Cettedame, fait partie de lancienne gĂ©nĂ©ration. On la voit exposer le blĂ© au soleil, aprĂšs lavoir lavĂ©, et rincĂ©. Une fois dur ,elle sattelle, Ă  le moudre avec un moulin en pierre, appelĂ© en arabe kerouicha.Elle rĂ©cupĂšre la semoule dans un mezouad qui nest autre quune peau de mouton ,traitĂ©e, ta Ily a 14siecle tout comme aujourd hui ( egypte, pakistan, afghanistan, ) des femmes/fillettes meurent, ou sans rejeter par leur famille, parce qu elles ont ete marie de FemmesD Hier Et D Aujourd Hui De Edmee De La Rochefoucauld Les Femmes Berberes Marocaines A L Honneur A Paris Dossier Hayat Zerari 80 Femme Traditionnelle Facebookà€Șà€° Femmes d'Hier et d'Aujourd'hui,Mujer de Ayer y de Hoy. à€•à„‹ à€”à€° à€Šà„‡à€–à„‡à€‚ Femmesd'hier et d'aujourd'hui par EdmĂ©e La Rochefoucauld aux Ă©ditions Grasset et fasquelle. Attentive au rĂŽle des femmes dans la littĂ©rature française, EdmĂ©e de La Rochefoucauld analyse ici la part qui leur revient dans divers domaines, qui vont de la Vay Tiền TráșŁ GĂłp Theo ThĂĄng Chỉ Cáș§n Cmnd Hỗ Trợ Nợ Xáș„u. Ce jeudi 25 novembre 2021, jour consacrĂ© Ă  la cĂ©lĂ©bration de la journĂ©e internationale pour l’élimination des violences Ă  l’égard des femmes, le monde entier dĂ©marre la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basĂ©es sur le genre. Dans cette interview qu’elle nous a accordĂ©e, la prĂ©sidente de l’Ong "N’aie pas peur", Angela Kpeidja, relĂšve les difficultĂ©s des femmes dans notre sociĂ©tĂ© et les dĂ©fis qui attendent son association. Lisez plutĂŽt... Ce 25 novembre, le monde entier cĂ©lĂšbre la journĂ©e internationale pour l’élimination des violences Ă  l’égard des femmes. Au BĂ©nin, avez-vous l’impression que les femmes sont de plus en plus protĂ©gĂ©es ? Quelle est la situation de la femme bĂ©ninoise ? Angela Kpeidja Avec les derniers changements intervenus dans les textes de lois qui protĂšgent la femme, l’espoir que nous femmes retrouvions notre place est permis. Je loue ainsi la volontĂ© politique qui s’exprime Ă  travers les diffĂ©rentes lois votĂ©es et la nouvelle version de l’Institut national de la femme. MalgrĂ© tout, je reste sur ma soif parce qu’il reste que nos juridictions prennent leurs responsabilitĂ©s pour sĂ©vir et rĂ©gler avec une grande cĂ©lĂ©ritĂ© les dossiers relatifs aux violences basĂ©es sur le sexe. Voyez-vous ? La CRIET n’est pas accessible gĂ©ographiquement Ă  tous. Ensuite, au-delĂ  des nouvelles attributions de l’INF, il faut aussi que cette maison de la femme dispose de ressources pour la prise en charge Ă©conomique, sociale... des victimes qui aprĂšs dĂ©nonciation, sont encore plus vulnĂ©rables. Il faut aussi ajouter que le combat social est le plus difficile parce que la volontĂ© politique ne suffira pas pour Ă©liminer ces violences. Il faut l’engagement des parents et adultes que nous sommes pour espĂ©rer un monde plus juste pour les gĂ©nĂ©rations futures. Entre hier et aujourd’hui, la situation de la femme n’a pas pour autant changĂ© du point de vue des statistiques. 3 femmes sur 5 restent sous l’emprise du harcĂšlement sexuel en milieu professionnel. Avec les informations constamment relevĂ©es par les mĂ©dias en ligne et certains activistes, on constate qu’il y a actuellement une recrudescence des cas de viols. Et que dire des violences conjugales ? D’ailleurs, cette commĂ©moration arrive dans une ambiance marquĂ©e par des violences physiques, psychologiques perpĂ©trĂ©es Ă  l’encontre de femmes rĂ©guliĂšrement mariĂ©es et d’autres en plein divorce. En tout cas, l’homme bĂ©ninois n’est pas encore prĂȘt Ă  cĂ©der un iota de son autoritĂ© Ă  sa moitiĂ© mĂȘme si la loi tente de mette Ă  terre le patriarcat. A l’Ong N’aie pas peur, quelles sont les actions au programme de cette campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes ? A. K. l’Ong N’aie pas peur, nous lançons dĂšs aujourd’hui une sĂ©rie de vidĂ©os dont l’objectif est de vulgariser les temps forts de la riposte contre le harcĂšlement sexuel en milieu professionnel. Ces vidĂ©os seront diffusĂ©es sur la page Facebook de l’association. SimultanĂ©ment en tant que prĂ©sidente de cette ONG et auteur de Bris de silence, j’ai jugĂ© opportun de lancer sur ma page Facebook, une campagne dĂ©nommĂ©e “Mon corps crie”. Cette campagne est une dĂ©clinaison visuelle des consĂ©quences du harcĂšlement sexuel et moral dans les milieux scolaire, universitaire et professionnel. Pour moi ce flĂ©au est une problĂ©matique de dĂ©veloppement. On ne peut pas brimer constamment une couche aussi importante de la sociĂ©tĂ© et espĂ©rer produire de la richesse. Pour finir, un message Ă  l’endroit des femmes. A. K. Les femmes ! Elles devraient se recentrer sur l’essentiel. Utiliser les rĂ©seaux sociaux pour du make-up, c’est une façon de s’exposer aux violences. Nous devons garder notre fĂ©minitĂ© tout en faisant preuve d’intelligence, d’audace, de solidaritĂ©, de courage pour nous sortir des mĂ©andres de ces violences. A mon avis, nous devrions tourner dos aux guerres de leadership pour une lutte collective, la main dans la main. Propos recueillis par A. E. B. Coll ; L'information en temps rĂ©el 25 novembre 2021 par Tendanciellement le survote des femmes pour la droite a diminuĂ© tout au long de la ve RĂ©publique. Il s’établissait Ă  +12 points en 1965 +7 en 1974 et 1981[1], alors qu’il n’est plus que de +2 en 2007 et +4 en 2012. Ce mouvement se retrouve‑t‑il dans l’ensemble des cohortes ou touche‑t‑il d’abord certaines d’entre elles ? Les femmes face Ă  la gauche au sein des cohortes 1988‑2012 Sources enquĂȘtes postĂ©lectorales CEVIPOF‑SofrĂšs 1988 et 1995, Panel Électoral Français 2002, EnquĂȘte PostĂ©lectorale CEVIPOF‑ministĂšre de l’IntĂ©rieur‑IFOP 2007, EnquĂȘte Électoral Française de V. Tiberj. Lecture pour chaque Ă©lection prĂ©sidentielle, on calcule l’écart entre le vote de gauche des femmes et le vote de gauche de l’ensemble de la cohorte. Un Ă©cart positif signifie que les femmes ont plus votĂ© pour la gauche que l’ensemble de leur cohorte, un Ă©cart nĂ©gatif qu’elles ont plus votĂ© Ă  droite que l’ensemble de leur cohorte Les calculs pointent vers l’existence d’un gender‑generational gap[2] en France. Les femmes appartenant aux cohortes anciennes tendent Ă  ĂȘtre plus conservatrices au sein de leurs gĂ©nĂ©rations que leurs homologues nĂ©es plus rĂ©cemment. C’est d’autant plus frappant que les cohortes du vote conservateur des femmes sont dĂ©jĂ  globalement les plus dĂ©favorables Ă  la gauche. M. Sineau en avait fait l’hypothĂšse en 2007 et cela se vĂ©rifie particuliĂšrement lors de l’élection qui a portĂ© N. Sarkozy au pouvoir. À l’inverse, les femmes appartenant aux cohortes post‑baby‑boom ont encore plus votĂ© pour S. Royal que l’ensemble de leurs gĂ©nĂ©rations globalement les plus Ă  gauche les Ă©carts s’échelonnent de ‑5 points pour les cohortes 1941‑1950 et 1930 et avant Ă  +4,5 pour la cohorte 1981 et aprĂšs en passant par ‑3 pour la cohorte 1931‑1940, ‑2,5 pour la cohorte 1951‑1960, +1,5 pour la cohorte 1971‑80 et +3 pour la cohorte 1961‑1970. La personnalitĂ© de S. Royal et le traitement mĂ©diatique de sa candidature ont pu jouer. Mais cette tendance se retrouve dans d’autres Ă©lections prĂ©sidentielles. La tendance semble plus erratique, notamment pour des raisons d’effectifs, mais les cohortes nĂ©es avant‑guerre font gĂ©nĂ©ralement partie des 3 cohortes dans lesquelles les femmes votent le moins Ă  gauche tandis que la cohorte 1971‑1980 se situe gĂ©nĂ©ralement parmi les 3 cohortes dans lesquelles les femmes