement. En sociologie, sont rassemblĂ©s Ă la fois les bacheliers gĂ©nĂ©raux qui visent une promotion sociale, les bacheliers technologiques pour qui les perspectives professionnelles restent floues, les Ă©tudiants qui veulent passer le concours de professeur des Ă©coles et ceux qui envisagent une carriĂšre dans la recherche Jobard, 2014. Dans les filiĂšres caractĂ©risĂ©es par un recrutement hĂ©tĂ©rogĂšne peu ou pas sĂ©lectives socialement, le passĂ© scolaire dĂ©termine fortement la rĂ©ussite. Ainsi dans les formations universitaires gĂ©nĂ©rales, en STS et en IUT, les bacheliers gĂ©nĂ©raux, en particulier ceux qui nâont aucun retard scolaire et surtout ceux qui sont titulaires dâune mention, rĂ©ussissent mieux que les autres. Le taux dâobtention dâune licence gĂ©nĂ©rale reste particuliĂšrement bas moins dâun Ă©tudiant sur deux obtient sa licence en trois, quatre ou cinq ans, alors que les taux dâobtention dâun DUT ou dâun BTS en deux ans sont de lâordre de 70 % et 60 % respectivement MENESR, 2015a. Par contre le bac obtenu a peu dâinfluence sur la rĂ©ussite en licence professionnelle, prĂšs de 90 % des inscrits recrutĂ©s en 3e annĂ©e obtiennent leur licence, ni sur celle en classes prĂ©paratoires, les recrutements y Ă©tant Ă©galement mieux contrĂŽlĂ©s. Les meilleurs parcours de rĂ©ussite concernent les Ă©lĂšves des classes prĂ©paratoires scientifiques et commerciales qui rejoignent Ă plus de 80 % une Ă©cole menant Ă un diplĂŽme de bac +5 aprĂšs deux ou trois ans dâĂ©tudes, contre un tiers pour les classes prĂ©paratoires littĂ©raires, les autres se dirigeant vers lâuniversitĂ©, en raison du nombre limitĂ© de places offertes au concours MENESR, 2015a. Des orientations subies Ă lâuniversitĂ© et en STS Les orientations subies signalĂ©es par les donnĂ©es 2013 de lâOVE sont inĂ©galement rĂ©parties entre les filiĂšres dâĂ©tudes. Plus de trois Ă©tudiants sur quatre 78 % dĂ©clarent ĂȘtre entrĂ©s dans la filiĂšre de leur premier choix lors de leur premiĂšre inscription dans lâenseignement supĂ©rieur. Câest dans la filiĂšre santĂ© que lâon recense la plus faible proportion dâĂ©tudiants par dĂ©faut et en STS quâelle est la plus forte un Ă©tudiant sur trois de STS est concernĂ© OVE, 2014. Lâexamen croisĂ© des vĆux et des rĂ©sultats dâadmission sur APB admission post-bac en 2012 permet dâaffiner le diagnostic dâinĂ©galitĂ© des chances, laissant apparaĂźtre certains dĂ©calages Henriet & Pietryk, 2012 30% des demandes des bacheliers gĂ©nĂ©raux surtout S et ES portent sur une filiĂšre courte IUT ou STS, 21 % lâobtiennent ; les bacheliers technologiques optent massivement pour une poursuite dâĂ©tudes en STS 60%, seuls 51 % sont admis ; 15% des bacheliers technologiques demandent une filiĂšre universitaire, au final ils sont 28 % Ă lâobtenir ; 87% des demandes Ă©mises par les bacheliers professionnels portent sur les STS, 67 % sont admis ; 7% ont demandĂ© une filiĂšre universitaire, ils sont 29 % Ă ĂȘtre admis en L1. La procĂ©dure APB reste complexe et la maniĂšre dont les diffĂ©rents protagonistes sâen emparent ou non fragilise nettement la visĂ©e dâĂ©quitĂ© que ce dispositif cherche Ă promouvoir[9], en particulier pour les populations les plus vulnĂ©rables. Un Ă©lĂšve de terminale professionnelle sur deux valide au moins un vĆu sur APB, la moitiĂ© dâentre eux est admis dans le supĂ©rieur via la plateforme ; dâautres inscrits dans une formation en alternance accĂšdent Ă lâenseignement supĂ©rieur hors APB. De façon gĂ©nĂ©rale, on observe une trĂšs forte augmentation de la demande de la part des bacheliers professionnels en trois ans, qui va de pair avec une augmentation des effectifs. Plusieurs raisons peuvent ĂȘtre avancĂ©es un discours ambiant sur lâĂ©gale dignitĂ© des baccalaurĂ©ats, soutenu par la rĂ©forme du bac professionnel en 2008, un environnement Ă©conomique peu favorable Ă lâemploi des jeunes, un intĂ©rĂȘt croissant pour les formations en alternance qui se dĂ©veloppent en STS, un effet dâentraĂźnement liĂ© Ă la diffusion dâAPB dans les lycĂ©es professionnels doublĂ©e dâune saisie encadrĂ©e des vĆux et des raisons endogĂšnes Ă certaines filiĂšres en difficultĂ© de recrutement qui complĂštent ainsi leurs effectifs. La prĂ©sence de ces bacheliers professionnels dans lâenseignement supĂ©rieur rĂ©vĂšle cependant un dĂ©calage important entre les demandes pour des formations sĂ©lectives et le nombre de places qui au final leur sont offertes, les conduisant Ă se replier massivement sur une filiĂšre universitaire Thibert, 2015. Leur montĂ©e en puissance en STS oĂč ils reprĂ©sentent en 2012 un Ă©tudiant sur trois sâaccompagne dâun recul net des bacheliers technologiques qui comptent dĂ©sormais pour moins de 50 % des effectifs de STS, mais qui ne se reportent pas sur les IUT. Globalement, la part des bacheliers technologiques et professionnels en IUT est plutĂŽt faible ; en valeur absolue, ils sont beaucoup plus nombreux Ă sâinscrire Ă lâuniversitĂ©. Mais le diffĂ©rentiel entre les vĆux et les admissions est Ă©galement faible, autrement dit, bacheliers technologiques et professionnels envisagent en prioritĂ© de poursuivre leurs Ă©tudes en STS, pas en IUT. Les bacheliers S se distinguent pour leur part des autres bacheliers par lâamplitude de leurs orientations. Ils se rĂ©partissent en effet de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e entre filiĂšres sĂ©lectives et non sĂ©lectives et leur prĂ©sence est forte dans les CPGE et dans les IUT environ 15 %. Les bacheliers L â littĂ©raires â rejoignent eux majoritairement lâuniversitĂ© environ 80 %, alors que prĂšs de 30 % des bacheliers ES â Ă©conomiques et sociaux â sâinscrivent dans une filiĂšre sĂ©lective courte 15 % en IUT Henriet & Pietryk, 2012. Des entrĂ©es rĂ©gulĂ©es par lâautosĂ©lection Lâanalyse des vĆux dâorientation montre que les bacheliers sâadaptent Ă la structure hiĂ©rarchisĂ©e de lâenseignement supĂ©rieur ceux dont les capitaux sociaux et scolaires sont les plus faibles se dirigent vers les filiĂšres moins prestigieuses alors que les lycĂ©ens les plus privilĂ©giĂ©s expriment des ambitions plus Ă©levĂ©es. Les filles largement majoritaires dans les filiĂšres universitaires de lettres et de sciences humaines et dans les formations sociales et paramĂ©dicales, sont en revanche minoritaires dans les filiĂšres sĂ©lectives IUT, CPGE et en particulier dans les disciplines scientifiques MENESR, 2015a. Autrement dit, les choix ne rĂ©sultent pas dâune dĂ©marche rationnelle, combinant Ă des degrĂ©s divers appĂ©tences disciplinaires et/ou projets professionnels, mais opĂšrent dans les limites dâespaces de projections possibles » variables selon les lycĂ©ens Bodin & Millet, 2011. Le travail dâOrange sur les STS 2013 ne dit pas autre chose les bacheliers dâorigine populaire se projettent essentiellement voire exclusivement en STS ; lâautocensure intervient donc ici bien en amont du recrutement dans lesdites filiĂšres sĂ©lectives. Mais lâautosĂ©lection intervient dans les deux sens ceux qui sont issus de milieux favorisĂ©s sâinterdisent aussi dâaller vers des filiĂšres non prestigieuses. Dans un ouvrage adaptĂ© de sa thĂšse, Pasquali 2014 montre que ce phĂ©nomĂšne est bien plus quâune ambition rĂ©primĂ©e Ă un niveau individuel elle est clairement le produit des inĂ©galitĂ©s de classe et dâun systĂšme qui contribue Ă leur maintien. Il ne suffit pas en effet de placer les bacheliers de ZEP zones dâĂ©ducation prioritaire dans une classe prĂ©paratoire rĂ©servĂ©e pour quâils passent les frontiĂšres sociales. Les trajectoires de ces jeunes migrants de classe » sont marquĂ©es par des tensions fortes entre les diffĂ©rents espaces, et une relation le plus souvent ambiguĂ« Ă la ZEP, entre volontĂ© de se distinguer et loyautĂ© aux origines. Au delĂ du cocon de la classe prĂ©paratoire, les portes des filiĂšres dâĂ©lite sâouvrent Ă peine et le capital Ă©conomique pĂšse Ă©galement, certains Ă©tudiants Ă©tant rapidement confrontĂ©s Ă la nĂ©cessitĂ© de travailler pour assurer leur poursuite dâĂ©tudes, malgrĂ© les bourses. Le fait dâachever leurs Ă©tudes dans lâune de ces filiĂšres dâĂ©lite ne leur assure pas non plus une rĂ©ussite professionnelle Ă la hauteur de leurs ambitions le dĂ©calage entre rĂ©ussite scolaire et rĂ©ussite professionnelle reste ainsi frĂ©quent Pasquali, 2014. Les politiques dâouverture sociale institutionnalisĂ©es au milieu des annĂ©es 2000, visant Ă soutenir lâaccĂšs de bacheliers issus de milieux dĂ©favorisĂ©s aux filiĂšres dâexcellence de lâenseignement supĂ©rieur, offrent ainsi des rĂ©sultats contrastĂ©s, comme lâont bien mis en Ă©vidence les travaux de van Zanten 2010. Elles peuvent effectivement permettre dâĂ©lever les aspirations de quelques bons Ă©lĂšves qui ont survĂ©cu aux diffĂ©rentes Ă©tapes de sĂ©lection dans le systĂšme scolaire, sans toujours bĂ©nĂ©ficier de lâaide de leurs parents ou de bonnes conditions de travail dans leurs Ă©tablissements. Mais en lâabsence dâune redĂ©finition de la formation mĂȘme des Ă©lites, la diversification est peu opĂ©rante et les Ă©lĂšves bĂ©nĂ©ficiaires de ces dispositifs, dotĂ©s dâun faible capital social, sont trĂšs vite en difficultĂ© au vu des exigences des filiĂšres sĂ©lectives. Des parcours plus complexes [revenir au sommaire] Les parcours de ces populations Ă©tudiantes, peu linĂ©aires au final, mĂȘme si câest cette linĂ©aritĂ© qui imprĂšgne les reprĂ©sentations liĂ©es Ă la rĂ©ussite, ne devraient-ils pas sâapprĂ©cier sur le temps long ? MarquĂ©s par des rĂ©orientations et de plus en plus souvent aussi par des reprises dâĂ©tudes, ces parcours qualifiĂ©s dâ itinĂ©raires Ă choix multiples » Annoot, 2012 ne plaident-ils pas en faveur dâune maturation progressive du projet professionnel ? IntĂ©rĂȘt pour les Ă©tudes ou projet professionnel ? Le diplĂŽme nâest pas toujours lâenjeu On ne choisit pas nĂ©cessairement lâuniversitĂ© pour y obtenir un diplĂŽme. Au delĂ de lâorientation par dĂ©faut, la filiĂšre universitaire peut constituer une Ă©tape intermĂ©diaire avant la rĂ©alisation dâun autre projet, ou mĂȘme un moratoire pour rĂ©flĂ©chir Ă son avenir David & Melnik-Olive, 2014. Paivandi 2015, pour sa part, distingue cinq types de projets projet professionnel les Ă©tudiants souhaitent trouver un mĂ©tier Ă lâissue de leur formation, visent un savoir utile pour leur emploi, sâintĂ©ressent Ă ce en quoi la formation sera bĂ©nĂ©fique, capitalisable pour leur avenir professionnel ; projet intellectuel les Ă©tudiants ont un rapport aux Ă©tudes plus savant, intellectuel, ils ont le souci dâapprofondir leurs connaissances, ils apprĂ©cient donc les Ă©tudes quâils ont choisies pour leur intĂ©rĂȘt propre ; projet en construction les Ă©tudiants ont choisi lâuniversitĂ© pour lâespace dâessais-erreurs quâelle permet dans lâorientation, ils ont souvent Ă©tĂ© refusĂ©s dans des filiĂšres sĂ©lectives, ils cherchent leur voie tout en jouissant du statut dâĂ©tudiant ; projet pragmatique les Ă©tudiants visent avant tout un diplĂŽme ou un concours, ils ne sont pas concernĂ©s rĂ©ellement par le contenu des cours ; projet personnel et social les Ă©tudiants sâintĂ©ressent au fait dâĂȘtre Ă©tudiant, dâĂȘtre Ă lâuniversitĂ©, hors contexte professionnel. Ces catĂ©gorisations invitent Ă penser le projet » indĂ©pendamment des formations professionnalisantes. Bien Ă©videmment les dĂ©bouchĂ©s professionnels sont davantage Ă©voquĂ©s pour justifier le choix dâune formation professionnalisante, Ă lâinverse les possibilitĂ©s de dĂ©veloppement intellectuel sont plus frĂ©quemment mises en avant par les Ă©tudiants inscrits en CPGE, Ă lâuniversitĂ© ou dans les Ă©coles de la culture. Mais en tout Ă©tat de cause, les deux dimensions sont prĂ©sentes dans les rĂ©ponses des Ă©tudiants OVE, 2014. Ensuite, la professionnalisation nâappelle pas mĂ©caniquement la vocation le choix de filiĂšres STS en particulier se fait plutĂŽt dans une poursuite naturelle avec le lycĂ©e, les Ă©tudiants prennent davantage en considĂ©ration dâoĂč ils viennent » et sâintĂ©ressent moins Ă oĂč ils vont ». Enfin, les Ă©tudiants en licence universitaire ne sont pas dĂ©pourvus de projet professionnel 44 % des entrants en 2011 dĂ©clarent avoir un projet professionnel prĂ©cis Bodin & Orange, 2013. Cela rejoint les rĂ©sultats des travaux de Paivandi 2015, avec une majoritĂ© de rĂ©pondants filiĂšres lettres et sciences humaines signalant une orientation motivĂ©e. Le rapport au projet, complexe, permet difficilement dâĂ©tablir une corrĂ©lation avec la rĂ©ussite. Ni les statistiques françaises, ni celles de lâOCDE qui, Ă un niveau macro, nivellent encore davantage ces diffĂ©rences, ne peuvent rendre compte des divergences entre ceux qui prennent une inscription pour prĂ©parer un concours et ceux qui dĂ©cident de sâoffrir une annĂ©e sabbatique » pour rĂ©flĂ©chir Ă leur avenir. DĂšs lors, le taux gĂ©nĂ©ralement annoncĂ© de 20 % de bacheliers en France qui commencent des Ă©tudes supĂ©rieures et qui ne les terminent pas, apparaĂźt difficile Ă interprĂ©ter⊠sans doute le taux de redoublement constituerait un meilleur indicateur. Cette difficultĂ© Ă analyser statistiquement les aspirations se double ainsi dâune difficultĂ© Ă apprĂ©hender le nombre de dĂ©crocheurs », dont la catĂ©gorisation, basĂ©e sur la non-rĂ©inscription, reste peu satisfaisante, du fait quâelle ne rĂ©pond pas Ă une dĂ©finition stabilisĂ©e et quâelle ne tient pas compte des trajectoires. Cette dĂ©finition, en appliquant un mode de calcul proche de celui des sorties sans qualification du secondaire, amalgame en dĂ©finitive des situations trĂšs diverses Bodin & Millet, 2011. DĂ©faut de projet professionnel un risque ? DĂšs lors on peut sâinterroger sur la relation trop promptement Ă©tablie entre dĂ©faut de projet professionnel et dĂ©crochage ou Ă©chec. Sur cette question, les rĂ©ponses des chercheurs sont partagĂ©es. En combinant les dimensions du projet, de la vocation et de lâintĂ©gration, Dubet 1994 identifiait dĂ©jĂ dans les annĂ©es 1990 deux profils de dĂ©crocheurs parmi les bacheliers entrĂ©s Ă lâuniversitĂ© dâune part celui qui nâa ni projet ni vocation, mais qui sâinvestit dans la sociabilitĂ© Ă©tudiante au dĂ©triment de ses Ă©tudes par exemple ceux qui militent, trĂšs marginaux en France et dâautre part celui qui nâa ni projet, ni vocation et qui nâest pas non plus intĂ©grĂ© sans goĂ»t pour les Ă©tudes et sans perspective, il est isolĂ© et ne parvient pas Ă donner du sens Ă cette expĂ©rience. Pour Paivandi 2015, le projet professionnel est une des dimensions clĂ©s de lâexpĂ©rience Ă©tudiante avec lâintĂ©gration sociale et lâintĂ©rĂȘt ou sens personnel accordĂ© aux Ă©tudes. Les formations universitaires reprĂ©sentent des espaces oĂč le projet de lâĂ©tudiant peut se construire, car lâavenir, souvent liĂ© au mĂ©tier, est une des prĂ©occupations rĂ©currentes exprimĂ©es par les Ă©tudiants. Morlaix et Suchaut 2012 considĂšrent le projet de lâĂ©tudiant comme un facteur motivationnel important. LâĂ©tude rĂ©alisĂ©e auprĂšs dâĂ©tudiants de premiĂšre annĂ©e des filiĂšres AES, psychologie et droit, sur le rĂŽle des capacitĂ©s cognitives et du niveau acadĂ©mique sur la rĂ©ussite a aussi dĂ©montrĂ© que lâadĂ©quation de lâorientation Ă un projet professionnel contribue pleinement Ă la rĂ©ussite ». Cette influence positive du choix dâĂ©tude est aussi confirmĂ©e par Neuville et Frenay 2012 sur la dimension de persĂ©vĂ©rance. Dâautres travaux montrent que lâabsence de projet nâest pas en soi prĂ©judiciable et que le fait dâavoir un projet construit Ă lâentrĂ©e dans le supĂ©rieur ne garantit ni un investissement effectif dans le travail universitaire, ni un intĂ©rĂȘt intellectuel pour le contenu des cours eux-mĂȘmes, si le lien entre la formation et la profession nâest pas perçu comme explicite BiĂ©mar et al., 2003. En outre, la formulation du projet ne va pas nĂ©cessairement de pair avec une capacitĂ© rĂ©elle Ă anticiper les difficultĂ©s et Ă rebondir, considĂ©rĂ©e comme une meilleure carte quâun rapport aux Ă©tudes calquĂ© sur le fonctionnement du secondaire ou quâune formation qui colle mal avec un projet professionnel trop prĂ©cis, comme lâont montrĂ© les travaux de BeaupĂšre et Boudesseul 2009 pour lâOVE. ConfrontĂ©s Ă leur mĂ©tier dâĂ©tudiants, certains, en effet, nâen perçoivent pas les exigences et reproduisent les maniĂšres de travailler, assimilĂ©es Ă du bachotage solitaire, qui ont fait leurs preuves dans le secondaire ; mais la conformitĂ© au mĂ©tier dâĂ©lĂšve ici les dessert et ils ne comprennent pas leur Ă©chec. Dâautres, plutĂŽt issus des filiĂšres technologiques ou professionnelles, se sont inscrits sans trop y croire, en espĂ©rant quand mĂȘme retrouver la voie normale » ; ils sâaperçoivent rapidement quâils nâont pas les connaissances suffisantes, ils se sentent exclus et nâosent pas solliciter les enseignants. Dâautres encore dĂ©veloppent des stratĂ©gies plus ou moins hasardeuses de rattrapage ou de contournement choix des options, compensation des notes pour aller de lâavant, malgrĂ© leurs Ă©checs aux examens de façon Ă conserver leur statut Ă©tudiant⊠En dĂ©finitive, ceux qui sont trĂšs dĂ©pendants des verdicts scolaires studieux » et ceux qui passent dâune formation Ă une autre sans faire aboutir leur projet professionnel en errance » prĂ©sentent un risque dâĂ©chec plus profond que ceux qui quittent lâuniversitĂ© soit pour profiter dâune opportunitĂ© dâemploi opportunistes », soit pour sâengager dans une formation professionnelle de niveau CAP ou baccalaurĂ©at professionnel raccrocheurs », les uns et les autres gĂ©rant leurs parcours de façon plus autonome. Capables de multiplier les expĂ©riences et dâactiver leur rĂ©seau, ils ne misent pas tout dâemblĂ©e sur le diplĂŽme ou bien prennent acte de leurs difficultĂ©s et utilisent le temps passĂ© Ă lâuniversitĂ© pour mĂ»rir un projet professionnel moins acadĂ©mique » BeaupĂšre & Boudesseul, 2009. PrĂ©valence de lâintĂ©rĂȘt pour les Ă©tudes dans la rĂ©ussite Le projet de lâĂ©tudiant et le sens quâil donne Ă son parcours sont liĂ©s Ă son rapport au savoir, rĂ©gulateur des motivations, des investissements. Câest un processus dynamique, qui Ă©volue et qui doit se comprendre dans un environnement social. Peu dâĂ©tudiants disent ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par un projet intellectuel Paivandi, 2015. Ils se retrouvent plus volontiers autour dâun savoir utile », concret », pratique » ou professionnel », technique », applicable » ou capitalisable » et la relation aux Ă©tudes prend alors en compte une efficacitĂ© du savoir ». Or en trouvant le sens dans ces savoirs eux-mĂȘmes, lâĂ©tudiant, alors curieux, ouvert, fort de motivation intrinsĂšque, a plus de probabilitĂ© de rĂ©ussir que lâĂ©tudiant privilĂ©giant la fonction utile » des Ă©tudes Ă travers le projet professionnel. Un facteur crucial de rĂ©ussite serait donc dâĂȘtre en phase avec la reprĂ©sentation du savoir qui domine dans le monde universitaire » BiĂ©mar et al., 2003. Ainsi, lâentreprise de rĂ©ussite serait bien plus du cĂŽtĂ© du projet dâĂ©tudes, du sens qui se construit plutĂŽt que relevant du projet professionnel Romainville & Michaut, 2012. Les travaux de Le Mener 2012 confirment cette prĂ©valence de lâintĂ©rĂȘt pour la discipline sur la motivation Ă Ă©tudier, par rapport au projet professionnel qui agit sur les performances mais dans une moindre mesure. Selon elle, câest la motivation intrinsĂšque qui prĂ©dit le mieux la rĂ©ussite. Les attentes exprimĂ©es par les Ă©tudiants doivent cependant ĂȘtre nuancĂ©es. Une Ă©tude de la FREREF Fondation des rĂ©gions europĂ©ennes pour la recherche, lâĂ©ducation et la formation par exemple montre quâau-delĂ du projet professionnel et donc de lâintĂ©rĂȘt pour le savoir utile », quasi instrumental, les prolongements sociĂ©taux et les questions Ă©thiques liĂ©es aux disciplines sont insuffisamment valorisĂ©es dans les formations Fernex & Lima, 2006. Dâautres enquĂȘtes, par exemple sous lâĂ©gide de lâESU European Studentsâ Union, mettent Ă©galement en Ă©vidence une conception de la qualitĂ© de lâenseignement qui excĂšde trĂšs largement la tension entre savoir acadĂ©mique et savoir utile ESU, 2013. Dans une perspective dâinsertion professionnelle, il est Ă©galement intĂ©ressant de remarquer que le diplĂŽme nâest pas considĂ©rĂ© comme une panacĂ©e. Seuls 45 % des Ă©tudiants interrogĂ©s lors de la derniĂšre enquĂȘte Conditions de vie » de lâOVE le considĂšrent en effet comme trĂšs important pour rĂ©ussir. Ce sont les efforts personnels 75 % et les relations et rĂ©seaux 52 % qui apparaissent comme les meilleurs prĂ©dicteurs de la rĂ©ussite. Alors que le poids du diplĂŽme sur les trajectoires en France est particuliĂšrement fort, se dessine ainsi chez les Ă©tudiants une tendance Ă une vision plus individualisĂ©e de la rĂ©ussite, pondĂ©rĂ©e cependant par des perspectives dâavenir mitigĂ©es seul un Ă©tudiant de master sur deux estime que ses chances dâinsertion professionnelle sont bonnes ou trĂšs bonnes. Le clivage entre les filiĂšres est ici notable les Ă©tudiants en santĂ©, les Ă©tudiants ingĂ©nieurs et les Ă©tudiants en sciences sont les plus optimistes ; inversement les Ă©tudiants en sciences humaines et sociales et en culture sont plus pessimistes. La croyance en une insertion meilleure Ă lâĂ©tranger ne semble pas non plus particuliĂšrement forte, y compris dans des formations spĂ©cialisĂ©es telles que la mĂ©decine et lâingĂ©nierie, Ă lâexception des filiĂšres de management OVE, 2014. Des Ă©tudiants pas toujours prĂȘts Lâinjonction au projet professionnel concerne assez peu les Ă©lĂšves qui rĂ©ussissent ils nâont pas de compte Ă rendre, leurs choix nâont pas besoin dâĂȘtre justifiĂ©s, leur avenir repose sur leur capacitĂ© Ă maintenir leurs performances, les dĂ©cisions dâordre professionnel sont de fait diffĂ©rĂ©es BeaupĂšre et al., 2007. Travailler sur le projet professionnel au moment de la transition entre secondaire et supĂ©rieur peut de surcroĂźt sâavĂ©rer prĂ©maturĂ© pour certains Ă©lĂšves peu aptes Ă se projeter. LâuniversitĂ© constitue dĂšs lors une solution dâattente, non pas parce quâils nâont pas obtenu la formation quâils ont demandĂ©, mais parce quâils ne se sentent pas prĂȘts Ă sâengager dans une voie professionnelle donnĂ©e et prĂ©fĂšrent prendre le temps de mĂ»rir leur projet. Ces Ă©tudiants sâapproprient lâoffre universitaire ou, plus prĂ©cisĂ©ment encore, la dĂ©tournent. Ils en font le lieu dâune prĂ©paration Ă leur avenir professionnel oĂč lâobtention dâun diplĂŽme nâest plus la prioritĂ© ». LâuniversitĂ©, en leur permettant de se construire une expĂ©rience, Ă travers les stages ou au sein de mouvements de jeunesse ou dâassociations parascolaires par exemple, joue son rĂŽle, fĂ»t-ce malgrĂ© elle, dâencadrement, de formation et dâaccompagnement des nouveaux bacheliers vers un avenir professionnel » Bodin & Millet, 2011. David et Melnik-Olive 2014 placent aussi lâentrĂ©e Ă lâuniversitĂ© comme la quĂȘte dâun nouveau statut social, quâil soit plus ou moins exprimĂ©. Il sâagit dâessayer, de faire des expĂ©riences, des dĂ©couvertes. Câest un lieu dâitinĂ©raires faits dâajustements progressifs, pour construire des objectifs, un espace-temps dâadaptations et de rĂ©flexions », non celui de trajectoires dĂ©terminĂ©es Annoot, 2012. Pour Bart et Fournet 2010, cette dimension expĂ©rientielle permet une maturation du projet professionnel et personnel, assise de leur professionnalisation composĂ©e Ă la fois de leurs visĂ©es personnelles fortement socialisĂ©es, de leurs attentes Ă lâĂ©gard de la formation et de moyens assurĂ©s par les savoirs dâexpĂ©rience acquis au prĂ©alable, lâexpĂ©rience dâĂ©tudes conduit les Ă©tudiants Ă faire Ă©voluer leur projet au fur et Ă mesure de lâavancĂ©e dans le parcours de formation. Ils plaident donc pour dĂ©placer le questionnement au cours de la formation supĂ©rieure la formalisation de cette dĂ©marche au sein mĂȘme de la formation permet de nuancer les discours incitatifs Ă lâindividualisation des parcours et de lâaccompagnement la mise en Ćuvre dâactivitĂ©s pĂ©dagogiques de suivi des Ă©tudiants sur un mode collectif et collaboratif semble au contraire requise pour permettre lâaffermissement, lâĂ©valuation et lâenrichissement croisĂ©s des projets âpersonnelsâ » Bart & Fournet, 2010. Parfois la maturation du projet professionnel requiert de passer par une premiĂšre expĂ©rience dâinsertion difficile 14 % des jeunes diplĂŽmĂ©s Ă bac +5 interrogĂ©s par lâAPEC dĂ©clarent avoir changĂ© dâorientation professionnelle dans les deux ans qui ont suivi lâobtention de leur diplĂŽme. Cette rĂ©orientation est souvent lâoccasion pour ces jeunes dâexercer vĂ©ritablement un choix personnel en sâaffranchissant du poids des influences familiales ; dans dâautres cas, elle sâimpose dâelle-mĂȘme du fait dâun manque de dĂ©bouchĂ©s et dâune recherche dâemploi infructueuse. Dans tous les cas, quâelle soit choisie ou non, que le processus soit long ou court, quâil requiert une formation continue externe ou interne, la rĂ©orientation est une source dâespoirs et elle est vĂ©cue comme une occasion de reprendre en main leur avenir professionnel APEC, 2015. Des parcours toujours socialement marquĂ©s Les diffĂ©rences de parcours ne relĂšvent pas seulement du passĂ© scolaire et des aspirations des bacheliers. Dans quelle mesure les logiques de filiĂšres ne surpassent-elles pas tous les autres facteurs Bodin & Millet, 2011 ? LĂ©gitimer les trajectoires non rectilignes » La notion de rĂ©ussite en France reste profondĂ©ment associĂ©e Ă une trajectoire rectiligne jusquâau diplĂŽme. Charles, dans lâouvrage tirĂ© de sa thĂšse 2015, en comparant la situation française Ă celle de lâAngleterre et de la SuĂšde, lâassimile Ă un voyage en TGV[10] Bien choisir sa destination dĂšs le dĂ©part est capital, car tout changement de direction sâavĂšre dĂ©licat et coĂ»teux en temps. Une fois montĂ© dans le train, la trajectoire est fortement linĂ©aire et il nây aura guĂšre que quelques gares avant lâarrivĂ©e. Par intermittence, il est bien possible de descendre du TGV avant dâatteindre la destination finale, mais encore faut-il en avoir le courage lorsque le train marque un court arrĂȘt en gare, avant de repartir pour plusieurs centaines de kilomĂštres. En effet, une fois descendu, on a souvent peu de temps pour dĂ©cider dây remonter et on ne connaĂźt pas nĂ©cessairement Ă lâavance les correspondances qui seront offertes en gare. Au cours du trajet, tout le monde est tenu de se dĂ©placer au mĂȘme rythme en vue dâarriver le plus rapidement possible Ă destination, sans guĂšre dâarrĂȘt ou retour en arriĂšre envisageables. Symbole de vitesse et dâefficacitĂ©, le TGV impose nĂ©anmoins deux contraintes la rigiditĂ© des horaires et la difficultĂ© Ă changer de destination en cours de voyage. DĂ©tail non sans importance, pour la mĂȘme destination sociale, il y a bien souvent deux niveaux de confort en premiĂšre classe, un nombre restreint de voyageurs, un service Ă la carte et une ambiance studieuse ; en seconde classe, des wagons surpeuplĂ©s et des conditions de voyage dĂ©gradĂ©es » Charles, 2015. Pour dâautres chercheurs, cette linĂ©aritĂ© du systĂšme nâempĂȘche pas une multiplicitĂ© de parcours quâil serait abusif de qualifier dâaccidentĂ©s ils sont les Ă©lĂ©ments clĂ©s dâun processus de rĂ©gulation des aspirations et des choix des nouveaux bacheliers, au principe de cette pĂ©rennisation des hiĂ©rarchies dans un contexte de massification » Bodin & Millet, 2011. Pour Bodin et Orange 2015 Ă©galement, lâuniversitĂ©, en permettant les mobilitĂ©s internes et externes, joue un rĂŽle pivot dans la rĂ©gulation des orientations et des parcours. Rien nâest donc jouĂ© une fois pour toutes, mais tout se passe comme si chercher sa voie dans un premier cycle universitaire devait relever de lâimplicite, comme si le seul parcours de rĂ©ussite acceptable correspondait Ă lâobtention de la licence en trois ans, voire quatre. La persistance dâun tel dĂ©calage entre conception de la rĂ©ussite et parcours est Ă replacer dans les dĂ©bats sur la secondarisation » des premiers cycles et sur le -3+3 », initiĂ©s avec le plan RĂ©ussite en licence PRL en 2007 et rĂ©activĂ©s lors de la consultation sur la loi ESR votĂ©e en 2013 BĂ©jean & Monthubert, 2015 ; BrĂ©hier, 2015 ; Pietryk & Allal, 2013. Lâobjectif est de proposer des licences davantage pluridisciplinaires, de rendre la spĂ©cialisation plus progressive et de simplifier lâoffre de formation supĂ©rieure. En dĂ©finitive, il sâagit de miser sur une articulation plus forte entre Ă©tudes secondaires et supĂ©rieures, en faisant endosser une fonction dâaiguillage aux premiers cycles universitaires⊠sans toucher aux conditions dâadmission, dont lâabsence pĂ©nalise ceux qui ne sont pas prĂȘts et obliger ceux qui le sont Ă attendre le master