lui sont les moins dĂ©favorables voir les plus favorables. Il en va de mĂȘme pour la cohorte 1981 et aprĂšs, dĂšs lors qu’elle est entrĂ©e sur scĂšne Ă  partir de 2007. Enfin, on peut relever une trace du vote lĂ©gitimiste des seniors »[3] notamment chez les femmes nĂ©es avant‑guerre face Ă  F. Mitterrand. Celui‑ci semble ĂȘtre le candidat qui a le moins pĂąti de l’inclinaison conservatrice de ces Ă©lectrices en comparaison avec tous ses successeurs socialistes. En rĂ©sumĂ©, la baisse du vote de droite des femmes n’est pas un phĂ©nomĂšne explicable par un phĂ©nomĂšne de dĂ©salignement les conservatrices d’hier tendent Ă  le rester aujourd’hui. En revanche l’hypothĂšse d’un impact du renouvellement gĂ©nĂ©rationnel est plausible les conservatrices d’hier pĂšsent de moins en moins dans les urnes et sont remplacĂ©es par des Ă©lectrices beaucoup plus favorables Ă  la gauche, autant sinon plus que l’ensemble de leurs cohortes de naissance. V Tiberj [1] Mariette Sineau, La force du nombre, les Ă©ditions de l’Aube, 2008 [2] Pippa Norris, “Mobilising the Women’s Vote’ The Gender‑Generation Gap in Voting Behaviour”, Parliamentary Affairs, 49 2, April 1996, p. 333‑42. [3] Denni Bernard, Chapitre 5 / Le conservatisme des seniors. Une affaire d’ñge ? », dans Anne Muxel dir., La politique au fil de l’ñge, Paris, Presses de Sciences Po, 2011, p. 113-160. Nous sommes tous des immigrĂ©s ! Cette formule s'applique Ă  tous les ĂȘtres humains si l'on entend par lĂ  que nul ne peut se prĂ©valoir d'ĂȘtre un pur autochtone d'aprĂšs un mot grec qui signifie nĂ© du sol ». De fait, aussi loin qu'ils remontent dans le temps, jusqu'Ă  l'Homo erectus d'il y a un million d'annĂ©es, les palĂ©ontologues discernent des mouvements de population par expansion dĂ©mographique et plus rarement par invasions, migrations volontaires ou migrations forcĂ©es. Ces dĂ©placements concernent des effectifs trĂšs limitĂ©s. C'est aujourd'hui 3% de la population mondiale... En dĂ©pit des apparences, la sĂ©dentaritĂ© demeure le propre de la nature humaine note. AndrĂ© LaranĂ© Les migrations capillaires, une rĂ©alitĂ© de tous temps et tous pays Dans toutes les sociĂ©tĂ©s, il se trouve des individus qui font souche loin de chez eux, pour les besoins du commerce, par goĂ»t de l'aventure, par rejet de l'oppression, par le hasard des rencontres et de l'amour... Ainsi des commerçants vĂ©nitiens s'Ă©tablissaient-ils au Moyen Âge Ă  la cour du Grand Khan, Ă  PĂ©kin, tandis qu'un aventureux Toulousain ramenait dans sa patrie une jeune Ă©pouse rencontrĂ©e sur les bords du Niger ! Au XVIIe siĂšcle, des huguenots ont fui la France et se sont installĂ©s Ă  Berlin ou mĂȘme au Cap, en Afrique australe. À l'inverse, des Irlandais catholiques ont fait souche en France et mĂȘme au sud des PyrĂ©nĂ©es. Citons encore Marie Curie et Savorgnan de Brazza qui ont au XIXe siĂšcle quittĂ© leur pays pour servir et honorer la France.‱ Ces migrations sont Ă  double sens. Elles sont essentielles Ă  la circulation des idĂ©es et des techniques et donc au progrĂšs humain. Elles concernent nĂ©anmoins des flux rĂ©duits de personnes qui n'ont pas de mal Ă  se fondre dans la population d'accueil de sorte qu'elles ne changent pas la nature des sociĂ©tĂ©s concernĂ©es. En cela, on peut les appeler migrations capillaires » tĂ©nues comme un cheveu pour les distinguer des suivantes.‱ Les migrations de peuplement » sont caractĂ©risĂ©es par des flux importants de population Ă  partir de territoires en expansion dĂ©mographique vers des territoires faiblement peuplĂ©s ou en dĂ©croissance dĂ©mographique.‱ Les invasions et les dĂ©placements de population liĂ©s aux guerres se distinguent des migrations prĂ©cĂ©dentes. Elles imprĂšgnent fortement la mĂ©moire des peuples mais ne changent guĂšre la substance des sociĂ©tĂ©s humaines. PremiĂšres rencontres La premiĂšre migration notable remonte Ă  l'aube des temps. Elle concerne un trĂšs lointain aĂŻeul, Homo erectus, qui aurait migrĂ© il y a 2 millions d'annĂ©es d'Afrique vers l'Eurasie. Ce fut la premiĂšre sortie d'Afrique ». En Afrique mĂȘme, l'Homo erectus Ă©volua il y a 300 000 ans vers notre propre espĂšce, l'Homo sapiens. En Eurasie, il eut des descendants tels que NĂ©andertal et l'homme de Denisova, il y a environ 500 000 ans. Il engendra aussi une espĂšce originale sur l'Ăźle de FlorĂšs IndonĂ©sie, il y a seulement 80 000 ans. Une deuxiĂšme sortie d'Afrique » se produisit il y a environ 80 000 ans, quand quelques Homo sapiens s'Ă©tablirent au Moyen-Orient oĂč ils s'unirent aux reprĂ©sentants locaux de NĂ©andertal et Denisova. De ces unions seraient issus les Eurasiens actuels si l'on en croit les derniĂšres dĂ©couvertes de la gĂ©nĂ©tique. Homo sapiens atteignit lĂ -dessus des rĂ©gions encore vierges de prĂ©sence humaine il y a environ 70 000 ans, il franchit les bras de mer qui sĂ©parent la Papouasie et l’Australie de l'Eurasie. Puis, il y a 35 000 ans, il traversa Ă  pied sec le dĂ©troit de BĂ©ring qui sĂ©parait l’Asie de l’AmĂ©rique en profitant du faible niveau des ocĂ©ans pendant la derniĂšre glaciation. À la mĂȘme Ă©poque, l'Homo sapiens moyen-oriental mĂątinĂ© de NĂ©andertal gagna l'Europe oĂč erraient de purs NĂ©andertaliens. Ceux-ci, dĂ©jĂ  en dĂ©clin dĂ©mographique, ne tardĂšrent pas Ă  disparaĂźtre, laissant le terrain libre Ă  notre ancĂȘtre, rebaptisĂ© pour l'occasion Cro-Magnon note. Qu'on ne s'y mĂ©prenne pas, ces mouvements de populations n'ont rien Ă  voir avec la conquĂȘte du Far-West ! Au nombre de quelques milliers ou dizaines de milliers, les premiers humains n'avaient nul besoin de migrer pour trouver de quoi se nourrir. Lorsque les groupes familiaux s'agrandissaient, les cadets s'Ă©tablissaient un peu plus loin que leurs aĂźnĂ©s et, de proche en proche, ces groupes pouvaient ainsi occuper des continents entiers en quelques millĂ©naires, Ă  raison de quelques kilomĂštres par gĂ©nĂ©ration ! De la mĂȘme façon, ces groupes humains rĂ©duits Ă  quelques familles ont pu se diversifier Ă  partir de lĂ©gĂšres mutations gĂ©nĂ©tiques il y a environ 35 000 ans, Ă  l'apparition de Cro-Magnon et des diffĂ©rents groupes humains qui peuplent la planĂšte Africains, Asiatiques, EuropĂ©ens, etc.. Tu deviendras le pĂšre d'une multitude de nations ! » La promesse faite par Dieu Ă  Abraham n'a rien d'extravagant. Il ne faut pas grand-chose en effet pour qu'un groupe humain croisse Ă  l'infini, sous rĂ©serve bien entendu de n'ĂȘtre affectĂ© ni par les Ă©pidĂ©mies, ni par les famines, ni par les guerres. Un petit raisonnement mathĂ©matique en apporte la preuve supposons que cinq femmes engendrent avec leur conjoint onze enfants et les mĂšnent Ă  l'Ăąge adulte ; cela correspond Ă  un indice de fĂ©conditĂ© dico de 2,2 ; c'est Ă  peine plus que le minimum nĂ©cessaire au simple remplacement des gĂ©nĂ©rations. Si les mĂȘmes performances se reproduisent d'une gĂ©nĂ©ration Ă  la suivante, il s'ensuit un doublement de l'effectif tous les deux siĂšcles et les dix personnes initiales peuvent se targuer d'avoir au bout de 3 000 ans un million de descendants, soit la population totale de la Terre il y a 35 000 ans ! Migrations de peuplement Depuis le commencement du monde, les migrations de peuplement s'orientent des territoires en excĂ©dent dĂ©mographique vers les territoires faiblement peuplĂ©s ou en voie de dĂ©peuplement. C'est de cette façon, lente, progressive et pacifique, que les chasseurs-cueilleurs ont occupĂ© toute la planĂšte. PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2022-08-09 