pour se spĂ©cialiser ?. Ă moins quâil ne sâagisse dâouvrir des instituts dâenseignement supĂ©rieur qui prendraient en charge les nĂ©o-bacheliers avant leur entrĂ©e Ă lâuniversitĂ© ? Abandons, rĂ©orientations et reprises dâĂ©tude Ainsi les phĂ©nomĂšnes dâabandon, de rĂ©orientation ou de non-rĂ©inscription, du fait de leur constance et de leur rĂ©gularitĂ©, ne peuvent sâexpliquer uniquement par les alĂ©as institutionnels, ni par les seules expĂ©riences individuelles des Ă©tudiants. Câest dans lâespace flou des premiers cycles universitaires, oĂč se cĂŽtoient Ă©tudes courtes et Ă©tudes longues, formations professionnalisantes et formations acadĂ©miques, quâils sont les plus marquĂ©s Bodin & Millet, 2011. Ă lâissue de la L1, grosso modo, un Ă©tudiant sur deux passe directement en L2, un sur quatre redouble, plus dâun sur quatre se rĂ©oriente ou abandonne les Ă©tudes supĂ©rieures. Les abandons dĂ©finitifs semblent au final assez peu nombreux et concernent dâabord ceux inscrits dans les filiĂšres dĂ©jĂ considĂ©rĂ©es comme les moins prestigieuses. Ce sont en effet essentiellement les bacheliers inscrits Ă lâuniversitĂ© et en STS qui connaissent les taux dâabandon les plus forts, alors que les CPGE et les IUT, qui sĂ©lectionnent davantage leurs Ă©tudiants et qui proposent un encadrement plus strict des Ă©tudes, sont confrontĂ©s Ă des abandons nettement moins importants MENESR, 2015a. Ceux qui dĂ©crochent aprĂšs quelques mois ont un profil proche des bacheliers qui nâentament pas dâĂ©tudes supĂ©rieures. Ceux qui prĂ©sentent le plus de risques en termes de non-rĂ©inscription ou de rĂ©orientation sont plus souvent issus de milieux populaires ou nĂ©s dans des familles de commerçants, dâartisans ou dâagriculteurs, moins bien dotĂ©es scolairement. Le type de baccalaurĂ©at constitue alors le meilleur prĂ©dicteur, la probabilitĂ© de sortir sans diplĂŽme Ă©tant en effet nettement plus Ă©levĂ©e chez les bacheliers technologiques et surtout chez les bacheliers professionnels Bodin & Millet, 2011. Le poids du passĂ© scolaire et celui de lâorigine sociale diminue au fur et Ă mesure de lâavancĂ©e dans les Ă©tudes les Ă©tudiants se familiarisent et incorporent les maniĂšres de travailler propres Ă leur environnement dâĂ©tudes ; ils dĂ©veloppent des routines soit liĂ©es Ă la charge de travail personnel, soit dans les temps de travail encadrĂ©s sâils sont nombreux ; ils sâapproprient une culture commune qui leur permet de devenir semblables avec le temps. Câest ce que Millet nomme les matrices disciplinaires » 2003. Pour autant, cette culture commune ne garantit pas la rĂ©ussite si la poursuite dâĂ©tudes en master est un schĂ©ma courant de lâordre de 90 % des titulaires dâune licence en droit et de 80 % en sciences par exemple, les taux dâobtention, toutes disciplines confondues, sont faibles Ă peine plus dâun Ă©tudiant sur deux inscrit en M1 en 2009-2010 a obtenu son master en deux ou trois ans MENESR, 2015a. Ceux qui se rĂ©orientent le font gĂ©nĂ©ralement dans une formation moins exigeante en termes de capitaux scolaires, en STS ou dans les Ă©coles spĂ©cialisĂ©es par exemple. Ces rĂ©ajustements vers le bas » fonctionnent par palier un Ă©lĂšve de CPGE qui dĂ©croche ne va pas en STS, il rejoint plutĂŽt lâuniversitĂ©. Les logiques inter-filiĂšres universitaires sont les mĂȘmes le glissement se fait du droit aux sciences humaines, de la mĂ©decine aux sciences, rarement lâinverse Bodin & Millet, 2011. Pour Verley et Zilloniz 2010, les renoncements en STS et IUT sâopĂšrent principalement au sein des mĂȘmes types de filiĂšres mais dans des Ă©tablissements et/ou des disciplines diffĂ©rents. Le phĂ©nomĂšne de la reprise dâĂ©tudes, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, est important, il a doublĂ© en 25 ans, et ne concerne pas seulement les non-diplĂŽmĂ©s. Ainsi ce sont 16 % des diplĂŽmĂ©s de lâenseignement supĂ©rieur et prĂšs dâun tiers des sortants sans diplĂŽme qui reprennent des Ă©tudes dans les trois ans qui suivent leur formation initiale. Les Ă©tudiants diplĂŽmĂ©s des filiĂšres professionnelles courtes de lâenseignement supĂ©rieur reviennent souvent en formation via lâalternance, aprĂšs avoir rejoint quelques mois le marchĂ© du travail. Les enquĂȘtes gĂ©nĂ©rations du CĂREQ Centre dâĂ©tudes et de recherches sur les qualifications montrent que lâobtention de nouveaux diplĂŽmes amĂ©liore lâinsertion professionnelle ultĂ©rieure MENESR, 2015a. Le temps un alliĂ© pour rĂ©ussir et sâinsĂ©rer Dans un contexte gĂ©nĂ©ralisĂ© dâallongement des carriĂšres scolaires, les rĂ©orientations et interruptions temporaires freinent lâobtention du diplĂŽme, mais ne lâempĂȘchent pas dĂ©finitivement les niveaux de qualification sont de fait de plus en plus Ă©levĂ©s, invitant Ă sâaffranchir de la temporalitĂ© linĂ©aire formatĂ©e par la scolaritĂ© secondaire. Avec un taux de diplĂŽmation de lâordre de 44 % pour les jeunes ĂągĂ©s de 25 Ă 29 ans, la France est au dessus du benchmark de la StratĂ©gie Europe 2020. Les femmes sont plus diplĂŽmĂ©es que les hommes plus de 50 % dâune gĂ©nĂ©ration possĂšdent un diplĂŽme de lâenseignement supĂ©rieur contre 40 % pour les hommes, mais leur insertion sur le marchĂ© du travail est plus prĂ©caire ou plus longue. La rĂ©ussite des Ă©tudiants dans les filiĂšres dites sĂ©lectives courtes peut sâapprĂ©cier sur un temps plus long la cinquiĂšme annĂ©e suivant leur baccalaurĂ©at, 72 % des Ă©tudiants entrĂ©s par la filiĂšre STS et 89 % des Ă©tudiants entrĂ©s par la filiĂšre IUT sont diplĂŽmĂ©s de lâenseignement supĂ©rieur, dont respectivement 22 % et 52 % dĂ©tiennent un diplĂŽme de niveau bac +3. En licence professionnelle en 2012-2013, 9 Ă©tudiants sur 10 obtiennent leur diplĂŽme en un an, une rĂ©ussite qui doit bien plus aux caractĂ©ristiques de la population recrutĂ©e sĂ©lectionnĂ©e quâaux qualitĂ©s mĂȘmes de la formation. Si la prĂ©caritĂ© des premiers emplois occupĂ©s par les diplĂŽmĂ©s de lâenseignement supĂ©rieur sâest accentuĂ©e, ils rĂ©sistent mieux que les non-diplĂŽmĂ©s aux difficultĂ©s liĂ©es Ă la primo-accession au marchĂ© du travail. Le diplĂŽme reste donc un atout pour lâemploi mĂȘme sâil convient de nuancer selon les niveaux de diplĂŽme, les spĂ©cialitĂ©s ou les voies de formation. Trois ans aprĂšs, ce sont les ingĂ©nieurs et les diplĂŽmĂ©s en santĂ© bac +2 ou +3 qui connaissent le chĂŽmage le plus faible. Dâune façon gĂ©nĂ©rale, plus le diplĂŽme est professionnalisĂ©, moins le taux de chĂŽmage est Ă©levĂ© Ă la sortie des Ă©tudes MENESR, 2015a. Quels environnements propices Ă la rĂ©ussite ? [revenir au sommaire] Ă son entrĂ©e Ă lâuniversitĂ©, lâĂ©tudiant va devoir, pour tracer son parcours dâĂ©tudes, progresser Ă travers un monde quâil se doit de dĂ©coder, rompant avec le cadre scolaire prĂ©cĂ©dent, ordonnĂ©, dĂ©fini, et largement intĂ©grĂ©. La comprĂ©hension des codes, des fonctionnements du monde universitaire participe Ă la nĂ©cessaire affiliation institutionnelle Coulon, 2005. Lâancien lycĂ©en doit le plus rapidement possible sâapproprier son mĂ©tier dâĂ©tudiant », pour sâengager dans cette transformation identitaire quâest devenir Ă©tudiant » et qui sâaccompagne de nombreuses autres mutations changement des modes de vie, responsabilisation, libertĂ©s individuelles et autonomie. Ce parcours se vit comme une lente adaptation plutĂŽt quâune intĂ©gration Paivandi, 2015. Peu prĂ©parĂ©, lâĂ©tudiant doit faire face Ă des exigences implicites pour faire partie de sa communautĂ©, y ĂȘtre reconnu, jusquâĂ dĂ©velopper un lien dâappartenance avec son universitĂ© Romainville & Michaut, 2012. Câest la quĂȘte dâun nouveau statut social dans un monde atomisĂ© » qui rend difficile les relations et rencontres. LâuniversitĂ© permet-elle cette socialisation nouvelle ? Traditionnellement, lâuniversitĂ© nâapparaĂźt pas comme un lieu de socialisation mais comme un lieu dâĂ©tudes et dâappropriation de savoirs savants. Une dissociation des lieux dâĂ©tudes et de loisirs Cette reprĂ©sentation de lâuniversitĂ© peu socialisante est une constante dans les enquĂȘtes de lâOVE 2014. Les Ă©tudiants dĂ©clarent ne pas avoir de lien fort avec leur universitĂ© et Ă©prouvent un sentiment de non-appartenance beaucoup plus fort que celui ressenti par les Ă©tudiants des Ă©coles dâingĂ©nieurs ou de commerce. Seuls 12 % des Ă©tudiants se sentent pleinement intĂ©grĂ©s Ă la vie de leur Ă©tablissement universitaire ». Les analystes expliquent cette faible attractivitĂ© par diffĂ©rentes causes des campus Ă©clatĂ©s oĂč il est difficile de crĂ©er un lieu de vie en commun, oĂč les services aux Ă©tudiants administratifs, pĂ©dagogiques, sociaux, etc. sont peu connus, oĂč les contacts utiles sont difficilement identifiables et oĂč les enseignants et le personnel administratif apparaissent comme peu ouverts au dialogue. Lâanalyse des rĂ©sultats de lâOVE Ă©voque en parallĂšle les questions de vie Ă©tudiante, peu prises en compte par les responsables dâĂ©tablissements, ou encore la place de lâuniversitĂ© dans la ville, en termes de transport ou dâaccĂšs Ă la culture. Par ailleurs, lâenquĂȘte montre que les Ă©tudiants utilisent peu les Ă©quipements mis Ă leur disposition, hormis la bibliothĂšque et, dans une moindre mesure, les Ă©quipements sportifs. Ils sont aussi peu investis dans les associations Ă©tudiantes 73 % des Ă©tudiants universitaires dĂ©clarent nâadhĂ©rer Ă aucune association OVE, 2014. Erlich 1998 mettait dĂ©jĂ en Ă©vidence un dĂ©doublement entre lieux dâĂ©tudes et lieux de loisirs, voire une dissociation de ces espaces pour la majoritĂ© des Ă©tudiants, alors que sur un plan temporel lâimbrication des activitĂ©s Ă©tait frĂ©quente. Cette diffĂ©renciation est dâautant plus prĂ©gnante aujourdâhui que sâajoutent Ă ce diptyque les lieux de travail, oĂč la socialisation sâopĂšre encore autrement. La majoritĂ© des Ă©tudiants dĂ©plorent une organisation de leur universitĂ© qui semble plus rĂ©pondre Ă des contraintes liĂ©es au fonctionnement de lâĂ©tablissement quâĂ la satisfaction de leurs besoins personnels. Il semblerait que lâuniversitĂ© ne soit pas un lieu pensĂ© pour eux. Ils entrevoient peu de structuration et dâencadrement permettant de crĂ©er des liens qui concourent Ă leur nouvelle reconnaissance sociale dâĂ©tudiant. Ils expĂ©rimentent alors diverses sociabilitĂ©s eux-mĂȘmes, dans les actions collectives, le dĂ©veloppement de lâentraide ou les groupes amicaux Coulon & Paivandi, 2008. De façon gĂ©nĂ©rale, Ă part lâactivitĂ© de recherche documentaire qui se pratique indiffĂ©remment dans et hors lâĂ©tablissement, les autres activitĂ©s liĂ©es Ă lâapprentissage sâeffectuent aussi en dehors de lâĂ©tablissement, et leur spatialisation dĂ©pend explicitement de la nature de lâactivitĂ© par exemple, les rĂ©visions sont rĂ©alisĂ©es Ă domicile, le travail de groupe se dĂ©roule alternativement chez les uns et les autres. Lâusage de lieux tiers est plutĂŽt dĂ©diĂ© Ă des activitĂ©s de lecture et varient selon les Ă©tudiants ceux qui ont un sentiment dâauto-efficacitĂ© faible frĂ©quentent par exemple davantage les lieux institutionnels tels que les bibliothĂšques, lieux oĂč la coprĂ©sence passive limite la procrastination. Les temps de transport en revanche ne sont guĂšre mobilisĂ©s par les Ă©tudes ils restent des temps rĂ©servĂ©s aux interactions sociales, en prĂ©sence ou Ă distance, et des temps de loisirs musique, lecture Paquelin, 2015. Des formes dâentraide entre pairs Lâentraide, la solidaritĂ©, parce quâelles permettent de tisser des liens en plus de servir la relation de travail, sont des facteurs Ă prendre en compte pour la rĂ©ussite universitaire, bien que ces relations soient peu rĂ©pandues Ă lâuniversitĂ© Coulon & Paivandi, 2008. Dans une Ă©tude menĂ©e auprĂšs de lâensemble des Ă©tudiants de lâUniversitĂ© de Strasbourg, Guillon 2015 montre comment cette collaboration informelle se rĂ©vĂšle ĂȘtre une des conditions favorables Ă un parcours rĂ©ussi. Une absence ou une insuffisance de coopĂ©ration au cours des Ă©tudes va souvent de pair avec une absence de diplĂŽmation, de mĂȘme quâelle occasionne un ressenti nĂ©gatif de lâexpĂ©rience Ă©tudiante, plusieurs annĂ©es aprĂšs la fin du parcours universitaire. Si lâentraide peut concourir au soutien psychologique de lâĂ©tudiant ou dĂ©veloppe lâappartenance Ă un groupe, elle permet, plus prosaĂŻquement, dâĂ©changer ses cours, ses notes, de rĂ©viser pour les examens. Pour Monfort 2003, ces interrelations permettent, pour des Ă©tudiants peu prĂ©parĂ©s mĂ©thodologiquement, dâidentifier collectivement le travail Ă accomplir. Mais elles sont tributaires de temps disponibles, de lieux adĂ©quats pour se retrouver. On voit donc bien la difficultĂ©, voire le sentiment dâexclusion, qui impacte les Ă©tudiants domiciliĂ©s loin du campus ou ayant une activitĂ© salariĂ©e. Par ailleurs, la constitution des groupes, en premiĂšre annĂ©e, tient bien souvent au voisinage de la premiĂšre heure » sur les bancs de lâuniversitĂ©. Autant dâobservations qui attestent que la relation entre pairs nâest pas organisĂ©e et quâelle ne suit pas de normes, Ă lâinstar des pratiques de travail Ă lâuniversitĂ©. Le rĂŽle de ces interactions est notamment essentiel dans les parcours des nouveaux Ă©tudiants », ceux de la dĂ©mocratisation universitaire, issus de milieux populaires et qui nâont pas le capital culturel ou Ă©conomique dâautres Ă©tudiants. Ces Ă©tudiants sont trĂšs Ă©loignĂ©s de la culture universitaire, et vivent de nombreux dĂ©calages par rapport Ă ce quâils imaginaient amphithéùtres bruyants ; isolement rĂ©sultant de lâautonomie qui leur est laissĂ©e dans lâorganisation de leur travail ; difficile rapport Ă la culture Ă©crite apprentissage de la prise de notes ; enseignants peu disponibles ; langage universitaire peu comprĂ©hensible Nicourd, 2011. LâuniversitĂ© est loin dâĂȘtre le lieu de socialisation attendu. Lâinsertion dans un collectif dâalliĂ©s » Beaud & Truong, 2015 a fonction de comprendre, entre autres, les impĂ©ratifs du travail acadĂ©mique ». Ces mĂ©canismes de socialisation constituent des soutiens vers le monde universitaire et permettent des passerelles pour mieux sâintĂ©grer. NĂ©anmoins lâexistence de ces groupes nâest pas rĂ©partie de maniĂšre homogĂšne sur lâensemble de lâenseignement supĂ©rieur. LĂ encore les divergences tiennent aux filiĂšres de tels collectifs sont plus prĂ©sents en STS, en IUT ou en CPGE quâĂ lâuniversitĂ©, Ă la