183743 Endrizzi Laure & Sibut Florence 2015. Les nouveaux Ă©tudiants, d’hier Ă  aujourd’hui. Dossier de veille de l’IFÉ, n° 106, DĂ©cembre. Lyon ENS de Lyon. Disponible au format pdf 40 pages 106-decembre-2016 RĂ©sumĂ© CaractĂ©riser les Ă©tudiants d’aujourd’hui est une entreprise complexe tant leurs profils, leurs expĂ©riences et leurs parcours d’études se rĂ©vĂšlent diversifiĂ©s. L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la population, plus ou moins marquĂ©e selon les filiĂšres, s’est accrue dans la derniĂšre dĂ©cennie, notamment avec l’arrivĂ©e des nouveaux bacheliers professionnels, l’essor des Ă©tudiants Ă©trangers et le dĂ©veloppement du travail salariĂ©, rendant la socialisation et l’affiliation aux normes d’études plus complexes. Ces populations Ă©tudiantes composites, tant dans leurs caractĂ©ristiques socio-dĂ©mographiques que dans leurs projets, se sont dĂ©finitivement Ă©loignĂ©es de la figure idĂ©ale du bachelier Ă  l’heure », ayant intĂ©grĂ© une filiĂšre choisie. L’entrĂ©e dans le supĂ©rieur, synonyme de ruptures plus ou moins fortes pour les Ă©tudiants selon les types d’études, s’accompagne la plupart du temps de l’apprentissage d’un autre rythme et du dĂ©veloppement de pratiques d’études plus autonomes. Dans quelle mesure leurs parcours sont-ils rĂ©ellement subis ? Les projets formulĂ©s en amont sont-ils un gage d’investissement dans les Ă©tudes ? Leurs compĂ©tences numĂ©riques facilitent-elles cette transition vers du travail autonome ? La qualitĂ© d’un cours, selon eux, est-elle liĂ©e Ă  une mĂ©thode pĂ©dagogique plutĂŽt qu’à une autre ? Ces questionnements, au cƓur de ce Dossier de veille, nourrissent une rĂ©flexion plus globale sur les expĂ©riences d’études, basĂ©e sur une exploration de la littĂ©rature scientifique rĂ©cente, essentiellement française. Il s’agit en creux d’examiner les conditions de vie et d’études les plus propices Ă  la rĂ©ussite Ă©tudiante et de mettre au jour les dĂ©calages potentiels entre Ă©tudiants et enseignants en termes d’attentes et de pratiques. —– Ce Dossier est rĂ©alisĂ© Ă  l’occasion d’une confĂ©rence de consensus organisĂ©e conjointement par l’Institut français de l’Éducation ENS de Lyon et la Direction gĂ©nĂ©rale de l’enseignement supĂ©rieur et de l’insertion professionnelle MinistĂšre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche, Ă  Paris les 16 et 17/12/2015, sur le thĂšme RĂ©ussite et Ă©chec dans l’enseignement supĂ©rieur ». Sommaire Une population plus hĂ©tĂ©rogĂšne Des parcours plus complexes Quels environnements propices Ă  la rĂ©ussite ? Étudiants et enseignants des dĂ©calages ? Quelles implications pour la rĂ©ussite Ă©tudiante ? Bibliographie Dans un ouvrage publiĂ© en 1998, ValĂ©rie Erlich soulignait, en Ă©voquant les nouveaux Ă©tudiants » arrivĂ©s en masse dans les universitĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1990, l’importance de ne pas prendre au comptant le discours commun sur l’inadĂ©quation de ces publics L’universitĂ© n’est pas inadaptĂ©e ou archaĂŻque et les Ă©tudiants ne constituent pas une simple collection d’individus isolĂ©s ou un milieu sans consistance sociale » Erlich, 1998[1]. Elle montrait que les niveaux de qualification progressaient et que les diplĂŽmes constituaient encore le meilleur rempart contre le chĂŽmage, malgrĂ© les taux d’abandon et de rĂ©orientation et malgrĂ© une insertion professionnelle dĂ©jĂ  prĂ©carisĂ©e. Elle invitait enfin Ă  considĂ©rer le passage Ă  l’universitĂ© comme une propĂ©deutique Ă  la vie d’adulte, soulignant le caractĂšre structurant et Ă©mancipatoire de l’expĂ©rience d’études. Dix-sept ans plus tard, on peut s’interroger sur la contemporanĂ©itĂ© de ces analyses. Des rĂ©formes majeures ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es dans cette pĂ©riode en France, Ă  commencer par l’alignement des formations sur le schĂ©ma LMD 3+2+3 ans aprĂšs la signature du Processus de Bologne. Puis il convient aussi d’évoquer l’autonomie des universitĂ©s loi LRU et le dĂ©veloppement des politiques de site PRES puis COMUE[2]. La dĂ©mocratisation de l’informatique personnelle et des outils nomades d’accĂšs Ă  internet est un autre changement majeur intervenu dans cette pĂ©riode. Si avec Lahire 1997, l’étudiant moyen peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une figure fantasmĂ©e, qu’en est-il aujourd’hui de l’existence des nouveaux Ă©tudiants » dĂ©crits par Erlich ? Qui sont les Ă©tudiants aujourd’hui, comment leurs conditions d’études et leurs pratiques d’études ont-elles Ă©voluĂ© ? Sont-ils plus en difficultĂ©, voire moins motivĂ©s que dans les annĂ©es 1990 ? Ont-ils un rapport au savoir plus utilitariste ? RĂ©ussissent-ils moins bien que leurs aĂźnĂ©s ? Faire des Ă©tudes supĂ©rieures les aide-t-il Ă  entrer dans l’ñge adulte et Ă  s’insĂ©rer professionnellement ? Pour tenter d’apprĂ©hender cette population Ă©tudiante d’aujourd’hui dans ce qui la caractĂ©rise voire la distingue, il s’agira en premier lieu de s’affranchir de la rhĂ©torique de l’échec en premier cycle. Le fait qu’environ un Ă©tudiant sur deux passe en 2e annĂ©e de licence ne peut juste ĂȘtre assimilĂ© Ă  une dĂ©faillance individuelle, ni ĂȘtre imputable Ă  une institution elle-mĂȘme dĂ©faillante, et il y a comme une certaine indĂ©cence Ă  toujours considĂ©rer la non-rĂ©inscription comme un Ă©chec. Ne serait-ce que parce que les chiffres Ă©voluent peu, indĂ©pendamment des dispositifs d’aide mis en place depuis prĂšs de 30 ans, qui soit ne touchent pas les Ă©tudiants qui en auraient le plus besoin, soit promeuvent des changements trop superficiels Annoot, 2012 ; Endrizzi, 2010 ; Perret, 2015. Faire le portrait des Ă©tudiants d’aujourd’hui est en tout Ă©tat de cause un exercice pĂ©rilleux qui excĂšde trĂšs largement le cadre de ce Dossier de veille[3]. Le terme Ă©tudiant » rĂ©fĂšre Ă  des profils hĂ©tĂ©rogĂšnes dans des contextes extrĂȘmement diffĂ©renciĂ©s, en particulier en France, avec la survivance de cette distinction entre universitĂ©s et grandes Ă©coles qui n’existe nulle part ailleurs, et la coexistence de formations en libre accĂšs et de filiĂšres sĂ©lectives, qui joue en France au dĂ©triment de l’universitĂ©. Les origines sociales des Ă©tudiants se sont diversifiĂ©es, les Ă©tudes et les carriĂšres aussi. Dix ans d’enquĂȘtes de l’Observatoire de la vie Ă©tudiante en attestent, la figure de l’hĂ©ritier est dĂ©finitivement dĂ©passĂ©e et la rĂ©ussite s’envisage dĂ©sormais comme une combinaison de variables associant conditions de vie, conditions d’études, capacitĂ©s Ă  faire face aux changements et Ă  se projeter dans un avenir professionnel Gruel et al., 2009 ; MENESR, 2015b. Nous ne parviendrons sans doute pas Ă  savoir si les Ă©tudiants peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un groupe social distinct, rassemblĂ©s par une gestion du temps et un rapport Ă  l’espace spĂ©cifiques, qui les diffĂ©rencieraient des autres groupes sociaux. Nous tenterons d’identifier quelques caractĂ©ristiques de ces populations Ă©tudiantes, Ă  partir des apports rĂ©cents de la recherche, essentiellement française, en nous focalisant plutĂŽt sur les premiers cycles. La premiĂšre partie examine les Ă©volutions sociodĂ©mographiques, la deuxiĂšme apprĂ©hende la complexification des parcours d’études, la troisiĂšme s’intĂ©resse aux environnements d’études et la quatriĂšme interroge les dĂ©calages entre Ă©tudiants et enseignants. Une population plus hĂ©tĂ©rogĂšne [revenir au sommaire] Les effectifs dans l’enseignement supĂ©rieur français ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par 8 en 50 ans, en raison Ă  la fois de la forte croissance dĂ©mographique de l’aprĂšs-guerre et de l’élargissement de l’accĂšs au baccalaurĂ©at 77 % d’une gĂ©nĂ©ration sont bacheliers en 2013, contre 10 % au dĂ©but des annĂ©es 1960, et les trois quarts d’entre eux s’inscrivent dans l’enseignement supĂ©rieur Ă  l’issue de leurs Ă©tudes secondaires hors alternance. Le statut Ă©tudiant est ainsi devenu une condition commune de la jeunesse. La continuitĂ© entre secondaire et supĂ©rieur, dont les termes du dĂ©bat en France, centrĂ©s sur le -3+3 », n’en sont qu’à leurs balbutiements AFAE, 2012 ; BrĂ©hier, 2015 ; Chevaillier et al., 2009 ; Pietryk & Allal, 2013, est dĂ©sormais considĂ©rĂ©e comme une question vive par de nombreux États Endrizzi, 2013b. Le bac +5 s’ancre peu Ă  peu comme un horizon de rĂ©fĂ©rence dans les perspectives d’études. La derniĂšre enquĂȘte de l’OVE Observatoire de la vie Ă©tudiante, donnĂ©es 2013 signale une Ă©lĂ©vation du niveau d’études envisagĂ©, avec dĂ©sormais 86 % des Ă©tudiants du supĂ©rieur souhaitant aller jusqu’au master et plus d’un tiers, essentiellement parmi les enfants de cadres, envisageant une poursuite d’études, soit par un doctorat, soit par un cumul de masters OVE, 2014. Si les ambitions progressent, les carriĂšres scolaires s’allongent Ă©galement. De fait, en 30 ans, le nombre d’étudiants inscrits en master +70 % et en doctorat +90 % a davantage augmentĂ© qu’en cycle licence +40 % MENESR, 2015a. Cette massification s’accompagne d’une forte progression des effectifs dans l’enseignement supĂ©rieur privĂ© et d’une diversification Ă  l’Ɠuvre, Ă  la fois en termes de publics accueillis et de parcours d’études. Des sous-populations encore mal connues AprĂšs deux grandes vagues de dĂ©mocratisation dans les annĂ©es 1960, puis dans les annĂ©es 1990 et avec plus rĂ©cemment l’ouverture Ă  de nouveaux publics, la population Ă©tudiante n’a jamais Ă©tĂ© aussi hĂ©tĂ©rogĂšne, tant en termes de capitaux social, culturel Ă©conomique que d’ñge et de nationalitĂ© Gruel et al., 2009. Des publics nouveaux, jeunes et moins captifs Cette diversification se traduit en France par plus de bacheliers professionnels, plus d’étudiants Ă©trangers, plus de publics adultes ou en formation continue. Certains Ă©tudient Ă  temps partiel, d’autres travaillent, d’autres encore sont en alternance ou suivent des enseignements Ă  distance. Le fait qu’on ne puisse pas statutairement ĂȘtre Ă©tudiant Ă  temps partiel ni Ă©tudiant Ă  distance, le fait que la comptabilisation des Ă©tudiants en mobilitĂ© courte ou hors programme d’échanges pose problĂšme fragilisent la connaissance de ces sous-populations. Quand les catĂ©gories statistiques existent, peu de travaux traitent de la prise en charge pĂ©dagogique de ces Ă©tudiants, tout se passe comme si cela allait de soi. C’est par exemple le cas des apprentis, dont le nombre a progressĂ© de 92 % depuis 2005 MENESR, 2015a. L’allongement des parcours d’études touche toutes les catĂ©gories de bacheliers, mais plus particuliĂšrement les bacheliers professionnels qui, bien que plus enclins Ă  rejoindre le marchĂ© du travail, accĂšdent de plus en plus Ă  l’enseignement supĂ©rieur, notamment par le biais de l’alternance en 2013, presqu’un bachelier professionnel sur deux est concernĂ©. ParallĂšlement, la quasi-totalitĂ© des bacheliers gĂ©nĂ©raux et les trois quarts des laurĂ©ats d’un baccalaurĂ©at technologique poursuivent des Ă©tudes supĂ©rieures Ă  l’issue de leurs Ă©tudes secondaires. La population Ă©tudiante en France, avec un Ăąge moyen de 22 ans, est la plus jeune d’Europe OVE, 2014. Cette tendance s’explique Ă  la fois par un accĂšs Ă  l’enseignement supĂ©rieur dans l’immĂ©diate continuitĂ© de l’enseignement secondaire et par un moindre investissement des universitĂ©s dans la formation continue[4]. Si cette sous-population est appelĂ©e Ă  Ă©voluer, notamment dans le cadre de la loi formation professionnelle, emploi et dĂ©mocratie sociale du 5 mars 2014, on observe dĂ©jĂ  une progression des effectifs dans les IUT institut universitaire de technologie qui comptabilisent approximativement un tiers des inscriptions. Cette sous-population inscrite en formation continue n’est pas homogĂšne les plus nombreux sont salariĂ©s stagiaires bĂ©nĂ©ficiant d’un dispositif de soutien, un tiers sont des stagiaires payants inscrits de leur propre initiative, les autres sont demandeurs d’emploi MENESR, 2015a. À la rentrĂ©e 2013, 12 % des inscrits dans l’enseignement supĂ©rieur français sont Ă©trangers. Ils Ă©tudient en premier lieu dans les Ă©coles de commerce et les Ă©coles d’ingĂ©nieurs ; Ă  l’universitĂ©, elle touche 11 % des Ă©tudiants en licence, 18 % en master et 41 % en doctorat MENESR, 2015a[5]. Si prĂšs de la moitiĂ© de ces Ă©tudiants viennent d’Afrique et un quart d’un pays signataire de Bologne, les Asiatiques sont de plus en plus nombreux les Chinois, comptables de 10 % des effectifs, sont la deuxiĂšme nationalitĂ© la plus reprĂ©sentĂ©e en France. Certaines filiĂšres accueillent plus d’étudiants Ă©trangers que d’autres ils sont par exemple 20 % d’étrangers dans la filiĂšre AES administration Ă©conomique et sociale ; les Ă©tudiants en provenance du Maghreb s’orientent plutĂŽt vers les filiĂšres de santĂ© et les sciences alors que les Ă©tudiants amĂ©ricains prĂ©fĂšrent les filiĂšres lettres, sciences humaines et sociales. Des conditions de vie jugĂ©es difficiles D’aprĂšs l’enquĂȘte 2013 de l’OVE, la moitiĂ© des Ă©tudiants perçoivent leur situation Ă©conomique et financiĂšre comme problĂ©matique et jugent les difficultĂ©s rencontrĂ©es importantes ou trĂšs importantes. Ce sentiment de difficultĂ©, comparable Ă  celui mis en Ă©vidence dans l’enquĂȘte 2010, domine donc et tend Ă  s’accroĂźtre au fur et Ă  mesure que les Ă©tudiants s’émancipent. La famille n’est plus la seule source d’appui financier les revenus de l’emploi et les aides de la famille constituent leurs principales sources de revenus, suivis par les aides publiques. Les prĂȘts, avec 1 % des Ă©tudiants concernĂ©s, restent une modalitĂ© ultra-minoritaire en France, contrairement Ă  d’autres pays OVE, 2014. Sur l’ensemble de la population Ă©tudiante, plus de 40 % possĂšdent leur propre logement mais sont Ă©conomiquement dĂ©pendants et rattachĂ©s fiscalement Ă  leurs parents, tandis que 25 % environ exercent une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e concurrente aux Ă©tudes et/ou effectuent leur propre dĂ©claration de revenus[6]. L’aide apportĂ©e par la famille prend de multiples formes un tiers de ceux qui ont quittĂ© le domicile familial y reviennent plusieurs fois par mois, plus des deux tiers reçoivent rĂ©guliĂšrement des provisions alimentaires de la part de leur famille. Plus d’un tiers des Ă©tudiants inscrits dans une formation ouvrant droit Ă  une bourse ou une aide d’urgence, sont aidĂ©s. Cette proportion a progressĂ© depuis 2008, date Ă  laquelle les plafonds de revenus pour l’attribution d’une bourse sur critĂšres sociaux ont Ă©tĂ© abaissĂ©s, pour qu’un plus grand nombre d’étudiants en bĂ©nĂ©ficie. Ces aides, indĂ©pendamment des allocations de logement et des aides fiscales, touchent environ 35 % des Ă©tudiants inscrits Ă  l’universitĂ©, 28 % des Ă©lĂšves de CPGE classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles et 45 % des STS section de technicien supĂ©rieur MENESR, 2015a. Les modes de rĂ©sidence ont peu Ă©voluĂ© entre 2010 et 2013 un tiers des Ă©tudiants vit chez ses parents, un autre tiers est en location, seule ou en couple. Les colocations et les rĂ©sidences universitaires accueillent dans une proportion Ă©quivalente le troisiĂšme tiers. Cette rĂ©partition est Ă  moduler en fonction de la taille de la ville et de l’ñge des Ă©tudiants. En rĂ©gion parisienne et dans les villes de moins de 100 000 habitants, environ un Ă©tudiant de licence sur deux vit chez ses parents, alors que cette proportion est nettement plus faible dans les moyennes et grandes villes de province, tendance qui souligne les logiques de proximitĂ© gĂ©ographique dans le choix d’études OVE, 2014. Plus de six Ă©tudiants sur dix s’estiment globalement en bonne santĂ©, mais cette proportion est en nette diminution depuis 2010, comme le montre le diffĂ©rentiel entre les enquĂȘtes 2010 et 2013 de l’OVE, les fragilitĂ©s psychologiques en particulier semblant plus prononcĂ©es. Ce sentiment d’ĂȘtre en bonne santĂ© est plus faible chez les femmes et tend Ă  diminuer Ă©galement chez les Ă©tudiants plus ĂągĂ©s qui ne sont plus protĂ©gĂ©s par la sĂ©curitĂ© sociale de leurs parents. Ces perceptions, diffĂ©renciĂ©es selon le sexe, l’ñge et l’indĂ©pendance rĂ©sidentielle sont une constante dans le domaine de la santĂ© estudiantine. Épuisement, stress et problĂšmes de sommeil varient Ă©galement selon les emplois du temps des Ă©tudiants ils sont frĂ©quents chez les Ă©tudiants de CPGE et chez ceux qui exercent une activitĂ© salariĂ©e au moins Ă  mi-temps et au moins 6 mois dans l’annĂ©e ; les Ă©tudiants Ă©trangers tendent aussi Ă  se dĂ©clarer moins souvent en bonne santĂ© MENESR, 2015a ; OVE, 2014[7]. Des Ă©tudiants travailleurs aux profils composites Dans les annĂ©es 1990, l’expĂ©rience du travail salariĂ© Ă©tait dĂ©jĂ  inscrite dans la condition Ă©tudiante Erlich, 1998. Mais le phĂ©nomĂšne Ă©tait sans commune mesure avec ce que l’on observe aujourd’hui la nature et le volume de ce travail salariĂ© a en effet considĂ©rablement changĂ©. Le travail salariĂ© pendant les Ă©tudes stages inclus, emplois d’étĂ© exclus concerne presqu’un Ă©tudiant sur deux, une proportion qui connaĂźt un lĂ©ger recul depuis 2010, sans doute en raison de la conjoncture Ă©conomique. La nĂ©cessitĂ© financiĂšre reste bien Ă©videmment la premiĂšre motivation de cette activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e, suivie par le souhait d’acquĂ©rir une expĂ©rience professionnelle, trĂšs largement citĂ© par les Ă©tudiants. Cette activitĂ© recouvre cependant des rĂ©alitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes et en France les emplois occasionnels peu ou pas liĂ©s aux Ă©tudes sont nombreux, comparativement aux autres pays europĂ©ens un tiers des Ă©tudiants travailleurs exercent en effet un job ». Ils sont 17 % Ă  dĂ©clarer une activitĂ© directement liĂ©e aux Ă©tudes autre que les stages et l’alternance, estimĂ©s Ă  29 % alors qu’un Ă©tudiant sur cinq dĂ©clare une activitĂ© Ă©quivalente Ă  au moins un mi-temps et plus ou moins concurrente des Ă©tudes. Cette proportion de 20 % d’étudiants occupant un emploi salariĂ© rĂ©gulier a fortement augmentĂ© entre 1990 et 2002 mais reste relativement stable depuis. La moitiĂ© des Ă©tudiants travailleurs estime que l’activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e qu’ils exercent leur est indispensable et ils sont 20 % Ă  dĂ©clarer qu’elle a un impact nĂ©gatif sur leurs Ă©tudes. Les Ă©tudiants de droit-Ă©conomie l’associent plus frĂ©quemment Ă  une amĂ©lioration de leur niveau de vie alors qu’elle est plutĂŽt liĂ©e Ă  l’acquisition d’une expĂ©rience professionnelle dans les filiĂšres universitaires de santĂ© notamment. C’est en lettres et sciences humaines que les situations de concurrence avec les Ă©tudes sont les plus frĂ©quentes, alors que les stages et formations en alternance 29 % au total sont la modalitĂ© dominante en Ă©coles d’ingĂ©nieurs OVE, 2014. En premiĂšre annĂ©e de licence universitaire, les profils des Ă©tudiants travailleurs semblent plus homogĂšnes Body, dans sa thĂšse, montre que ce sont les jeunes de milieux favorisĂ©s qui ont plus frĂ©quemment accĂšs Ă  un emploi ; sont concernĂ©s Ă  la fois les Ă©tudiants vivant seuls en appartement pour financer leur indĂ©pendance et ceux qui vivent encore chez leurs parents pour financer leurs loisirs. Les Ă©tudiants dont le premier choix portait sur une STS ou un IUT, peut-ĂȘtre moins motivĂ©s pour les Ă©tudes Ă  l’universitĂ©, ont Ă©galement une probabilitĂ© plus forte de travailler en L1 Body et al., 2015. La thĂšse de Pinto soutenue en 2009 cf. Pinto, 2014 offre une vision plus contrastĂ©e et incarnĂ©e du travail Ă©tudiant, qui invite Ă  relativiser Ă  la fois la reprĂ©sentation du travail Ă©tudiant comme handicap aux Ă©tudes et comme expĂ©rience professionnelle bĂ©nĂ©fique, soulignant sa contribution Ă  un devenir adulte » socialement diffĂ©renciĂ©. Ces emplois dĂ©pourvus de liens avec les Ă©tudes et souvent peu qualifiĂ©s s’organisent autour de deux pĂŽles un pĂŽle culturel » animation notamment et un pĂŽle commercial restauration rapide et centres d’appels par ex.. Ces pĂŽles n’impliquent pas la mobilisation des mĂȘmes dispositions sociales esprit de compĂ©tition, capacitĂ©s relationnelles
, les Ă©tudiants s’ajustent Ă  ce marchĂ© en fonction de leurs propres dispositions. La place de ces expĂ©riences dans les trajectoires varie, un mĂȘme emploi pouvant ĂȘtre vĂ©cu trĂšs diffĂ©remment selon les personnes logique du provisoire » un prĂ©sent qui n’engage Ă  rien activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e dĂ©tachĂ©e des Ă©tudes et occasionnelle dans le temps ; logique de l’anticipation » un avenir inscrit dans le prĂ©sent activitĂ© considĂ©rĂ©e en lien avec les Ă©tudes, pour prĂ©parer au mĂ©tier ; logique de l’éternisation » un prĂ©sent sans avenir avec un emploi provisoire qui dure et devient un vecteur d’intĂ©gration, au risque de prendre le pas sur les Ă©tudes. Ces expĂ©riences, au final, loin de simplement faciliter l’insertion professionnelle ou de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques, participent Ă  renforcer les inĂ©galitĂ©s de parcours dans l’enseignement supĂ©rieur en les inscrivant dans des trajectoires socialement diffĂ©renciĂ©es Pinto, 2014. Les travaux analysant l’impact du travail salariĂ© sur les Ă©tudes montrent que les boursiers et ceux qui sont aidĂ©s par leur famille ont un risque de dĂ©crochage plus faible que ceux qui cumulent emploi et Ă©tudes. Deux facteurs clĂ©s sont identifiĂ©s un effet de seuil liĂ© au nombre d’heures hebdomadaires et dans une moindre mesure le type d’emploi MENESR, 2015a. Beffy et al. 2009 montrent ainsi que l’occupation d’un emploi rĂ©gulier, au-delĂ  d’un certain volume horaire hebdomadaire ici 16h rĂ©duit significativement les chances de rĂ©ussite Ă  l’examen de fin d’annĂ©es, mais n’a pas d’incidence sur sa rĂ©inscription autrement dit la probabilitĂ© pour qu’un Ă©tudiant qui cumule emploi et Ă©tudes se rĂ©inscrive l’annĂ©e suivante n’est pas plus faible ni plus forte qu’un Ă©tudiant non salariĂ©, quels que soient la filiĂšre et le niveau d’études Beffy et al., 2009. De mĂȘme, pour Body et al. 2015, plus le temps consacrĂ© Ă  l’activitĂ© salariĂ©e est important, plus les chances d’échouer ou d’abandonner sont fortes. Le lien avec l’acquisition d’une expĂ©rience professionnelle s’opĂšre plutĂŽt avec les emplois rĂ©guliers en lien avec la formation suivie. Dans le cas d’activitĂ©s rĂ©munĂ©rĂ©es concurrentielles, celles basĂ©es sur le campus ou dans la fonction