localisation des Ă©tablissements diffĂ©rence entre Paris et les rĂ©gions et au genre des Ă©tudiants. Cette socialisation entre pairs est un appui fort, mais peut se rĂ©vĂ©ler alĂ©atoire, parce que basĂ©e sur des relations fragiles qui se composent et se recomposent au fur et Ă mesure des parcours Nicourd, 2011[11]. Par ailleurs, les attitudes des Ă©tudiants devant une difficultĂ© sont relativement autocentrĂ©es ils font plutĂŽt appel Ă un pair quâĂ lâenseignant et uniquement sâils nâont pas trouvĂ© seuls la solution. Les logiques en matiĂšre de socialisation sont cumulatives les Ă©tudiants qui communiquent le moins sont plus souvent en lettres et sciences humaines, sont moins assidus, ont un sentiment dâappartenance et un sentiment dâauto-efficacitĂ© plus faibles, se dĂ©clarent moins autonomes mais prĂ©fĂšrent se dĂ©brouiller seuls Paquelin, 2015. Jellab 2013, dans son Ă©tude qualitative avec des entretiens menĂ©s auprĂšs dâĂ©tudiants des filiĂšres LEA langues Ă©trangĂšres appliquĂ©es, psychologie, histoire, ou sociologie, dĂ©gage trois modalitĂ©s de sociabilitĂ© scolaire », le groupe fonctionne comme un soutien pour les exigences scolaires ; extrascolaire » pour les activitĂ©s annexes culturelles, de loisirs, ou dâengagements associatifs par exemple ; mixte » prenant des aspects des deux prĂ©cĂ©dentes, qui permet Ă lâĂ©tudiant de se retrouver, dâexister dans plusieurs groupes. Dans la pratique, si certains Ă©tudiants restent isolĂ©s et peu intĂ©grĂ©s, dâautres font une prioritĂ© de cette appartenance au groupe, et se dĂ©tournent des enseignements. Autant de comportements diffĂ©rents qui Ă©pousent les individualitĂ©s et sensibilitĂ©s des Ă©tudiants. Cette dimension sociale est toujours trĂšs fortement liĂ©e aux normes et aux pratiques contextuelles, aux filiĂšres dâĂ©tudes elles-mĂȘmes qui permettent, organisent, conditionnent des comportements et des façons dâĂȘtre Ă©tudiant Grignon & Gruel, 1999. Des conditions dâĂ©tudes plus propices Ă la rĂ©ussite ? Des filiĂšres comme facteur diffĂ©renciateur On a vu que les filiĂšres dâĂ©tudes sont un facteur diffĂ©renciateur qui permet dâexpliquer et de regrouper des maniĂšres dâĂȘtre, de penser, de se comporter Ă©tudiant Lahire, 1997. Les contraintes disciplinaires, institutionnelles ou cognitives travail Ă fournir, organisation du temps, encadrement pĂ©dagogique, etc. entraĂźnent certaines dispositions Ă lâĂ©tude et au travail, une façon de travailler et dâapprendre, un certain rapport aux Ă©tudes, au savoir, et ce quelle que soit lâorigine sociale des Ă©tudiants. Le rĂŽle de la matrice disciplinaire est dominant dans les diffĂ©rences relatives Ă la socialisation des Ă©tudiants Millet, 2003. Elle vĂ©hicule et met en Ćuvre des traditions intellectuelles, un ensemble de savoirs, de formes de transmission et dâexercices de connaissance. Elle constitue un univers spĂ©cifique de pratiques et dâexigences. Par exemple, les Ă©tudes en mĂ©decine se prĂ©sentent dans un cadre oĂč le travail est dĂ©fini, explicite, limitĂ©, oĂč les programmes sont connus, comme les modalitĂ©s dâexamens auxquels on prĂ©pare Ă lâaide dâexercices bien prĂ©cis, relevant dâune technicitĂ© que lâon sâattache Ă acquĂ©rir. Les Ă©tudiants savent ce quâon attend dâeux, quand et comment travailler et comment rĂ©ussir. Cette structure stable, dĂ©limitĂ©e, renforce lâhomogĂ©nĂ©itĂ© des pratiques. Le travail universitaire est rythmĂ©, constant, suivi, lâabsentĂ©isme est stratĂ©gique et peut ĂȘtre assimilĂ© Ă un systĂšme de travail » car ils sâopĂšre pour des raisons scolaires se libĂ©rer du temps pour du travail personnel, pour rattraper ou ne pas accumuler un retard, pour Ă©conomiser du temps. En sociologie, lâemploi du temps nâest pas structurant et sans autocontrainte, les Ă©tudiants peuvent diversifier leurs activitĂ©s et centres dâintĂ©rĂȘt et ainsi ĂȘtre amenĂ©s Ă considĂ©rer leurs Ă©tudes comme une de leurs nombreuses activitĂ©s. Câest donc plutĂŽt le flou » qui domine, y compris en matiĂšre de travail universitaire. Les Ă©tudiants ont le sentiment dâĂȘtre seuls et dĂ©plorent le manque de mĂ©thodes ou techniques utiles aux opĂ©rations. Si tous les Ă©tudiants ne travaillent pas uniformĂ©ment, les pratiques dâĂ©tudes sont tout de mĂȘme circoncises aux exigences de la matrice disciplinaire » Millet, 2003. Des filiĂšres comme prolongation du secondaire Pour certains Ă©tudiants, lâintĂ©gration de telle ou telle filiĂšre sâapparente plus Ă une prolongation du secondaire quâĂ une vĂ©ritable entrĂ©e dans le supĂ©rieur. Lâacculturation y semble plus aisĂ©e, mieux guidĂ©e, dans la mesure oĂč les Ă©carts de pratiques, de contextes sont moindres. Câest le cas de filiĂšres sĂ©lectives comme les CPGE, les IUT et les sections STS. Les Ă©tudiants des CPGE reconnaissent le prolongement que ces filiĂšres offrent avec le modĂšle du lycĂ©e, un espace rassurant » Daverne & Dutercq, 2015, une formation enveloppante » Darmon, 2013 qui privilĂ©gie la relation individuelle, et qui dans sa gouvernance parvient Ă demander un travail exigeant avec lâassentiment des Ă©tudiants. Le travail est encadrĂ©, prĂ©cis, avec des enseignants disponibles et des ambiances studieuses et motivantes. Leurs objectifs de travail sont clairs et le projet global dans lequel ils sont inscrits façonne leur maniĂšre dâĂȘtre Ă©tudiant. ParallĂšlement, ils sâinvestissent pour sâouvrir lâesprit, engranger des connaissances et combinent ainsi une visĂ©e intellectuelle et stratĂ©gique[12]. Faire une classe prĂ©paratoire, câest faire lâapprentissage de la maĂźtrise du temps. La formation instaure un rapport au temps plutĂŽt intensif, dans lâurgence, qui ne souffre pas les temps vides », soit pour remplir un travail, soit pour sâenrichir ou se divertir dans le but de mieux rĂ©aliser et sâinvestir dans son travail. La ligne de conduite se lit comme tout sauf perdre son temps », apprendre Ă choisir ce que lâon fait et ce que lâon dĂ©laisse. Les Ă©tudiants ne sont pas Ă©gaux devant cet apprentissage de la disposition temporelle et deux profils se distinguent le dominant temporel », qui maĂźtrise ce temps, donne un rythme rĂ©gulier, qui est capable de lui donner la forme quâil dĂ©cide, dĂ©tachĂ© de toute contrainte, celui-lĂ mĂȘme qui aura plus de facilitĂ© Ă rĂ©ussir ses Ă©tudes ; le dominĂ© temporel » qui Ă lâinverse souffre de ce temps contraint, se retrouve dĂ©sorganisĂ© et a du mal Ă le gĂ©rer. Dans les maniĂšres dâĂ©tudier, Darmon relĂšve aussi des distinctions au sein des classes prĂ©paratoires entre un ascĂ©tisme rĂ©gulier », extra-mondain des scientifiques centration sur les disciplines et un ascĂ©tisme sĂ©culier » des classes prĂ©paratoires commerciales centration sur la personnalitĂ©. Les pratiques pĂ©dagogiques en STS sont tout aussi Ă©loignĂ©es de celles de lâuniversitĂ©, car elles nâoffrent pas les conditions dâune vĂ©ritable acculturation universitaire Orange, 2013. Les lieux nâont pas de lien avec le campus, les attentes se cantonnent Ă lâobtention du diplĂŽme, sans autre ambition ou stratĂ©gie. En STS, la continuitĂ© avec le secondaire est Ă lâĆuvre dans les pratiques dâĂ©tudes trĂšs encadrĂ©es et au niveau du recrutement. Orange y distingue le rĂŽle trĂšs prĂ©gnant de lâĂ©tablissement dâorigine, lycĂ©e prescripteur des choix de ces nouveaux Ă©tudiants ». Ă cela sâajoute lâaction des commissions dâĂ©tude des dossiers qui favorisent leur intĂ©gration en recrutant plus volontiers en local ». Les futurs Ă©tudiants semblent nâenvisager que des Ă©tudes en STS, comme une suite logique », nâayant que peu dâidĂ©es ainsi que peu de connaissances sur lâenseignement supĂ©rieur. Ils sâexcluent par anticipation des IUT et nâespĂšrent pas plus lâaccĂšs Ă lâuniversitĂ©, lâune et lâautre orientations Ă©tant jugĂ©es comme hors des possibles scolaires. Lâinfluence des Ă©tablissements est majeure, et non seulement oriente les choix mais fait dessiner le projet de lâĂ©tudiant quasi exclusivement dans cette orientation Orange, 2013. Des formations professionnalisantes motivantes ? Au sein des formations professionnalisantes, il existe diffĂ©rents dispositifs pour acquĂ©rir une expĂ©rience professionnelle, comme lâalternance, ou le stage. Ce dernier prend une place quasiment incontournable de nos jours. Il reprĂ©sente une opportunitĂ© motivante pour expĂ©rimenter de nouveaux lieux dâapprentissage, se projeter dans un mĂ©tier, comme un moyen de rĂ©pondre Ă la prĂ©occupation dâinsertion sur le marchĂ© de lâemploi des Ă©tudiants Jellab, 2013. Glaymann 2015 rappelle que potentiellement, ils permettent dâapprofondir le projet professionnel en expĂ©rimentant les activitĂ©s et en matĂ©rialisant » son orientation parfois idĂ©alisĂ©e mais invite Ă la vigilance sur la qualitĂ© du stage contenu, intĂ©rĂȘt, apprentissage, organisation. La valeur professionnelle du stage Giret & Issehane, 2012 est inĂ©gale suivant les types de stage, les effets ne sont pas les mĂȘmes sur lâinsertion professionnelle Ă formation identique. Les pratiques pĂ©dagogiques de terrain comme dispositif dâapprentissage engendrent une motivation chez lâĂ©tudiant. Câest ce que Paquiot-Papet 2015 a montrĂ© dans son Ă©tude comparative sur deux dispositifs de formation en IUT, un classique et un en alternance. La forme alternance » prĂ©sente des caractĂ©ristiques qui auraient un effet positif sur la motivation intrinsĂšque accompagnement et feedbacks dâacteurs comme soutien Ă lâautonomie, activitĂ©s spĂ©cifiques, nouvelles et variĂ©es sur deux lieux, double appartenance entreprise / Ă©cole, la taille du groupe. En alternance, les apprentis en deuxiĂšme annĂ©e sont plus motivĂ©s intrinsĂšquement et moins rĂ©signĂ©s par rapport Ă leur premiĂšre annĂ©e et par rapport aux Ă©tudiants classiques. Apprentissage dâun autre rythme Ă lâuniversitĂ©, le rapport au temps est souvent difficile lâorganisation temporelle du travail universitaire, son rythme, ce Ă quoi on emploie son temps imposent un style de comportement, dâexistence et de rapport au monde. Câest une socialisation silencieuse » Lahire, 1997 qui marque les diffĂ©rences de rĂ©ussite dans le parcours universitaire, les deux variables temps de travail personnel » et assiduitĂ© » Ă©tant associĂ©es Ă la rĂ©ussite Michaut, 2012. Or, le temps consacrĂ© aux Ă©tudes est fortement clivĂ© entre les filiĂšres universitaires peu encadrĂ©es et les formations sĂ©lectives oĂč les Ă©tudiants bĂ©nĂ©ficient dâun suivi. La question de la gestion du temps personnel dâĂ©tudes ne se pose pas dans les mĂȘmes termes pour les Ă©tudiants des STS et des CPGE que pour ceux inscrits dans une filiĂšre universitaire. Et dâune filiĂšre universitaire Ă lâautre, lâorganisation temporelle prĂ©sente aussi des variations importantes. LâĂ©tudiant doit mettre en place une organisation du temps de travail plus ou moins autonome, autocontrainte ou imposĂ©e. Lâinvestissement dans le travail, jugĂ© par lâemploi du temps studieux temps de prĂ©sence en cours et de travail personnel est plus chargĂ© pour les Ă©lĂšves de CPGE, les filiĂšres de santĂ© ou les formations dâingĂ©nieurs la variation est du simple au double quasiment entre filiĂšre SHS 28 heures et CPGE 54 heures OVE, 2014. Plus le volume de travail personnel est important, plus les Ă©tudiants organisent rigoureusement leur temps au dĂ©triment de leur vie sociale et de leurs loisirs Vourcâh in Gruel et al., 2009. Selon Bodin et Millet 2011, certaines habiletĂ©s comme lâexigence dâautonomie, et donc la capacitĂ© de travailler hors contrainte pĂ©dagogique, est une disposition sociale qui ne sâacquiert pas Ă lâĂ©cole mais dĂ©pend du milieu familial. Ce sont les Ă©tudiants des classes favorisĂ©es qui en tirent avantage, car ils prĂ©sentent ces dispositions temporelles » se projeter dans lâavenir et planifier son temps et bĂ©nĂ©ficient dâun accompagnement de la famille, de ressources culturelles. Tous ces changements illustrant la rupture entre le secondaire et le supĂ©rieur, les dĂ©fauts dâintĂ©gration et dâacculturation dus Ă un fonctionnement jugĂ© chaotique, Ă des conditions peu adaptĂ©es et des modalitĂ©s peu explicites expliquent certainement en partie les Ă©checs et abandons de certains Ă©tudiants Chevaillier et al., 2009. Ce dĂ©faut dâaffiliation Ă lâinstitution est commun aux dĂ©crocheurs, quâil serait plus juste de nommer comme ceux qui nâont, en fait, jamais accrochĂ©s » Sarfati, 2013. Ces Ă©tudiants Ă©loignĂ©s des attentes de lâuniversitĂ© se sentent isolĂ©s, et la libertĂ© nouvelle leur laisse une autonomie dĂ©routante. Certains dâentre eux dans lâimpossibilitĂ© de sâacculturer vont progressivement faire preuve de passivitĂ©, sâabsenter des cours ou refuser le travail Ă accomplir Paivandi, 2015. Des pratiques dâĂ©tudes souvent superficielles Pas de transfert des pratiques numĂ©riques privĂ©es Les enquĂȘtes du CRĂDOC Centre de recherche pour lâĂ©tude et lâobservation des conditions de vie en France mettent en Ă©vidence un taux dâĂ©quipement des 18-24 ans supĂ©rieur aux autres tranches dâĂąge, quâil sâagisse de smartphones ou dâordinateurs portables, et des usages quotidiens plus intensifs, notamment liĂ©s aux mĂ©dias sociaux, Ă la gĂ©olocalisation et Ă la messagerie instantanĂ©e, facilitĂ©s par le fait de possĂ©der plusieurs appareils Bigot & Croutte, 2014[13]. Si les nĂ©o-Ă©tudiants dĂ©veloppent des compĂ©tences sociales et techniques du fait dâune utilisation plus ou moins intensive des technologies dans leur vie personnelle, la portĂ©e de ces compĂ©tences en lien avec les Ă©tudes nâa rien de naturel ni de systĂ©matique Papi & Glickman, 2015. Autrement dit, les pratiques rĂ©crĂ©atives numĂ©riques nourrissent peu les pratiques dâĂ©tudes ; certains Ă©tudiants considĂšrent mĂȘme que les deux sphĂšres, privĂ©es et acadĂ©miques, doivent rester distinctes, nâapprĂ©ciant pas par exemple que lâuniversitĂ© les contacte via les rĂ©seaux sociaux quâils utilisent avec leurs pairs Dahlstrom & Bichsel, 2014. Les jeunes Ă©tudiants font le plus souvent preuve dâune faible capacitĂ© Ă adopter des technologies nouvellement introduites, ils se comportent globalement plus comme des followers que comme des leaders. Leurs pratiques observĂ©es sont souvent peu spectaculaires, voire routiniĂšres ; ils ont une boĂźte Ă outils limitĂ©e Ă quelques sites gĂ©nĂ©ralistes Google et WikipĂ©dia, nâexploitent pas les fonctionnalitĂ©s avancĂ©es des moteurs de recherche ni mĂȘme les sites professionnels