publique ne semblent pas impacter nĂ©gativement la rĂ©ussite. L’analyse des effets sur les parcours des Ă©tudiants de L1 met en Ă©vidence une plus forte probabilitĂ© d’abandonner les Ă©tudes en cours d’annĂ©e et une plus faible probabilitĂ© de valider l’annĂ©e, et confirme le caractĂšre endogĂšne de l’emploi salariĂ© si les Ă©tudiants concernĂ©s dĂ©cidaient de ne pas travailler, leurs chances de valider leur annĂ©e serait supĂ©rieure Ă  celles des Ă©tudiants qui ne travaillent pas. Un rĂ©sultat qui laisse supposer que ceux qui travaillent auraient des aptitudes et/ou une motivation plus forte que les autres Body et al., 2015. L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© dĂ©pend de la filiĂšre L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des populations Ă©tudiantes est plus ou moins prononcĂ©e selon les secteurs d’études sĂ©lectif, professionnalisant ou universitaire et Ă  l’intĂ©rieur du secteur d’études selon les disciplines. Autrement dit, ce sont Ă  la fois les modes de recrutement et les caractĂ©ristiques propres des cursus qui influent sur la composition sociale des groupes et consĂ©cutivement sur les parcours de rĂ©ussite ou d’échec Verley & Zilloniz, 2010. HomogĂ©nĂ©itĂ© et rĂ©ussite ? La massification des effectifs s’est appuyĂ©e sur une diffĂ©renciation progressive et une hiĂ©rarchisation forte des filiĂšres d’études, Ă  la fois au lycĂ©e et dans le supĂ©rieur, double mouvement contribuant largement au creusement des inĂ©galitĂ©s Bodin & Millet, 2011. Elle s’opĂšre au dĂ©triment des universitĂ©s publiques, dont l’attractivitĂ© a diminuĂ© au cours des dix derniĂšres annĂ©es. MĂȘme si une lĂ©gĂšre hausse est observĂ©e rĂ©cemment, la proportion d’étudiants accueillis reprĂ©sente aujourd’hui Ă  peine un Ă©tudiant sur deux si l’on exclut les disciplines de santĂ© 9 % et les IUT 5 %[8]. Cette baisse d’attractivitĂ© ne touche pas les formations de santĂ© et de droit, de loin les plus demandĂ©es, oĂč le nombre d’inscrits a considĂ©rablement augmentĂ© depuis 10 ans. Elle s’accompagne en revanche d’un essor spectaculaire des inscriptions dans les Ă©tablissements privĂ©s en 2013, un Ă©tudiant sur six soit 18 % est inscrit dans une formation privĂ©e. Ces formations accueillent tous les Ă©tudiants des Ă©coles de commerce et de management, environ un tiers des effectifs des Ă©coles d’ingĂ©nieurs et de STS et un sixiĂšme des Ă©tudiants en CPGE MENESR, 2015a. ParallĂšlement, les politiques en faveur de la professionnalisation de l’enseignement supĂ©rieur ont conduit Ă  une multiplication des cursus professionnalisants Reverdy, 2014 et permis en particulier l’essor de la formation en alternance. Le nombre d’apprentis a considĂ©rablement augmentĂ© depuis 2005 en 2013, ils reprĂ©sentent 5,5 % des effectifs de l’enseignement supĂ©rieur ; prĂšs d’un apprenti sur deux prĂ©pare un BTS, et un sur dix un diplĂŽme d’ingĂ©nieur ou une licence MENESR, 2015a. Les disparitĂ©s d’accĂšs aux filiĂšres sont liĂ©es Ă  la fois aux pratiques de recrutement et Ă  la discipline mĂȘme. À l’universitĂ©, la PACES premiĂšre annĂ©e commune aux Ă©tudes de santĂ© est la filiĂšre qui recrute le plus et qui a la population la plus homogĂšne, composĂ©e quasi exclusivement de bacheliers S – scientifiques – qui a contrario sont relativement peu reprĂ©sentĂ©s dans les autres formations scientifiques. L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© est Ă©galement plus forte en STS qu’en IUT, mais plus faible dans les CPGE qu’en IUT. Certaines filiĂšres dĂ©ficitaires sont moins regardantes que d’autres sur l’origine des bacheliers, parce que leur existence est en quelque sorte conditionnĂ©e par le nombre d’étudiants inscrits
 La population dans ces filiĂšres est plus hĂ©tĂ©rogĂšne et moins captive, les motivations des Ă©tudiants inscrits sont Ă©galement plus fragiles Sarfati, 2013. La population Ă©tudiante en histoire est plus homogĂšne que celle de sociologie, tant en termes de capitaux hĂ©ritĂ©s que de parcours antĂ©rieur, parce que les projets de carriĂšre convergent vers l’enseignement. En sociologie, sont rassemblĂ©s Ă  la fois les bacheliers gĂ©nĂ©raux qui visent une promotion sociale, les bacheliers technologiques pour qui les perspectives professionnelles restent floues, les Ă©tudiants qui veulent passer le concours de professeur des Ă©coles et ceux qui envisagent une carriĂšre dans la recherche Jobard, 2014. Dans les filiĂšres caractĂ©risĂ©es par un recrutement hĂ©tĂ©rogĂšne peu ou pas sĂ©lectives socialement, le passĂ© scolaire dĂ©termine fortement la rĂ©ussite. Ainsi dans les formations universitaires gĂ©nĂ©rales, en STS et en IUT, les bacheliers gĂ©nĂ©raux, en particulier ceux qui n’ont aucun retard scolaire et surtout ceux qui sont titulaires d’une mention, rĂ©ussissent mieux que les autres. Le taux d’obtention d’une licence gĂ©nĂ©rale reste particuliĂšrement bas moins d’un Ă©tudiant sur deux obtient sa licence en trois, quatre ou cinq ans, alors que les taux d’obtention d’un DUT ou d’un BTS en deux ans sont de l’ordre de 70 % et 60 % respectivement MENESR, 2015a. Par contre le bac obtenu a peu d’influence sur la rĂ©ussite en licence professionnelle, prĂšs de 90 % des inscrits recrutĂ©s en 3e annĂ©e obtiennent leur licence, ni sur celle en classes prĂ©paratoires, les recrutements y Ă©tant Ă©galement mieux contrĂŽlĂ©s. Les meilleurs parcours de rĂ©ussite concernent les Ă©lĂšves des classes prĂ©paratoires scientifiques et commerciales qui rejoignent Ă  plus de 80 % une Ă©cole menant Ă  un diplĂŽme de bac +5 aprĂšs deux ou trois ans d’études, contre un tiers pour les classes prĂ©paratoires littĂ©raires, les autres se dirigeant vers l’universitĂ©, en raison du nombre limitĂ© de places offertes au concours MENESR, 2015a. Des orientations subies Ă  l’universitĂ© et en STS Les orientations subies signalĂ©es par les donnĂ©es 2013 de l’OVE sont inĂ©galement rĂ©parties entre les filiĂšres d’études. Plus de trois Ă©tudiants sur quatre 78 % dĂ©clarent ĂȘtre entrĂ©s dans la filiĂšre de leur premier choix lors de leur premiĂšre inscription dans l’enseignement supĂ©rieur. C’est dans la filiĂšre santĂ© que l’on recense la plus faible proportion d’étudiants par dĂ©faut et en STS qu’elle est la plus forte un Ă©tudiant sur trois de STS est concernĂ© OVE, 2014. L’examen croisĂ© des vƓux et des rĂ©sultats d’admission sur APB admission post-bac en 2012 permet d’affiner le diagnostic d’inĂ©galitĂ© des chances, laissant apparaĂźtre certains dĂ©calages Henriet & Pietryk, 2012 30% des demandes des bacheliers gĂ©nĂ©raux surtout S et ES portent sur une filiĂšre courte IUT ou STS, 21 % l’obtiennent ; les bacheliers technologiques optent massivement pour une poursuite d’études en STS 60%, seuls 51 % sont admis ; 15% des bacheliers technologiques demandent une filiĂšre universitaire, au final ils sont 28 % Ă  l’obtenir ; 87% des demandes Ă©mises par les bacheliers professionnels portent sur les STS, 67 % sont admis ; 7% ont demandĂ© une filiĂšre universitaire, ils sont 29 % Ă  ĂȘtre admis en L1. La procĂ©dure APB reste complexe et la maniĂšre dont les diffĂ©rents protagonistes s’en emparent ou non fragilise nettement la visĂ©e d’équitĂ© que ce dispositif cherche Ă  promouvoir[9], en particulier pour les populations les plus vulnĂ©rables. Un Ă©lĂšve de terminale professionnelle sur deux valide au moins un vƓu sur APB, la moitiĂ© d’entre eux est admis dans le supĂ©rieur via la plateforme ; d’autres inscrits dans une formation en alternance accĂšdent Ă  l’enseignement supĂ©rieur