accessibles proposĂ©s par la bibliothĂšque Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. De nombreuses typologies existent, montrant que peu ou prou la moitiĂ© des Ă©tudiants ont des comportements numĂ©riques basiques et soulignant le fait que la fracture numĂ©rique nâa pas disparu, elle sâest dĂ©placĂ©e lâamplitude des usages adoptĂ©s reste en effet profondĂ©ment marquĂ©e par les milieux socioculturels dâappartenance. Le transfert entre loisirs et Ă©tudes opĂšre davantage pour ceux qui ont dĂ©jĂ des usages diversifiĂ©s que pour ceux qui ont simplement dĂ©veloppĂ© des usages intensifs, en particulier liĂ©s aux mĂ©dias sociaux. Le potentiel dâusages des technologies, en dĂ©finitive, accroĂźt les inĂ©galitĂ©s il ne suffit pas de possĂ©der les outils pour ĂȘtre agile, ce sont les valeurs et les attitudes dĂ©jĂ incorporĂ©es qui influencent les usages numĂ©riques, et non lâinverse. Les Ă©tudiants stĂ©rĂ©otypĂ©s de la gĂ©nĂ©ration Z reprĂ©sentent au final une trĂšs petite minoritĂ© Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. Glissement du pratique » au moindre effort » Les technologies numĂ©riques nâont pas fondamentalement transformĂ© les modes dâapprentissage des Ă©tudiants[14]. DâaprĂšs lâenquĂȘte de Papi et Glickman 2015, la trĂšs grande majoritĂ© dâentre eux utilise lâordinateur dans le cadre prĂ©cis dâun travail de recherche dâinformation et occasionnellement pour rĂ©diger des devoirs. Seuls 20 % lâutilisent systĂ©matiquement pour leurs travaux. Ils ne sont pas non plus multitĂąches 3 % rĂ©alisent leurs devoirs tout en tĂ©lĂ©phonant, chattant ou surfant. Au moment des rĂ©visions dâexamens, les Ă©tudiants adoptent des stratĂ©gies traditionnelles, caractĂ©risĂ©es par un comportement plutĂŽt monotĂąche » Danquigny, 2012. Les usages numĂ©riques sont massivement dĂ©diĂ©s Ă la recherche documentaire, aux tĂ©lĂ©chargements des cours, Ă la communication avec les enseignants, au dĂ©pĂŽt de documents et Ă lâobtention dâinformation pour organiser leur emploi du temps. Les usages pĂ©dagogiques collaboratifs et plus gĂ©nĂ©ralement la communication entre pairs sont moins dĂ©veloppĂ©s, le fait dâaller chercher de lâinformation complĂ©mentaire dans le prolongement dâun cours lâest encore moins Paquelin, 2015. Autrement dit, les technologies ne sont pas identifiĂ©es comme un besoin au-delĂ des facilitĂ©s de communication, dâaccĂšs aux cours et de recherche dâinformation. Câest le cĂŽtĂ© pratique, câest-Ă -dire Ă la fois facile et rapide, qui est plĂ©biscitĂ© et qui est attendu ils sont critiques quand les enseignants ne rĂ©pondent pas Ă leurs questions ou quand ils ne dĂ©posent pas leurs cours en ligne, quand la qualitĂ© des supports ne leur semble pas adĂ©quate mais nâont pas spĂ©cialement dâattentes pour plus de technologies dans les cours, ne souhaitent pas avoir accĂšs Ă plus de ressources numĂ©riques Fusaro & Couture, 2012 ; Raby et al., 2011. Plusieurs Ă©tudes empiriques mettent en lumiĂšre les comportements opportunistes des Ă©tudiants ils savent que Google et WikipĂ©dia sont moins fiables que les bases de donnĂ©es professionnelles offertes par lâuniversitĂ© ; ils savent aussi que le plagiat, facilitĂ© par le copiĂ©-collĂ©, est rĂ©prĂ©hensible. Mais ils continuent nĂ©anmoins Ă privilĂ©gier ces sites gĂ©nĂ©ralistes dans leurs recherches dâinformation et Ă pratiquer le copiĂ©-collĂ© sans vĂ©ritablement sâen dĂ©fendre quand on leur demande[15]. Pour Bullen et al. 2011, les usages numĂ©riques des Ă©tudiants sont motivĂ©s par un principe dâĂ©conomie, basĂ© sur un rapport entre familiaritĂ©, coĂ»t et immĂ©diatetĂ©. Kennedy et Judd 2011 qualifient les pratiques de recherche dâinformation des Ă©tudiants de satisficing, mot valise combinant les termes satisfying satisfaisant et sufficing suffisant et signifiant que ce qui est suffisamment bien est considĂ©rĂ© comme satisfaisant⊠Les Ă©tudiants plus ĂągĂ©s et inscrits en 2e ou 3e cycles, mieux acculturĂ©s, ont cependant des pratiques plus diversifiĂ©es et plus efficaces que les jeunes bacheliers entrant dans le supĂ©rieur, et accordent encore plus dâimportance au fait de maintenir une sĂ©paration entre usages privĂ©s et usages acadĂ©miques Dahlstrom & Bichsel, 2014 ; Todorovski et al., 2015. Ces pratiques du moindre effort largement dominantes en premier cycle[16] autorisent Ă Ă©tablir un lien entre une utilisation superficielle des outils numĂ©riques et des apprentissages eux-mĂȘmes superficiels, que les chercheurs en sciences de lâĂ©ducation qualifient dâ apprentissages de surface » surface learning Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. Pour autant, il ne sâagit pas de stigmatiser les usages massifs dâoutils tels que Google et WikipĂ©dia, ni de dĂ©plorer lâopportunisme des Ă©tudiants. Ces constats invitent clairement Ă une responsabilisation renforcĂ©e des enseignants, basĂ©e en partie sur une prĂ©somption dâincompĂ©tences », pour prendre le contrepied de la formule de Serres 2012 dans son ouvrage Petite Poucette. Lâauto-efficacitĂ© une clĂ© ? Il existe une corrĂ©lation entre le sentiment dâauto-efficacitĂ©, les attentes et pratiques dâĂ©tudes et les conditions de vie des Ă©tudiants ceux qui ont le sentiment dâune vie inconfortable et qui vivent plutĂŽt seuls, ceux qui sont primo-entrants et donc inexpĂ©rimentĂ©s en tant quâĂ©tudiant, ceux qui ont un emploi alimentaire sans rapport avec leur formation ont un sentiment dâauto-efficacitĂ© plus faible que les autres. Cependant le fait de se dĂ©clarer confiants et motivĂ©s et de bĂ©nĂ©ficier dâun passĂ© scolaire satisfaisant ne protĂšge pas des difficultĂ©s. Selon Paquelin 2015, un Ă©tudiant sur trois dĂ©clare rencontrer des problĂšmes pour prendre des notes en amphithéùtre et un Ă©tudiant sur cinq pour apprendre ses cours. Les raisons avancĂ©es par les Ă©tudiants tiennent Ă une inexpĂ©rience du travail universitaire, Ă une charge de travail trop importante et Ă une difficultĂ© Ă comprendre les consignes et y rĂ©pondre de façon efficiente. Le sentiment dâauto-efficacitĂ© influe Ă©galement sur les relations avec les enseignants plus il est Ă©levĂ©, plus les interactions avec les enseignants sont frĂ©quentes. Ceux qui sont en difficultĂ© et qui parviennent Ă les exprimer le font dâabord auprĂšs de leurs proches, famille et/ou pairs, et sâadressent moins spontanĂ©ment aux enseignants Paquelin, 2015. Cela rejoint les recherches sur les dispositifs dâaccompagnement les Ă©tudiants sont globalement peu au courant des dispositifs liĂ©s au PRL par exemple et nâassocient pas le rĂŽle de lâenseignant-rĂ©fĂ©rent comme un soutien Ă leur intĂ©gration Perret, 2015. Lâanalyse est de mĂȘme nature concernant les activitĂ©s pĂ©dagogiques visant Ă renforcer la motivation des Ă©tudiants, elles fonctionnent auprĂšs des Ă©tudiants dĂ©jĂ motivĂ©s les effets sur la rĂ©ussite sont nuls pour les Ă©tudiants les plus faibles et consĂ©quents pour les plus forts Morlaix & Le Mener, 2015. Ainsi les maniĂšres dâĂ©tudier sont plus variĂ©es et le travail personnel plus approfondi quand les Ă©tudiants sont motivĂ©s Le Mener, 2012. Au final, il semble que ce que les Ă©tudiants dĂ©clarent et apprĂ©cient des activitĂ©s pĂ©dagogiques quâon leur propose â donc leur opinion â influe davantage sur leur motivation que ce quâils font rĂ©ellement Duguet, 2014. La guidance pour composer avec le facultatif⊠Le besoin de guidance â accompagnement visant des rĂ©sultats concrets et mesurables â nâest pas juste le fait des usages numĂ©riques⊠Dâune façon gĂ©nĂ©rale, le rapport Ă la contrainte est une constante dans les analyses menĂ©es sur les pratiques dâĂ©tude relĂąchĂ©es » qui sont observĂ©es dans les premiers cycles. Dans sa thĂšse, ValĂ©rie Monfort 2003 montre que ce que les enseignants considĂšrent comme une libertĂ© pour organiser leur travail est interprĂ©tĂ© par les Ă©tudiants comme un encouragement Ă ne pas produire dâefforts. MĂȘme ceux qui ont obtenu un bac scientifique aprĂšs une scolaritĂ© sans histoire en font le minimum, adoptent la norme la plus basse de lâinstitution ils arrivent en retard, ne font pas systĂ©matiquement les exercices, discutent pendant les cours⊠Câest aussi ce que confirment les travaux ultĂ©rieures de Garcia 2010, montrant comment les Ă©tudiants composent avec ce qui est obligatoire et vĂ©rifiĂ© et ce qui est facultatif, et soulignant le rĂŽle clĂ© des pairs dans la nature de lâinvestissement des Ă©tudiants. Lâamphithéùtre devient un lieu ludique oĂč lâon se retrouve entre pairs pour passer de bons moments. Autrement dit, des exigences qui ne sont pas sanctionnĂ©es ne sont pas perçues comme telles par les Ă©tudiants, en particulier par ceux qui sâinscrivent, par dĂ©faut ou non, dans des filiĂšres dominĂ©es comme la sociologie Garcia, 2010. En dĂ©finitive lâabsence dâinstitutionnalisation du temps des Ă©tudiants les abandonne Ă leurs dispositions », cest-Ă -dire que lâinstitution, quand elle ne cadre pas, ne sanctionne pas, autorise de fait des comportements relĂąchĂ©s ; la faiblesse des contraintes produit chez certains Ă©tudiants, notamment ceux dotĂ©s dâun capital scolaire et social faible, des effets de dĂ©scolarisation nĂ©gative », mĂȘme sâil ne sâagit pas de dĂ©douaner lâinstitution en surestimant le poids de lâorigine sociale Garcia, 2010. Pour autant, les enseignants dĂ©ploient des stratĂ©gies pour scolariser » les Ă©tudiants de premier cycle, en tentant de les contraindre Ă une prĂ©sence en cours et Ă un travail rĂ©gulier, en ayant recours Ă la dictĂ©e pendant les cours magistraux, etc. Ils sont aussi sensibles Ă lâĂ©quitĂ© du traitement, cherchent Ă motiver la participation des Ă©tudiants, Ă mieux les encadrer Bourgin, 2011. Dâabord dĂ©veloppĂ©e contre lâinstitution Ă lâĂ©chelle individuelle, cette scolarisation devient aujourdâhui aussi une prĂ©occupation de lâĂ©tablissement plus de groupes de plus petite taille, obligation dâassiduitĂ©, contrĂŽle continu, etc. Mais globalement lâinstitution fournit peu de moyens pour contraindre les Ă©tudiants et donner du crĂ©dit Ă leurs exigences de travail Monfort, 2003. Ătudiants et enseignants des dĂ©calages ? [revenir au sommaire] LâapprĂ©hension des pratiques Ă©tudiantes sâenvisage difficilement en dehors de tout rapprochement avec celles des enseignants. Au cĆur du processus dâenseignement-apprentissage, les uns et les autres concentrent souvent implicitement des attentes qui peuvent sâavĂ©rer divergentes les compĂ©tences numĂ©riques des Ă©tudiants sont souvent surestimĂ©es par les enseignants, le cours magistral est remis en question⊠Mais au final, que rĂ©pondent les Ă©tudiants quand on leur demande ce quâils pensent de leurs cours et de leurs expĂ©riences dâĂ©tudes en gĂ©nĂ©ral ? Pour un usage modĂ©rĂ© du numĂ©rique Toutes les Ă©tudes empiriques mettent en Ă©vidence une prĂ©fĂ©rence constante des Ă©tudiants et des enseignants pour un usage pĂ©dagogique modĂ©rĂ© des technologies numĂ©riques Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. DĂ©passer le mythe de la gĂ©nĂ©ration mutante » Le discours commun, largement nourri par les mĂ©dias, tend Ă crĂ©diter lâexistence dâune gĂ©nĂ©ration quasi mutante, fille de la gĂ©nĂ©ration Y â quâon appellerait notamment Z ou C qui crĂ©e, communique, collabore â largement imprĂ©gnĂ©e par le numĂ©rique, avec des jeunes considĂ©rĂ©s comme naturellement techno-compĂ©tents. Certains travaux sâattachant Ă qualifier cette gĂ©nĂ©ration la dĂ©crivent comme capable de communiquer, dâagir, et mĂȘme de penser diffĂ©remment ; dâautres, inspirĂ©s souvent des mauvaises neurosciences, lui prĂȘtent des caractĂ©ristiques biologiques lui permettant dâapprendre autrement[17]. Les membres de cette gĂ©nĂ©ration seraient par exemple adeptes des jeux en ligne et des mondes virtuels ; ils pratiqueraient davantage le multitĂąche et travailleraient plus volontiers en Ă©quipe ; parallĂšlement leur capacitĂ© Ă se concentrer serait plus faible et ils seraient plus impatients, incapables de rĂ©sister Ă leurs pulsions et peu enclins Ă lâempathie. Toutes les connaissances Ă©tant dĂ©sormais Ă portĂ©e de clics, ils apprendraient aussi autrement, procĂ©dant constamment par essai-erreur ; et ces auto-apprentissages les rendraient dâune part moins respectueux de lâautoritĂ© notamment celles des prescripteurs que sont les enseignants et dâautre part peu rĂ©ceptifs aux apprentissages formels de type cours magistraux par exemple. Cette logique binaire, distinguant ceux qui possĂšderaient des compĂ©tences numĂ©riques et ceux qui en possĂšderaient moins, opposant ceux nĂ©s aprĂšs 1980 et ceux nĂ©s avant, ne rĂ©siste pas Ă la rĂ©alitĂ© notamment Bennett et al., 2008 ; Bullen et al., 2011 ; Endrizzi, 2013a. Si ces approches gĂ©nĂ©rationnelles ne sont pas Ă ignorer totalement, elles se fondent sur un dĂ©terminisme comportemental qui renie la complexitĂ© du social et elles postulent sans la questionner une homogĂ©nĂ©itĂ© largement fantasmĂ©e les Ă©tudiants, au mĂȘme titre quâun autre groupe social, ne forment pas une cohorte homogĂšne et unique. En dĂ©finitive, les recherches mettent en Ă©vidence des convergences intergĂ©nĂ©rationnelles et des divergences intra-gĂ©nĂ©rationnelles multiples, les groupes sociaux apparaissant comme hĂ©tĂ©rogĂšnes et leurs intĂ©rĂȘts, motivations et comportements variables selon les contextes, dĂšs que lâon pousse lâobservation un peu plus loin que les usages de base et, au-delĂ de lâĂąge, ce sont le niveau dâĂ©tudes et le niveau de revenus qui influent le plus sur les usages Endrizzi, 2013a. Dans ces Ă©volutions qui doivent sâapprĂ©cier Ă lâĂ©chelle de lâhumanitĂ©, la condition numĂ©rique » nâest donc pas liĂ©e Ă une question de gĂ©nĂ©ration Fogel & Patino, 2013. Un plĂ©biscite pour les ENT LâadhĂ©sion non questionnĂ©e Ă lâexistence dâune gĂ©nĂ©ration techno-compĂ©tente induit des effets de surestimation et de sous-estimation, sources de malentendus entre enseignants et Ă©tudiants et potentiellement prĂ©judiciables Ă la qualitĂ© des enseignements et des apprentissages. Les enseignants peuvent ĂȘtre tentĂ©s de surestimer les compĂ©tences numĂ©riques des Ă©tudiants, qui eux-mĂȘmes surestiment le dĂ©calage entre leurs propres compĂ©tences et celles de leurs enseignants[18]. ParallĂšlement, lâinfluence dâautres facteurs, tels que lâĂąge, le genre et lâorigine sociale dâune part et les modalitĂ©s dâenseignement dâautre part, se trouve minorĂ©e. Implicitement, presque insidieusement, ces croyances nourrissent un certain statu quo, maintenant les deux parties dans des rĂŽles figĂ©s et fragilisant toute tentative de transformation pĂ©dagogique Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. Pour autant, certaines Ă©tudes montrent quâil convient aussi de relativiser le mythe des enseignants dĂ©connectĂ©s. Une enquĂȘte quĂ©bĂ©coise lancĂ©e par la CRĂPUQ ConfĂ©rence des recteurs et des principaux des universitĂ©s du QuĂ©bec en 2012 met en Ă©vidence des pratiques professionnalisĂ©es de la part des enseignants et un sentiment de compĂ©tence plutĂŽt Ă©levĂ© Fusaro & Couture, 2012. Ces rĂ©sultats sont confirmĂ©s par les enquĂȘtes nord-amĂ©ricaines dâEducause Dahlstrom & Brooks, 2014. Ătudiants et enseignants sâaccordent cependant sur lâidĂ©e que les technologies doivent leur permettre de gagner en efficacitĂ©, câest-Ă -dire dâĂȘtre plus performants avec un temps dâinvestissement Ă©quivalent PedrĂł, 2012. Les espaces numĂ©riques de travail en particulier sont plĂ©biscitĂ©s par une majoritĂ© dâĂ©tudiants et dâenseignants, alors quâinversement les rĂ©seaux sociaux ne sont pas du tout ancrĂ©s dans les usages acadĂ©miques ni des uns ni des autres. Une piste dâexplication serait que les ENT produisent de la convergence, offrent un environnement informationnel dĂ©limitĂ© qui permet aux Ă©tudiants de mieux sâorienter dans la masse dâinformations numĂ©riques disponibles Fradet et al., 2012. Ces rĂ©sultats de lâObservatoire numĂ©rique de lâenseignement supĂ©rieur sont convergents avec ceux des enquĂȘtes menĂ©es annuellement depuis 2004 par ECAR Educause Center for Analysis and Research oĂč figure trĂšs nettement lâadhĂ©sion des protagonistes Ă lâĂ©gard des ENT. Enseignants et Ă©tudiants partagent par ailleurs le sentiment que lâexploitation quâils font respectivement de ces environnements pourrait ĂȘtre moins superficielle. Plus que les enseignants, les Ă©tudiants Ă©mettent le souhait que les ENT amĂ©liorent leurs fonctionnalitĂ©s de communication et proposent des interfaces plus conviviales, plus faciles Ă utiliser en mobilitĂ© notamment Dahlstrom & Brooks, 2014 ; Dahlstrom & Bichsel, 2014. Parmi les autres points de convergence, figure le multi-Ă©quipement Ă©tudiants et enseignants sont proportionnellement mieux Ă©quipĂ©s que la moyenne de la population en ordinateurs portables et en smartphones. Pour autant les expĂ©riences BYOD Bring your own device sont rares, dĂ©montrant pour le coup un dĂ©calage entre Ă©tudiants utilisant leur tĂ©lĂ©phone pour chercher de lâinformation, photographier des contenus, accĂ©der Ă des ressources pĂ©dagogiques, enregistrer les cours⊠et enseignants presque unanimes Ă bannir lâusage du tĂ©lĂ©phone en cours et encore trĂšs rĂ©servĂ©s sur celui de lâordinateur portable ou de la tablette Dahlstrom & Brooks, 2014 ; Dahlstrom & Bichsel, 2014. Dâautres travaux par exemple Fradet et al., 2012 montrent que les Ă©tudiants de premier cycle sont sur certains points plus conservateurs que leurs enseignants ils privilĂ©gient nettement les ressources au format papier sâils ont le choix, alors que les enseignants sont plus enclins Ă utiliser les ressources numĂ©riques, plus faciles Ă rechercher, manipuler et archiver. En tout Ă©tat de cause, le support, papier ou numĂ©rique, ne constitue pas une clĂ© de diffĂ©renciation forte des usages, câest davantage le type de ressource pĂ©dagogique utilisĂ© qui varie selon les filiĂšres dâĂ©tudes les Ă©tudiants et enseignants des filiĂšres littĂ©raires privilĂ©gient les ouvrages spĂ©cialisĂ©s et les encyclopĂ©dies alors que ceux des filiĂšres scientifiques ont davantage recours aux polycopiĂ©s de cours et aux livres dâexercices. Le cours magistral, est-ce vraiment le problĂšme ? Le cours magistral serait devenu dĂ©suet, obsolĂšte, inefficace pour apprendre⊠Il sâagirait donc dâinvestir dans des pĂ©dagogies plus stimulantes, capables de mettre en activitĂ© les Ă©tudiants, notamment avec du travail de groupe⊠De nombreuses recherches aujourdâhui montrent les bĂ©nĂ©fices de ces pĂ©dagogies actives approche par projet, Ă©tudes de cas, rĂ©solution de problĂšmes, etc. et notamment leurs effets sur la motivation Ă apprendre des Ă©tudiants BĂ©dard & Viau, 2001. ConsidĂ©rĂ©es comme une contribution Ă une approche plus centrĂ©e sur lâĂ©tudiant, ces mĂ©thodes font lâobjet dâinjonctions diverses, tant Ă lâĂ©chelle nationale quâeuropĂ©enne, elles sont par exemple un des objectifs clĂ©s du Processus de Bologne depuis le CommuniquĂ© de Louvain 2009. Si la question nâest pas de remettre en cause ces recherches, il est toutefois permis de sâinterroger sur ce que pensent les Ă©tudiants de ces cours magistraux et plus gĂ©nĂ©ralement de lâenseignement transmissif. Un enseignement transmissif en amphi ou non ? Les Ă©tudiants ne souhaitent pas que les cours magistraux[19] disparaissent et encore moins que les cours Ă distance remplacent les cours en prĂ©sentiel. Ils adhĂšrent globalement Ă un modĂšle transmissif, celui quâils ont connu dans leur scolaritĂ© antĂ©rieure, mĂȘme sâils nâexcluent pas totalement la possibilitĂ© de pouvoir suivre une partie de leurs cours Ă distance, par commoditĂ© PedrĂł, 2012. Si le format hybride permet une certaine flexibilitĂ©, la formule tout Ă distance est considĂ©rĂ©e en lâabsence dâautres choix. En prĂ©sentiel, les Ă©tudiants apprĂ©cient lâimmĂ©diatetĂ© des Ă©changes et se sentent mieux accompagnĂ©s ; la prĂ©sence physique diminue le risque de malentendu et dâisolement. Ils considĂšrent quâĂ©couter favorise la comprĂ©hension et la mĂ©morisation et que les contraintes spatio-temporelles de lâactivitĂ© sont bĂ©nĂ©fiques Papi & Glickman, 2015. Le mode transmissif en tant que tel nâest pas remis en question, câest le lieu amphithéùtre » qui se prĂȘterait en dĂ©finitive mal Ă cet enseignement car il autorise une pluralitĂ© dâusages et facilite dâautant plus le relĂąchement que le fait dâassister Ă ces cours est facultatif Ă lâuniversitĂ©. Les Ă©tudiants, encouragĂ©s au minimum, nâen font pas plus et investissent par exemple cet espace comme un lieu de retrouvailles avec leurs pairs Garcia, 2010. Pour Loizon et Mayen 2015, le cours magistral est devenue une situation dâapprentissage saturĂ©e par des instruments apportĂ©s Ă la fois par les enseignants diaporamas, vidĂ©os⊠et par les Ă©tudiants tĂ©lĂ©phones, ordinateursâŠ. Cette situation est gĂ©rĂ©e de façon trĂšs diverse par les enseignants, certains rendant les supports accessibles, dâautres pas, certains avant le cours, dâautres aprĂšs⊠plaçant les Ă©tudiants dans une position dâinconfort. Pour autant, les Ă©tudiants apprĂ©cient la parole incarnĂ©e et adressĂ©e » de lâenseignant en cours magistral une parole fluide et claire, avec une rĂ©elle maĂźtrise du contenu et une plus-value par rapport au diaporama, de la part dâun enseignant capable de donner son point de vue, dâintroduire des anecdotes, de faire appel Ă des expĂ©riences vĂ©cues ; capable aussi ponctuellement de se libĂ©rer du diaporama pour rĂ©investir le tableau, Ă lâancienne ». Câest donc la capacitĂ© de lâenseignant Ă intĂ©resser son auditoire qui compte Loizon & Mayen, 2015. Mais les enjeux autour du cours magistral ne relĂšvent pas simplement de la transmission de connaissances ni du charisme de lâenseignant ils touchent aussi Ă une forme de rituel acadĂ©mique qui lĂ©gitime les postures enseignantes et Ă©tudiantes et qui varient selon les disciplines. DâaprĂšs Boyer et Coridian 2002, les historiens adoptent une posture plus distante que les sociologues par exemple, pouvant en partie sâexpliquer par un enseignement plus acadĂ©mique, basĂ© sur un programme » Ă suivre, et par le refus dâendosser un rĂŽle de contrĂŽle et de rĂ©gulation des comportements Ă©tudiants dans les amphithéùtres. Les sociologues en revanche sont moins protocolaires et ont une posture plus interventionniste face Ă lâauditoire. La thĂšse rĂ©cente de Duguet 2014 signale Ă©galement une variĂ©tĂ© de pratiques pĂ©dagogiques dans les cours magistraux, bien que lâapproche reste considĂ©rĂ©e comme traditionnelle ». Cette pratique de la lecture, ancrĂ©e dans la culture universitaire depuis le Moyen-Ăge, ne serait donc pas vraiment le problĂšme. Pour preuve, certains enseignants deviennent stars du web en dispensant des confĂ©rences en ligne. Savoir utile ou savoir abstrait faut-il choisir ? DerriĂšre ces dĂ©bats autour des mĂ©thodes pĂ©dagogiques, câest le lien entre thĂ©orie et pratique qui est aussi questionnĂ©, et qui moins prosaĂŻquement met en tension la mission de lâuniversitĂ© et le rapport au savoir des Ă©tudiants. Avec dâun cĂŽtĂ© une universitĂ© qui distingue thĂ©orie et pratique, qui privilĂ©gie lâautonomie et la distanciation, qui sâapplique Ă ĂȘtre une tour dâivoire en tant quâinstitution dont le principal objet est la recherche de la vĂ©ritĂ© HusĂ©n, 1994, citĂ© par Fernex & Lima, 2006 et de lâautre cĂŽtĂ© des Ă©tudiants attachĂ©s au concret et Ă lâutile, peu enclins Ă apprĂ©cier les savoirs abstraits et travaillant dans la logique de lâexamen Paivandi, 2015. Ces tensions sont particuliĂšrement fortes en premier cycle, du fait de la multiplicitĂ© des projets dâĂ©tudes quâils concentrent. Les travaux dĂ©jĂ anciens de Bourgin 2011 sur les DEUG diplĂŽme dâĂ©tudes universitaires gĂ©nĂ©rales, ont bien mis en Ă©vidence comment le premier cycle apparaĂźt, Ă la fois du point de vue du rapport aux enseignĂ©s et dans le traitement du savoir, comme un temps dâhĂ©sitation, dâattente, une phase de latence ». LâarrivĂ©e des nouveaux Ă©tudiants Ă la fin des annĂ©es 1990 nâa pas conduit Ă une redĂ©finition des objectifs pĂ©dagogiques la tendance observĂ©e Ă la scolarisation » intervient comme un mode dâajustement immĂ©diat, liĂ© au face-Ă -face pĂ©dagogique, qui reste superficielle. Le dĂ©calage est manifeste entre les attentes des enseignants et les pratiques Ă©tudiantes les enseignants considĂšrent quâils Ćuvrent davantage pour sensibiliser Ă une posture intellectuelle ou encourager une vocation de chercheur que pour transmettre vĂ©ritablement des connaissances ; les incitations au travail personnel, sous prĂ©texte dâentraĂźnement Ă lâautonomie, sont quasi nulles ; les pratiques qui Ă©taient vertueuses dans le secondaire sont en quelque sorte minorĂ©es au profit dâautres qualitĂ©s associĂ©es Ă la conception humboldtienne de formation Ă la recherche par la recherche et de libertĂ© dâapprendre qui nourrit lâuniversitĂ© française depuis le XIXe siĂšcle. Ces tensions entre une scolarisation croissante des modes dâenseignement » et une universitarisation persistante du traitement des savoirs » gĂ©nĂšrent une contradiction plus ou moins marquĂ©e selon les disciplines entre formes scolaire et universitaire Bourgin, 2011. Selon Garcia 2010, elles questionnent fortement la pertinence des dispositifs de lutte contre lâĂ©chec Ă lâuniversitĂ©, qui nâapprĂ©hendent pas les relations dâinterdĂ©pendance entre origine sociale, rĂ©ussite et institution. Pour autant, quand on leur demande ce quâils pensent de leur formation, des Ă©tudiants europĂ©ens apportent une rĂ©ponse plus nuancĂ©e. Ceux de lâESU dâabord ne se positionnent pas en clients que lâinstitution doit satisfaire, ils apprĂ©cient de se sentir membres de la communautĂ© universitaire et estiment que leurs annĂ©es dâĂ©tudes doivent constituer une Ă©tape essentielle dans leur dĂ©veloppement personnel et citoyen ESU, 2013. Ceux interrogĂ©s par la FREREF renvoient lâimage dâun enseignement qui met beaucoup plus lâaccent sur les connaissances disciplinaires que sur leur propre travail ils estiment que la formation leur apporte les fondamentaux et quâelle dĂ©veloppe leur capacitĂ© dâanalyse, mais que lâapplication des connaissances est insuffisante et que les possibilitĂ©s de dĂ©velopper leurs centres dâintĂ©rĂȘt et de participer Ă des dĂ©bats dans le cadre de la formation sont pauvres. Sur un plan plus transversal, ils pensent aussi que les prolongements sociĂ©taux et les questions Ă©thiques liĂ©es aux disciplines sont peu valorisĂ©s Fernex & Lima, 2006. Savoir utile ou quĂȘte de sens ? Pas dâattentes rĂ©elles pour des pĂ©dagogies innovantes La qualitĂ© dâun cours pour les Ă©tudiants nâest pas intrinsĂšquement liĂ©e Ă son degrĂ© dâintĂ©gration des technologies. Leurs attentes sont plus influencĂ©es par leur expĂ©rience antĂ©rieure de lâenseignement que par leurs pratiques numĂ©riques. Il nây a pas de demande pour des classes inversĂ©es, pour des SPOC small private online course, ni pour tout autre dispositif dont lâabsence pourrait justifier la faible motivation des Ă©tudiants. Leurs usages de lâinternet sont plutĂŽt passifs, ils se comportent massivement comme des usagers peu entreprenants. Ils ne sont pas demandeurs de travaux dâĂ©criture en ligne, ni globalement dâactivitĂ©s collaboratives en ligne ou en prĂ©sentiel. La flexibilitĂ© offerte par la mise Ă disposition de ressources en ligne nâest ainsi pas spontanĂ©ment exploitĂ©e, câest le just in time qui domine les pratiques dâĂ©tudes. Autrement dit, elles ne se dĂ©veloppent pas par rapport Ă un ensemble de potentialitĂ©s offertes dans un environnement donnĂ©, mais sont des rĂ©ponses directes aux exigences des enseignants dans les cours si les enseignants nâexplicitent pas clairement leurs exigences en matiĂšre de travail personnel par exemple ou sâils adoptent des modes dâenseignement conventionnels, plutĂŽt transmissifs, il est peu probable que les Ă©tudiants se montrent proactifs dans leur travail personnel Fusaro & Couture, 2012 ; Margaryan et al., 2011 ; PedrĂł, 2012. Les Ă©tudiants nâont pas non plus de demande pour des apprentissages individualisĂ©s » lâenseignement doit fournir un cadre avec des objectifs communs, des dispositifs pĂ©dagogiques communs et des Ă©valuations communes câest la cohĂ©rence curriculaire qui importe Ă leurs yeux. Les neurosciences invitent Ă questionner les thĂ©ories des styles dâapprentissage, trĂšs controversĂ©es, et dĂ©noncent un neuromythe aucune recherche indĂ©pendante ne permet aujourdâhui dâaffirmer que lâefficacitĂ© des apprentissages est subordonnĂ©e Ă un enseignement qui tienne compte des prĂ©fĂ©rences auditives, visuelles ou kinesthĂ©siques des Ă©tudiants Coffield et al., 2004. Pour autant, la question nâest pas tellement de savoir si telle ou telle mĂ©thode pĂ©dagogique est suffisamment active ou pas. Pour les associations Ă©tudiantes membres de