hors APB. De façon gĂ©nĂ©rale, on observe une trĂšs forte augmentation de la demande de la part des bacheliers professionnels en trois ans, qui va de pair avec une augmentation des effectifs. Plusieurs raisons peuvent ĂȘtre avancĂ©es un discours ambiant sur l’égale dignitĂ© des baccalaurĂ©ats, soutenu par la rĂ©forme du bac professionnel en 2008, un environnement Ă©conomique peu favorable Ă  l’emploi des jeunes, un intĂ©rĂȘt croissant pour les formations en alternance qui se dĂ©veloppent en STS, un effet d’entraĂźnement liĂ© Ă  la diffusion d’APB dans les lycĂ©es professionnels doublĂ©e d’une saisie encadrĂ©e des vƓux et des raisons endogĂšnes Ă  certaines filiĂšres en difficultĂ© de recrutement qui complĂštent ainsi leurs effectifs. La prĂ©sence de ces bacheliers professionnels dans l’enseignement supĂ©rieur rĂ©vĂšle cependant un dĂ©calage important entre les demandes pour des formations sĂ©lectives et le nombre de places qui au final leur sont offertes, les conduisant Ă  se replier massivement sur une filiĂšre universitaire Thibert, 2015. Leur montĂ©e en puissance en STS oĂč ils reprĂ©sentent en 2012 un Ă©tudiant sur trois s’accompagne d’un recul net des bacheliers technologiques qui comptent dĂ©sormais pour moins de 50 % des effectifs de STS, mais qui ne se reportent pas sur les IUT. Globalement, la part des bacheliers technologiques et professionnels en IUT est plutĂŽt faible ; en valeur absolue, ils sont beaucoup plus nombreux Ă  s’inscrire Ă  l’universitĂ©. Mais le diffĂ©rentiel entre les vƓux et les admissions est Ă©galement faible, autrement dit, bacheliers technologiques et professionnels envisagent en prioritĂ© de poursuivre leurs Ă©tudes en STS, pas en IUT. Les bacheliers S se distinguent pour leur part des autres bacheliers par l’amplitude de leurs orientations. Ils se rĂ©partissent en effet de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e entre filiĂšres sĂ©lectives et non sĂ©lectives et leur prĂ©sence est forte dans les CPGE et dans les IUT environ 15 %. Les bacheliers L – littĂ©raires – rejoignent eux majoritairement l’universitĂ© environ 80 %, alors que prĂšs de 30 % des bacheliers ES – Ă©conomiques et sociaux – s’inscrivent dans une filiĂšre sĂ©lective courte 15 % en IUT Henriet & Pietryk, 2012. Des entrĂ©es rĂ©gulĂ©es par l’autosĂ©lection L’analyse des vƓux d’orientation montre que les bacheliers s’adaptent Ă  la structure hiĂ©rarchisĂ©e de l’enseignement supĂ©rieur ceux dont les capitaux sociaux et scolaires sont les plus faibles se dirigent vers les filiĂšres moins prestigieuses alors que les lycĂ©ens les plus privilĂ©giĂ©s expriment des ambitions plus Ă©levĂ©es. Les filles largement majoritaires dans les filiĂšres universitaires de lettres et de sciences humaines et dans les formations sociales et paramĂ©dicales, sont en revanche minoritaires dans les filiĂšres sĂ©lectives IUT, CPGE et en particulier dans les disciplines scientifiques MENESR, 2015a. Autrement dit, les choix ne rĂ©sultent pas d’une dĂ©marche rationnelle, combinant Ă  des degrĂ©s divers appĂ©tences disciplinaires et/ou projets professionnels, mais opĂšrent dans les limites d’espaces de projections possibles » variables selon les lycĂ©ens Bodin & Millet, 2011. Le travail d’Orange sur les STS 2013 ne dit pas autre chose les bacheliers d’origine populaire se projettent essentiellement voire exclusivement en STS ; l’autocensure intervient donc ici bien en amont du recrutement dans lesdites filiĂšres sĂ©lectives. Mais l’autosĂ©lection intervient dans les deux sens ceux qui sont issus de milieux favorisĂ©s s’interdisent aussi d’aller vers des filiĂšres non prestigieuses. Dans un ouvrage adaptĂ© de sa thĂšse, Pasquali 2014 montre que ce phĂ©nomĂšne est bien plus qu’une ambition rĂ©primĂ©e Ă  un niveau individuel elle est clairement le produit des inĂ©galitĂ©s de classe et d’un systĂšme qui contribue Ă  leur maintien. Il ne suffit pas en effet de placer les bacheliers de ZEP zones d’éducation prioritaire dans une classe prĂ©paratoire rĂ©servĂ©e pour qu’ils passent les frontiĂšres sociales. Les trajectoires de ces jeunes migrants de classe » sont marquĂ©es par des tensions fortes entre les diffĂ©rents espaces, et une relation le plus souvent ambiguĂ« Ă  la ZEP, entre volontĂ© de se distinguer et loyautĂ© aux origines. Au delĂ  du cocon de la classe prĂ©paratoire, les portes des filiĂšres d’élite s’ouvrent Ă  peine et le capital Ă©conomique pĂšse Ă©galement, certains Ă©tudiants Ă©tant rapidement confrontĂ©s Ă  la nĂ©cessitĂ© de travailler pour assurer leur poursuite d’études, malgrĂ© les bourses. Le fait d’achever leurs Ă©tudes dans l’une de ces filiĂšres d’élite ne leur assure pas non plus une rĂ©ussite professionnelle Ă  la hauteur de leurs ambitions le dĂ©calage entre rĂ©ussite scolaire et rĂ©ussite professionnelle reste ainsi frĂ©quent Pasquali, 2014. Les politiques d’ouverture sociale institutionnalisĂ©es au milieu des annĂ©es 2000, visant Ă  soutenir l’accĂšs de bacheliers issus de milieux dĂ©favorisĂ©s aux filiĂšres d’excellence de l’enseignement supĂ©rieur, offrent ainsi des rĂ©sultats contrastĂ©s, comme l’ont bien mis en Ă©vidence les travaux de van Zanten 2010. Elles peuvent effectivement permettre d’élever les aspirations de quelques bons Ă©lĂšves qui ont survĂ©cu aux diffĂ©rentes Ă©tapes de sĂ©lection dans le systĂšme scolaire, sans toujours bĂ©nĂ©ficier de l’aide de leurs parents ou de bonnes conditions de travail dans leurs Ă©tablissements. Mais en l’absence d’une redĂ©finition de la formation mĂȘme des Ă©lites, la diversification est peu opĂ©rante et les Ă©lĂšves bĂ©nĂ©ficiaires de ces dispositifs, dotĂ©s d’un faible capital social, sont trĂšs vite en difficultĂ© au vu des exigences des filiĂšres sĂ©lectives. Des parcours plus complexes [revenir au sommaire] Les parcours de ces populations Ă©tudiantes, peu linĂ©aires au final, mĂȘme si c’est cette linĂ©aritĂ© qui imprĂšgne les reprĂ©sentations liĂ©es Ă  la rĂ©ussite, ne devraient-ils pas s’apprĂ©cier sur le temps long ? MarquĂ©s par des rĂ©orientations et de plus en plus souvent aussi par des reprises d’études, ces parcours qualifiĂ©s d’ itinĂ©raires Ă  choix multiples » Annoot, 2012 ne plaident-ils pas en faveur d’une maturation progressive du projet professionnel ? IntĂ©rĂȘt pour les Ă©tudes ou projet professionnel ? Le diplĂŽme n’est pas toujours l’enjeu On ne choisit pas nĂ©cessairement l’universitĂ© pour y obtenir un diplĂŽme. Au delĂ  de l’orientation par dĂ©faut, la filiĂšre universitaire peut constituer une Ă©tape intermĂ©diaire avant la rĂ©alisation d’un autre projet, ou mĂȘme un moratoire pour rĂ©flĂ©chir Ă  son avenir David & Melnik-Olive, 2014. Paivandi 2015, pour sa part, distingue cinq types de projets projet professionnel les Ă©tudiants souhaitent trouver un mĂ©tier Ă  l’issue de leur formation, visent un savoir utile pour leur emploi, s’intĂ©ressent Ă  ce en quoi la formation sera bĂ©nĂ©fique, capitalisable pour leur avenir professionnel ; projet intellectuel les Ă©tudiants ont un rapport aux Ă©tudes plus savant, intellectuel, ils ont le souci d’approfondir leurs connaissances, ils apprĂ©cient donc les Ă©tudes qu’ils ont choisies pour leur intĂ©rĂȘt propre ; projet en construction les Ă©tudiants ont choisi l’universitĂ© pour l’espace d’essais-erreurs qu’elle permet dans l’orientation, ils ont souvent Ă©tĂ© refusĂ©s dans des filiĂšres sĂ©lectives, ils cherchent leur voie tout en jouissant du statut d’étudiant ; projet pragmatique les Ă©tudiants visent avant tout un diplĂŽme ou un