lâESU European Studentsâ Union, il sâagit davantage de considĂ©rer ces mĂ©thodes comme une contribution Ă une approche prĂŽnant une vĂ©ritable centration des apprentissages sur lâĂ©tudiant student centred learning, SCL. Au-delĂ de la mĂ©thode donc, câest la culture de lâĂ©tablissement qui est en jeu, mobilisĂ© en faveur dâun processus continu dâamĂ©lioration des expĂ©riences dâĂ©tudes. Dans son ambition de sensibiliser le monde universitaire Ă cette question, la fĂ©dĂ©ration Ă©tudiante sâest investie dans la conception dâune grille qui servira Ă labelliser les Ă©tablissements SCL » Todorovski et al., 2015, projet PASCL. De la qualitĂ© du cours Ă celle des apprentissages Au cĆur de la qualitĂ© du cours, les contenus et la cohĂ©rence Si les Ă©tudiants expriment certaines rĂ©ticences Ă lâĂ©gard de mĂ©thodes trop innovantes, trop expĂ©rimentales et dont la valeur ajoutĂ©e ne leur apparait pas Ă©vidente, ils ne sont pas pour autant fermĂ©s au changement ils rĂ©agissent positivement quand le cours offre des dĂ©fis intellectuels intĂ©ressants, quand les exposĂ©s magistraux sont utilisĂ©s Ă bon escient, quand les ressources proposĂ©s sont pertinentes, quand lâĂ©valuation fait sens par rapport aux savoirs et aux compĂ©tences sollicitĂ©s pendant le cours⊠Fusaro & Couture, 2012. En mobilisant les recherches sur lâEEE Ă©valuation des enseignements par les Ă©tudiants, on sâaperçoit que les Ă©tudiants ne plĂ©biscitent pas un enseignant parce quâil est sympathique, parce quâil donne peu de travail ou parce quâil note large. Au contraire, ce sont les enseignants les plus exigeants qui obtiennent les meilleurs scores. Si la personnalitĂ© de lâĂ©tudiant intervient peu dans les Ă©valuations, en revanche, il est Ă©tabli que lâintĂ©rĂȘt pour la matiĂšre influence de façon significative les rĂ©sultats de lâEEE ; un enseignant qui sait susciter lâintĂ©rĂȘt de ses Ă©tudiants obtient donc de meilleurs rĂ©sultats aux Ă©valuations. Ces rĂ©sultats sont Ă©galement relativement stables dans le temps, indiquant une certaine permanence de la posture des enseignants⊠et du jugement des Ă©tudiants. Autrement dit, un enseignant dĂ©crit comme bien organisĂ© mais peu enthousiaste tend Ă lâĂȘtre toute sa carriĂšre durant Endrizzi, 2014. La qualitĂ© est donc ailleurs, dans la cohĂ©rence interne du cours articulation cours et travaux dirigĂ©s, qualitĂ© des supports, pertinence des Ă©valuations et dans lâexpĂ©rience vĂ©cue en classe Fusaro & Couture, 2012 ; Margaryan et al., 2011 ; Paquelin, 2015. En dĂ©finitive, il semblerait que ce qui compte dans lâexpĂ©rience Ă©tudiante, ce sont dâabord les activitĂ©s pĂ©dagogiques et les contenus dâenseignement, avant les relations interpersonnelles avec les enseignants et les autres Ă©tudiants MĂ©nard, 2012. Les dimensions de lâexpĂ©rience Ă©tudiante Pour apprĂ©hender la qualitĂ© des expĂ©riences dâĂ©tudes de façon plus systĂ©mique, lâexamen de quelques initiatives faisant entendre la student voice semble utile. Pour les associations membres de lâESU, mobilisĂ©es dans la conception dâune charte, la qualitĂ© de la formation ne sâapprĂ©cie en effet pas seulement Ă lâĂ©chelle dâun cours donnĂ©. Quatre dimensions sont estimĂ©es dĂ©terminantes par les Ă©tudiants interrogĂ©s un curriculum Ă©quilibrĂ© entre connaissances et compĂ©tences, des modalitĂ©s dâenseignement qui les rendent acteurs, un environnement dâapprentissage qui rĂ©ponde Ă leurs besoins et des Ă©quipements et services qui soutiennent efficacement leur vie dâĂ©tudiant ESU, 2013, projet QUEST. En Australie, le CEQ Course Experience Questionnaire[20], mesure depuis plus de vingt ans la perception quâont les diplĂŽmĂ©s de leur expĂ©rience dâĂ©tudes Ă lâissue de leur premier cycle universitaire. Le protocole dâenquĂȘte, basĂ© sur une recherche de Ramsden et Entwistle en Grande-Bretagne 1981, distingue dix dimensions susceptibles de favoriser des apprentissages en profondeur satisfaction gĂ©nĂ©rale, qualitĂ© des enseignements et dĂ©veloppement dâhabiletĂ©s gĂ©nĂ©riques constituent le corps de lâenquĂȘte ; les sept autres dimensions sont facultatives clartĂ© des objectifs, charge de travail appropriĂ©e, mĂ©thodes dâĂ©valuation appropriĂ©es, motivation intellectuelle, services dâaccompagnement, qualitĂ©s des niveaux supĂ©rieurs, ressources pĂ©dagogiques et communautĂ© dâapprentissage. Si les Ă©tudiants estiment que leur expĂ©rience dâĂ©tudes est globalement satisfaisante, que les cours Ă©taient stimulants et que ce quâils ont appris leur sera utile, une part significative dâentre eux dĂ©clare ressentir une forte pression en raison dâune charge de travail importante. Les rĂ©sultats sont cependant Ă nuancer selon les profils dâinscription les Ă©tudiants internationaux ont des scores dâinsatisfaction significativement plus Ă©levĂ©s pour ce qui concerne la charge de travail et lâĂ©valuation, alors que les Ă©tudiants Ă temps partiel et les Ă©tudiants Ă distance expriment beaucoup moins dâinsatisfaction sur ces deux dimensions que les Ă©tudiants prĂ©sents sur le campus. Sâagissant des facteurs internes, la variable la plus significative est lâĂąge quelle que soit la discipline dâĂ©tudes, les Ă©tudiants les plus ĂągĂ©s expriment une satisfaction supĂ©rieure sur une majoritĂ© de dimensions, tandis que les plus jeunes apprĂ©cient davantage la prĂ©sence de services dâaccompagnement et la dimension communautaire Carroll, 2015. Une autre enquĂȘte nationale, la NSSE National Survey of Student Engagement, dĂ©veloppĂ©e par lâuniversitĂ© dâIndiana, sâest rĂ©pandue depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, aux Ătats-Unis mais aussi au Canada, avec pour objectif dâĂ©valuer le degrĂ© dâengagement des Ă©tudiants dans leurs Ă©tudes et ce quâils perçoivent des efforts dĂ©ployĂ©s par lâinstitution qui les accueille pour les aider Ă rĂ©ussir[21]. Elle est administrĂ©e Ă la fin des premiĂšre et derniĂšre annĂ©es acadĂ©miques du premier cycle dans les colleges participants. Quatre dimensions structurent le questionnaire participation Ă des activitĂ©s Ă©ducatives multiples ; exigences institutionnelles et nature stimulante des cours ; perception de lâenvironnement dâĂ©tudes ; estimation de leur dĂ©veloppement individuel, en tant quâĂ©tudiant et que personne, depuis le dĂ©but du college[22]. Cette entrĂ©e par lâengagement des Ă©tudiants est assez originale[23]. Quâil sâagisse de mesurer le niveau de dĂ©fi intellectuel offert par les cours, la part dâapprentissage actif et collaboratif ou bien la quantitĂ© et qualitĂ© des interactions entre enseignants et Ă©tudiants, tous ces critĂšres constituent une mesure fiable de lâengagement des Ă©tudiants dans leurs Ă©tudes et corrĂ©lativement de leur rĂ©ussite, caractĂ©risĂ©e par des indicateurs de performance mais aussi de gain » ce qui a changĂ© pendant la formation[24]. Les rĂ©sultats de lâĂ©dition 2015 mettent en Ă©vidence le caractĂšre insuffisamment stimulant des cours pour la moitiĂ© des Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e, observĂ© dans une moindre mesure chez les Ă©tudiants plus ĂągĂ©s, notamment inscrits Ă distance ; la motivation des Ă©tudiants apparaĂźt en contrepartie plus forte quand les cours encouragent la crĂ©ativitĂ©. LâĂ©cart entre le niveau de sĂ©lection Ă lâentrĂ©e fort et le niveau dâexigences dans les cours faible est cependant largement soulignĂ© et influence les apprĂ©ciations des Ă©tudiants sur la qualitĂ© globale de la formation reçue NSSE, 2015. Ces enquĂȘtes mettent ainsi en Ă©vidence avec une certaine constance des Ă©carts de perception sur le travail Ă fournir en dehors des cours, tant en termes de travail personnel que de rĂ©vision pour les examens. Quelles implications pour la rĂ©ussite Ă©tudiante ? [revenir au sommaire] Les lectures exploitĂ©es dans ce dossier soulignent, en creux, la faible capacitĂ© du systĂšme Ă©ducatif français Ă gĂ©rer lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la population Ă©tudiante et son manque de flexibilitĂ© Ă lâĂ©gard de trajectoires qui ne seraient pas linĂ©aires. Tout concourt en effet Ă lĂ©gitimer leur irrĂ©versibilitĂ© un systĂšme basĂ© sur des articulations faibles entre des formations secondaires dĂ©jĂ spĂ©cialisĂ©es et un enseignement supĂ©rieur extrĂȘmement morcelĂ©, pas de cadre juridique permettant de combiner officiellement les Ă©tudes avec une activitĂ© salariĂ©e, des dispositifs de formation continue qui encouragent insuffisamment lâaccĂšs Ă des formations diplĂŽmantes Charles, 2015. Tout se passe comme si la rĂ©ussite des Ă©tudes supĂ©rieures en France sâobtenait malgrĂ© le systĂšme Ă©ducatif. Les Ă©tudiants composent avec cet espace contraint, dans et en dehors duquel ils Ă©voluent, pour façonner leur projet professionnel. Ă lâissue de ce dossier, force est de constater que peu de travaux panoramiques permettent de caractĂ©riser cette population Ă©tudiante et dâen apprĂ©cier les Ă©volutions dans le temps. Lâouvrage de Lahire, Les maniĂšres dâĂ©tudier, date de 1997 ; celui de Gruel et al. 2009 sâintĂ©resse davantage aux conditions de vie et dâĂ©tudes. Comment dĂ©passer les analyses sociologiques focalisĂ©es sur les inĂ©galitĂ©s dâaccĂšs et de parcours pour apprĂ©hender le travail Ă©tudiant Ă la lumiĂšre des diffĂ©rences contextuelles liĂ©es aux Ă©tablissements, aux filiĂšres et aux cycles dâĂ©tudes, facteurs clĂ©s de diffĂ©renciation ? Entre les enquĂȘtes de lâOVE, concentrĂ©es sur les conditions de vie et dâĂ©tudes, et celles du CĂREQ, qui mesurent lâinsertion professionnelle des jeunes, nây aurait-il pas la place pour une enquĂȘte permettant de mieux connaĂźtre et de comprendre les expĂ©riences dâĂ©tudes ? Peut-on dĂ©cemment postuler que les Ă©tudiants Ă temps partiel, les Ă©tudiants en formation continue et les Ă©tudiants Ă distance, dont le nombre est appelĂ© Ă augmenter dans les prochaines annĂ©es, ont les mĂȘmes pratiques, alors que leurs objectifs varient et quâils sâinscrivent dans des espaces-temps trĂšs diffĂ©renciĂ©s ? Comment se satisfaire de cet autre angle mort de la recherche sur la prĂ©sence des Ă©tudiants internationaux dans les formations, qui nĂ©cessairement influe sur les expĂ©riences dâenseignement de tous les enseignants et dâapprentissage de tous les Ă©tudiants High Level Group on the Modernisation of Higher Education, 2014 ? Toutes ces questions ne relĂšvent bien Ă©videmment pas seulement du niveau national. Sans doute les cadres juridiques nationaux devraient-ils permettre aux Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur de collecter des donnĂ©es sur les expĂ©riences de leurs Ă©tudiants, au-delĂ des formulaires de satisfaction distribuĂ©s dans le cadre de lâĂ©valuation des enseignements. Mais y aurait-il des chercheurs pour sâen emparer et les exploiter ? Chaque Ă©tablissement ne devrait-il pas possĂ©der ses propres chercheurs en Ă©ducation pour analyser les forces et les faiblesses institutionnelles Ă lâaune des donnĂ©es fournies par des enquĂȘtes nationales ? En tout Ă©tat de cause, la student voice est amenĂ©e Ă se faire davantage entendre. Les Ă©tudiants de lâESU sâorganisent dĂ©jĂ par exemple, en cherchant Ă dĂ©finir un cadre pour lâattribution dâun label aux Ă©tablissements prĂŽnant une vĂ©ritable centration sur les Ă©tudiants ; la Commission europĂ©enne, avec la fondation Lumina, rĂ©alise pour sa part une double enquĂȘte, auprĂšs des Ă©tudiants et des personnels, pour mesurer le degrĂ© dâintroduction des approches par compĂ©tences dans lâenseignement supĂ©rieur europĂ©en et amĂ©ricain Learning outcomes / competences research project. Recherche ou pas, ces interrogations plaident au final pour un engagement plus stratĂ©gique des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur en faveur de la qualitĂ© des enseignements et des apprentissages afin de fournir aux enseignants et aux Ă©tudiants des opportunitĂ©s pour travailler autrement, plus collectivement et dans une plus grande transparence Endrizzi, 2014 ; Paivandi, 2015. Elles soulignent lâimportance dâadopter une approche Ă©cologique plus globale des cours et des fonctions liĂ©es Ă lâenseignement, Ă penser les formations selon des logiques curriculaires prĂŽnant un alignement plus fort entre objectifs, activitĂ©s et Ă©valuation Biggs, 2011. Parmi les nombreuses pistes qui apparaissent fĂ©condes Ă explorer si lâon se positionne Ă un niveau curriculaire, deux retiennent notre attention Ă lâissue de cette synthĂšse le rythme des apprentissages, liĂ© notamment Ă la charge de travail en dehors des cours, et plus globalement Ă la maĂźtrise institutionnelle du temps personnel, et celle des modes dâĂ©valuation des apprentissages, lâun et lâautre Ă©tant considĂ©rĂ©s avec une certaine constance comme les principaux points dâinsatisfaction dans les grandes enquĂȘtes nationales ou internationales portant sur lâexpĂ©rience des Ă©tudiants Carroll, 2015 ; NSSE, 2015. Autrement dit, si les dĂ©calages entre enseignants et Ă©tudiants concernant les pratiques numĂ©riques sont Ă relativiser, les Ă©carts de perception sur le travail Ă fournir en dehors des cours sont en revanche bien plus marquĂ©s. Au niveau du processus mĂȘme dâenseignement et dâapprentissage, il sâagit encore de transmettre des connaissances, et Ă cet Ă©gard Ă©tudiants et enseignants pourraient se rejoindre, les uns en Ă©tant moins concentrĂ©s sur le diplĂŽme, les autres en acceptant de considĂ©rer la dimension sociale de leur activitĂ© pĂ©dagogique, les uns et les autres Ă©tant dâores et dĂ©jĂ dâaccord sur le fait que lâessentiel rĂ©side dans les contenus. Il sâagit aussi de fournir Ă tous les Ă©tudiants des conditions optimales pour apprendre, en privilĂ©giant des approches plus expĂ©rimentales et en investissant davantage dans lâingĂ©nierie, avec des innovations moins silencieuses » Viaud, 2015 et une pĂ©dagogie plus inclusive » privilĂ©giant une diversitĂ© de mĂ©thodes. Cette transformation pĂ©dagogique » Bertrand, 2014 implique de miser plus franchement sur les plus-values du numĂ©rique accĂšs aux ressources, communication et travail collaboratif et de privilĂ©gier des articulations innovantes entre modalitĂ©s en prĂ©sentiel et Ă distance, basĂ©es sur des mĂ©thodes plus actives et plus rĂ©flexives. Autrement dit, paradoxalement il sâagit de redonner de la valeur Ă ce qui se passe en prĂ©sentiel pour favoriser lâengagement des Ă©tudiants dans leurs apprentissages, tout en parvenant Ă un certain Ă©quilibre entre gĂ©nĂ©ralisation pĂ©dagogie inversĂ©e pour tous et personnalisation pĂ©dagogie adaptive » pour chacun. Une transformation qui donc requiert moins de croyance dans le bĂ©nĂ©fice des technologies et des pĂ©dagogies actives, pour mieux considĂ©rer le dĂ©veloppement continu de compĂ©tences numĂ©riques chez les enseignants et les Ă©tudiants, nĂ©cessaire pour fonder la sociĂ©tĂ© apprenante » de demain BĂ©jean & Monthubert, 2015. Faire rĂ©ussir les Ă©tudiants, cela signifie bien plus que les conduire Ă la licence en trois ans. Câest aussi se donner les moyens de considĂ©rer lâexpĂ©rience Ă©tudiante comme un tout, au-delĂ des populations fragmentĂ©es qui composent lâenseignement supĂ©rieur, comme le propose dĂ©jĂ le Plan national de vie Ă©tudiante lancĂ© Ă la rentrĂ©e 2015 MENESR, 2015b câest intĂ©grer une rĂ©flexion sur les conditions de vie, notamment sur le campus, favoriser et valoriser aussi leur engagement, par exemple avec les cĂ©sures, et laisser du temps pour que les projets professionnels mĂ»rissent. Câest dâabord former les citoyens de demain, en les rendant capables de dĂ©velopper leur pouvoir dâagir » et en leur permettant de devenir des apprenants tout au long de la vie. Dans cette perspective, lâautonomie, liĂ©e au dĂ©veloppement personnel, ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un prĂ©requis, câest un enjeu, voire une des finalitĂ©s. 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Les innovateurs silencieux histoire des pratiques dâenseignement Ă lâuniversitĂ©, des annĂ©es 1950 Ă 2010. Grenoble Presses universitaires de Grenoble. Notes [revenir au sommaire] [1] Toutes les rĂ©fĂ©rences bibliographiques citĂ©es dans ce Dossier sont accessibles sur notre bibliographie collaborative. [2] SchĂ©ma LMD licence-master-doctorat ; loi LRU loi relative aux libertĂ©s et responsabilitĂ©s des universitĂ©s ; PRES pĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur ; COMUE communautĂ© dâuniversitĂ©s et dâĂ©tablissements. [3] Ce dossier est rĂ©alisĂ© Ă lâoccasion dâune confĂ©rence de consensus organisĂ©e conjointement par lâInstitut français de lâĂducation ENS de Lyon et la Direction gĂ©nĂ©rale de lâenseignement supĂ©rieur et de lâinsertion professionnelle MinistĂšre de lâĂducation nationale, de lâEnseignement supĂ©rieur et de la Recherche, Ă Paris les 16 et 17/12/2015, sur le thĂšme RĂ©ussite et Ă©chec dans lâenseignement supĂ©rieur ». [4] Si la France dĂ©passe lâobjectif des 40 % de diplĂŽmĂ©s de lâenseignement supĂ©rieur parmi les 30-34 ans, elle est trĂšs Ă©loignĂ©e des 15 % dâadultes devant participer annuellement Ă une formation dâau moins quatre semaines, fixĂ©s par la StratĂ©gie Europe 2020 Ă peine 6 % des adultes en Ăąge de travailler sont concernĂ©s. En 2012, 10 % des diplĂŽmes dĂ©livrĂ©s par les universitĂ©s lâont Ă©tĂ© au titre de la formation continue. [5] Les Ă©tudiants domiciliĂ©s en France sont spontanĂ©ment peu mobiles, si lâon exclut les stages obligatoires. 30 % des inscrits en master Ă lâuniversitĂ© ont effectuĂ© au moins un sĂ©jour Ă lâĂ©tranger en relation avec leurs Ă©tudes ; ce sont les inscrits en sciences et en santĂ© qui sont les moins mobiles. Les Ă©lĂšves des Ă©coles sont plus mobiles que les Ă©tudiants universitaires, ceux des Ă©coles dâingĂ©nieurs partent plus souvent par leurs propres moyens alors que ceux des Ă©coles de management profitent davantage des programmes dâĂ©changes OVE, 2014. [6] Pour Gruel in Gruel et al., 2009, ces donnĂ©es invitent Ă relativiser la thĂšse dâune paupĂ©risation du monde Ă©tudiant, tout en soulignant une tension budgĂ©taire croissante chez une minoritĂ© dâentre eux, principalement parmi les dĂ©cohabitants Ă©mancipĂ©s » ceux qui ne vivent plus chez leurs parents et dĂ©clarent des revenus indĂ©pendants. [7] Ce mal-ĂȘtre peut sâavĂ©rer ambivalent. LâenquĂȘte de Paquelin 2015 montre quâil nâest pas incompatible avec un sentiment dâappartenance Ă lâĂ©tablissement. Cette mĂȘme ambivalence est observĂ©e entre le fait dâĂ©prouver du plaisir aux Ă©tudes et de se sentir anxieux. [8] Les Ă©coles dâingĂ©nieurs accueillent pour leur part 6 % des Ă©tudiants et les Ă©coles de management et de commerce 6 % Ă©galement. Enfin, 10 % des Ă©tudiants sont inscrits en STS et 3 % en CPGE. [9] La mise en Ćuvre de la plateforme nationale APB visait une rationalisation des choix dâorientation, couplĂ©e Ă une ambition de prĂ©server une certaine Ă©quitĂ© de traitement des demandes dâadmission dans lâenseignement supĂ©rieur⊠Une ambition trĂšs française misant sur un outil national pour favoriser des choix rationnels de la part des Ă©lĂšves en amont et une procĂ©dure commune de gestion des demandes par les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur en aval. Outre le fait que toutes les formations supĂ©rieures ne sont pas prĂ©sentes sur APB, les algorithmes conçus pour traiter les demandes en fonction des capacitĂ©s dâaccueil dĂ©clarĂ©es des filiĂšres restent opaques et la transparence liĂ©e aux dĂ©cisions finales peu effective, chaque Ă©tablissement fixant en dĂ©finitive ses propres critĂšres par exemple, certaines CPGE recrutent Ă 120 % de leur capacitĂ© dâaccueil, tandis que dâautres ont un taux de remplissage bien infĂ©rieur Ă 80 % Henriet & Pietryk, 2012. [10] Il distingue la conception anglaise des parcours dâĂ©tudes avec la mĂ©taphore de la voiture personnelle, laissant les individus libres de leur destination et de leur rythme, de la conception suĂ©doise rapprochĂ©e dâune infrastructure collective telle que le mĂ©tro oĂč chaque individu se dĂ©place Ă son grĂ©, prenant autant de correspondances quâil le souhaite Charles, 2015. [11] Savoir Ă©valuer lâintĂ©gration sociale Ă lâaide dâindicateurs individuels et contextuels aiderait Ă comprendre ces diffĂ©rences, comme le proposent les travaux de Berthaud 2015 sur les trois dimensions de lâintĂ©gration sociale caractĂ©ristiques du rĂ©seau Ă©tudiant, comportements Ă lâintĂ©rieur du rĂ©seau et qualitĂ© perçue du rĂ©seau. [12] Darmon 2013 prĂ©cise que cela nâempĂȘche pas les Ă©tudiants de chercher Ă prĂ©server une vie coupĂ©e de lâinstitution, une vie Ă eux, comme une rĂ©sistance au pouvoir de celle-ci. [13] Concernant la tranche dâĂąge des 18-24 ans, 81 % possĂšdent un smartphone contre 67 % des 25-39 ans par exemple, 90 % disposent dâune connexion internet Ă domicile contre 96 % des 12-17 ans, 96 % ont un usage quotidien dâinternet contre 89 % des 25-39 ans, 82 % bĂ©nĂ©ficient dâune connexion internet nomade sur tĂ©lĂ©phone mobile contre 61 % des 25-39 ans. [14] De nombreux travaux empiriques, menĂ©s depuis la fin des annĂ©es 2000, visent Ă dĂ©crire et comprendre les pratiques numĂ©riques des Ă©tudiants. On pourra par exemple sâintĂ©resser aux recherches de Mark Bullen au Canada, de Chris Jones et Anoush Margaryan au Royaume-Uni, de Peter Goodyear et Gregor Kennedy en Australie. [15] LâenquĂȘte de lâENSSIB Fradet et al., 2012 montre que, par exemple, plus dâun Ă©tudiant de licence sur deux dĂ©clare ouvertement sâadonner Ă une forme ou une autre de plagiat et que 74 % jugent cette pratique rĂ©pandue chez leurs pairs, bien quâelle soit identifiĂ©e par 90 % dâentre eux comme un abus ! [16] Par exemple, les nĂ©o-Ă©tudiants privilĂ©gient assez largement les sources peu fiables commerciales, gĂ©nĂ©ralistes ou personnelles dans les recherches Google par rapport aux sites ayant une orientation acadĂ©mique explicite Dahlstrom & Bichsel, 2014. [17] Pour un aperçu argumentĂ© de quelques neuromythes, voir lâarticle publiĂ© sur Ăduveille en 2013. [18] Les Ă©ditions 2014 et 2015 des enquĂȘtes du think tank Educause Student and Faculty Technology Research Studies, menĂ©es auprĂšs de plus de 400 Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur nord-amĂ©ricains, dĂ©finissent lâaccompagnement des enseignants et des Ă©tudiants au numĂ©rique comme la premiĂšre prioritĂ© dont les prĂ©sidences doivent se saisir. [19] Pour des rĂ©flexions complĂ©mentaires sur le cours magistral, voir le numĂ©ro 9 de la revue Distances et mĂ©diations des savoirs publiĂ© en mars 2015, sous la direction de Laurent Petit et intitulĂ© Le cours magistral a-t-il un avenir ? ». [20] Le CEQ est articulĂ© avec deux autres enquĂȘtes, GDS Graduate Destination Survey et PREQ Postgraduate Research Experience Questionnaire, visant respectivement Ă rendre compte de lâorientation prise Ă lâissue du premier cycle poursuite dâĂ©tudes ou insertion professionnelle et Ă Ă©valuer lâexpĂ©rience des Ă©tudiants ayant achevĂ© des Ă©tudes doctorales. [21] Un facsimilĂ© de la version canadienne en langue française est consultable Ă cette adresse NSSE 2015. [22] La NSSE est composĂ©e de dix indicateurs clĂ©s regroupĂ©s en quatre thĂšmes dĂ©fi intellectuel, apprendre avec les autres Ă©tudiants, expĂ©riences avec les enseignants et environnement dâĂ©tudes, traduits en 47 questions. [23] Pour une analyse critique des instruments conçus pour mesurer lâengagement Ă©tudiant et des usages institutionnels de ces donnĂ©es, voir le chapitre de McCormick et al. 2013 dans Higher Education Handbook of Theory and Research, vol. 28. [24] Du fait de sa notoriĂ©tĂ©, la NSSE a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©e en deux enquĂȘtes complĂ©mentaires, la FSSE Faculty Survey of Student Engagement et la BCSSE Beginning Colleges Survey of Student Engagement, avec pour objectif de mesurer respectivement les perceptions quâont les enseignants de lâengagement de leurs Ă©tudiants et les attentes quâont les nĂ©o-Ă©tudiants Ă lâĂ©gard de lâinstitution qui les accueille.
Dans nos sociĂ©tĂ©s africaines, la femme Ă©tait marginalisĂ©e, considĂ©rĂ©e comme un sexe faible. Les durs travaux exigeant de la patience lui Ă©taient rĂ©servĂ©s. Elle devait ĂȘtre soumise Ă son mari et les quelques compensations que lâhomme trouve de temps Ă autre dans la vie sociale lui sont refusĂ©es. Elle restait Ă la ferme et ne connaissait aucun loisir. Dans son foyer, elle se lĂšve tĂŽt le matin pour les travaux mĂ©nagers. PremiĂšre Ă se lever, elle se couche la derniĂšre. En tant quâĂ©pouse, la femme doit ĂȘtre docile, soumise et travailleuse. Elle ne doit jamais dire un mot plus haut que son mari ; elle doit aussi respecter les traditions, ignorer toutes les activitĂ©s de son mari ou du moins, faire semblant de les oublier. En tant quâĂ©pouse, elle doit sâoccuper de son mari et de sa belle-famille si toutefois ils partagent la mĂȘme cour. Comme mĂšre, elle doit sâoccuper de lâĂ©ducation de ses enfants, leur donner des soins prĂ©ventifs. Pourtant, pendant ses grossesses, elle nâa pas de loisir, elle nâa pas le temps de sâoccuper de sa santĂ©, ainsi, elle est prĂ©maturĂ©ment flĂ©trie et rongĂ©e de maladies. Elle se sacrifie pour la vie et le bonheur de son enfant. Hier, la femme considĂ©rĂ©e comme un ĂȘtre sacrĂ©, devrait respecter les traditions de sa famille. Ainsi, elle Ă©tait donnĂ©e en mariage forcĂ© Ă un homme quâelle ne connaissait mĂȘme pas ; celui-ci pouvait ĂȘtre un jeune comme un vieux. Elle Ă©tait soumise Ă lâexcision car selon la tradition, une femme non excisĂ©e serait infidĂšle Ă son mari, impure donc, elle nâĂ©tait pas considĂ©rĂ©e comme une vraie femme. La scolarisation lui Ă©tait refusĂ©e, car il Ă©tait malhonnĂȘte quâune femme Ă©tudie et sache tant de choses et cela pour plusieurs raisons avoir lâĆil sur les hommes et vouloir leur donner des ordres mĂȘme au foyer. Une fois au foyer, elle nâa pas le droit de vouloir limiter ses naissances car lâenfant est considĂ©rĂ© comme un garant de la pĂ©rennitĂ©. AprĂšs la mort de son mari, elle Ă©tait directement destinĂ©e Ă son frĂšre, sans penser par ailleurs que celle-ci a un cĆur, une raison, quâelle nâest pas un objet que lâon se passe de main en main. Dans certaines sociĂ©tĂ©s, elles sâadonnent Ă des travaux physiques dĂ©passant manifestement leur force comme les travaux agricoles par exemple. La plupart du temps, le travail rural rĂ©duit la femme Ă la bonne Ă tout faire. Dans le monde contemporain, une prise de conscience aiguĂ« sâest opĂ©rĂ©e face Ă la condition de la femme. Lâinjustice dont elle Ă©tait victime a Ă©tĂ© perçue dans sa vraie dimension sur le plan social mais surtout Ă©conomique, car elle jouit dâune libertĂ© assez importante dans lâĂ©conomie. Beaucoup de gens sâaccordent Ă reconnaĂźtre que le fait de marginaliser les femmes rĂ©duit lâefficacitĂ© de presque tous les aspects du processus de dĂ©veloppement. Les femmes instruites, Ă©duquĂ©es, libĂ©rĂ©es ou Ă©mancipĂ©es sont plus ouvertes Ă lâinnovation et contribuent positivement au dĂ©veloppement du foyer et du pays. Bref ! LâĂ©mancipation de la femme peut ĂȘtre dĂ©finie comme lâindĂ©pendance, lâĂ©panouissement, la libĂ©ration de celle-ci de lâexploitation de lâhomme. Les femmes font virtuellement tout, ce que les hommes font et dans tous les domaines de la vie politique, Ă©conomique ou professionnelle. Câest ainsi quâune journĂ©e le 8-Mars leur est consacrĂ©e chaque annĂ©e et leurs droits sont reconnus depuis lors et appuyĂ©s par le sommet de Beijing en Chine, en 1996. Des luttes sont engagĂ©es contre la mutilation gĂ©nitale, les violences conjugales, les injustices comme les divorces abusifs, le droit Ă lâhĂ©ritage et lâaccĂšs Ă la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Quoi quâil en soit, lâindĂ©pendance vĂ©ritable de la femme, a pour condition premiĂšre la prise de conscience par elle-mĂȘme de sa propre personnalitĂ©, de la capacitĂ© Ă assumer son propre destin et de sa rentrĂ©e dans le monde du travail. Les pouvoirs publics, les gouvernements soutiennent toutes ces actions car les femmes sont partout majoritaires et on ne peut bĂątir vĂ©ritablement une nation en Ă©cartant la couche la plus nombreuse. Et la femme africaine nâest pas en reste, surtout la femme burkinabĂš. Partout en Afrique, on assiste Ă une amĂ©lioration du statut de la femme. Elle est dĂ©sormais lâĂ©gale de lâhomme bien sĂ»r en droit et en devoir mĂȘme si beaucoup reste Ă faire. Toutefois, cette nouvelle philosophie ne doit pas faire perdre Ă la femme africaine, son identitĂ© de femme africaine. La vĂ©ritable femme africaine Ă©mancipĂ©e est celle qui part de son statut dâAfricaine pour amĂ©liorer sa vie, celle de ses compagnes et celle de son foyer. LâĂ©mancipation ne doit pas faire perdre Ă la femme son africanitĂ©. Sawadogo Mathias, secteur 25 Bobo-Dioulasso
comparaison entre la femme d hier et d aujourd hui