concours, ils ne sont pas concernĂ©s rĂ©ellement par le contenu des cours ; projet personnel et social les Ă©tudiants s’intĂ©ressent au fait d’ĂȘtre Ă©tudiant, d’ĂȘtre Ă  l’universitĂ©, hors contexte professionnel. Ces catĂ©gorisations invitent Ă  penser le projet » indĂ©pendamment des formations professionnalisantes. Bien Ă©videmment les dĂ©bouchĂ©s professionnels sont davantage Ă©voquĂ©s pour justifier le choix d’une formation professionnalisante, Ă  l’inverse les possibilitĂ©s de dĂ©veloppement intellectuel sont plus frĂ©quemment mises en avant par les Ă©tudiants inscrits en CPGE, Ă  l’universitĂ© ou dans les Ă©coles de la culture. Mais en tout Ă©tat de cause, les deux dimensions sont prĂ©sentes dans les rĂ©ponses des Ă©tudiants OVE, 2014. Ensuite, la professionnalisation n’appelle pas mĂ©caniquement la vocation le choix de filiĂšres STS en particulier se fait plutĂŽt dans une poursuite naturelle avec le lycĂ©e, les Ă©tudiants prennent davantage en considĂ©ration d’oĂč ils viennent » et s’intĂ©ressent moins Ă  oĂč ils vont ». Enfin, les Ă©tudiants en licence universitaire ne sont pas dĂ©pourvus de projet professionnel 44 % des entrants en 2011 dĂ©clarent avoir un projet professionnel prĂ©cis Bodin & Orange, 2013. Cela rejoint les rĂ©sultats des travaux de Paivandi 2015, avec une majoritĂ© de rĂ©pondants filiĂšres lettres et sciences humaines signalant une orientation motivĂ©e. Le rapport au projet, complexe, permet difficilement d’établir une corrĂ©lation avec la rĂ©ussite. Ni les statistiques françaises, ni celles de l’OCDE qui, Ă  un niveau macro, nivellent encore davantage ces diffĂ©rences, ne peuvent rendre compte des divergences entre ceux qui prennent une inscription pour prĂ©parer un concours et ceux qui dĂ©cident de s’offrir une annĂ©e sabbatique » pour rĂ©flĂ©chir Ă  leur avenir. DĂšs lors, le taux gĂ©nĂ©ralement annoncĂ© de 20 % de bacheliers en France qui commencent des Ă©tudes supĂ©rieures et qui ne les terminent pas, apparaĂźt difficile Ă  interprĂ©ter
 sans doute le taux de redoublement constituerait un meilleur indicateur. Cette difficultĂ© Ă  analyser statistiquement les aspirations se double ainsi d’une difficultĂ© Ă  apprĂ©hender le nombre de dĂ©crocheurs », dont la catĂ©gorisation, basĂ©e sur la non-rĂ©inscription, reste peu satisfaisante, du fait qu’elle ne rĂ©pond pas Ă  une dĂ©finition stabilisĂ©e et qu’elle ne tient pas compte des trajectoires. Cette dĂ©finition, en appliquant un mode de calcul proche de celui des sorties sans qualification du secondaire, amalgame en dĂ©finitive des situations trĂšs diverses Bodin & Millet, 2011. DĂ©faut de projet professionnel un risque ? DĂšs lors on peut s’interroger sur la relation trop promptement Ă©tablie entre dĂ©faut de projet professionnel et dĂ©crochage ou Ă©chec. Sur cette question, les rĂ©ponses des chercheurs sont partagĂ©es. En combinant les dimensions du projet, de la vocation et de l’intĂ©gration, Dubet 1994 identifiait dĂ©jĂ  dans les annĂ©es 1990 deux profils de dĂ©crocheurs parmi les bacheliers entrĂ©s Ă  l’universitĂ© d’une part celui qui n’a ni projet ni vocation, mais qui s’investit dans la sociabilitĂ© Ă©tudiante au dĂ©triment de ses Ă©tudes par exemple ceux qui militent, trĂšs marginaux en France et d’autre part celui qui n’a ni projet, ni vocation et qui n’est pas non plus intĂ©grĂ© sans goĂ»t pour les Ă©tudes et sans perspective, il est isolĂ© et ne parvient pas Ă  donner du sens Ă  cette expĂ©rience. Pour Paivandi 2015, le projet professionnel est une des dimensions clĂ©s de l’expĂ©rience Ă©tudiante avec l’intĂ©gration sociale et l’intĂ©rĂȘt ou sens personnel accordĂ© aux Ă©tudes. Les formations universitaires reprĂ©sentent des espaces oĂč le projet de l’étudiant peut se construire, car l’avenir, souvent liĂ© au mĂ©tier, est une des prĂ©occupations rĂ©currentes exprimĂ©es par les Ă©tudiants. Morlaix et Suchaut 2012 considĂšrent le projet de l’étudiant comme un facteur motivationnel important. L’étude rĂ©alisĂ©e auprĂšs d’étudiants de premiĂšre annĂ©e des filiĂšres AES, psychologie et droit, sur le rĂŽle des capacitĂ©s cognitives et du niveau acadĂ©mique sur la rĂ©ussite a aussi dĂ©montrĂ© que l’adĂ©quation de l’orientation Ă  un projet professionnel contribue pleinement Ă  la rĂ©ussite ». Cette influence positive du choix d’étude est aussi confirmĂ©e par Neuville et Frenay 2012 sur la dimension de persĂ©vĂ©rance. D’autres travaux montrent que l’absence de projet n’est pas en soi prĂ©judiciable et que le fait d’avoir un projet construit Ă  l’entrĂ©e dans le supĂ©rieur ne garantit ni un investissement effectif dans le travail universitaire, ni un intĂ©rĂȘt intellectuel pour le contenu des cours eux-mĂȘmes, si le lien entre la formation et la profession n’est pas perçu comme explicite BiĂ©mar et al., 2003. En outre, la formulation du projet ne va pas nĂ©cessairement de pair avec une capacitĂ© rĂ©elle Ă  anticiper les difficultĂ©s et Ă  rebondir, considĂ©rĂ©e comme une meilleure carte qu’un rapport aux Ă©tudes calquĂ© sur le fonctionnement du secondaire ou qu’une formation qui colle mal avec un projet professionnel trop prĂ©cis, comme l’ont montrĂ© les travaux de BeaupĂšre et Boudesseul 2009 pour l’OVE. ConfrontĂ©s Ă  leur mĂ©tier d’étudiants, certains, en effet, n’en perçoivent pas les exigences et reproduisent les maniĂšres de travailler, assimilĂ©es Ă  du bachotage solitaire, qui ont fait leurs preuves dans le secondaire ; mais la conformitĂ© au mĂ©tier d’élĂšve ici les dessert et ils ne comprennent pas leur Ă©chec. D’autres, plutĂŽt issus des filiĂšres technologiques ou professionnelles, se sont inscrits sans trop y croire, en espĂ©rant quand mĂȘme retrouver la voie normale » ; ils s’aperçoivent rapidement qu’ils n’ont pas les connaissances suffisantes, ils se sentent exclus et n’osent pas solliciter les enseignants. D’autres encore dĂ©veloppent des stratĂ©gies plus ou moins hasardeuses de rattrapage ou de contournement choix des options, compensation des notes pour aller de l’avant, malgrĂ© leurs Ă©checs aux examens de façon Ă  conserver leur statut Ă©tudiant
 En dĂ©finitive, ceux qui sont trĂšs dĂ©pendants des verdicts scolaires studieux » et ceux qui passent d’une formation Ă  une autre sans faire aboutir leur projet professionnel en errance » prĂ©sentent un risque d’échec plus profond que ceux qui quittent l’universitĂ© soit pour profiter d’une opportunitĂ© d’emploi opportunistes », soit pour s’engager dans une formation professionnelle de niveau CAP ou baccalaurĂ©at professionnel raccrocheurs », les uns et les autres gĂ©rant leurs parcours de façon plus autonome. Capables de multiplier les expĂ©riences et d’activer leur rĂ©seau, ils ne misent pas tout d’emblĂ©e sur le diplĂŽme ou bien prennent acte de leurs difficultĂ©s et utilisent le temps passĂ© Ă  l’universitĂ© pour mĂ»rir un projet professionnel moins acadĂ©mique » BeaupĂšre & Boudesseul, 2009. PrĂ©valence de l’intĂ©rĂȘt pour les Ă©tudes dans la rĂ©ussite Le projet de l’étudiant et le sens qu’il donne Ă  son parcours sont liĂ©s Ă  son rapport au savoir, rĂ©gulateur des motivations, des investissements. C’est un processus dynamique, qui Ă©volue et qui doit se comprendre dans un environnement social. Peu d’étudiants disent ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par un projet intellectuel Paivandi, 2015. Ils se retrouvent plus volontiers autour d’un savoir utile », concret », pratique » ou professionnel », technique », applicable » ou capitalisable » et la relation aux Ă©tudes prend alors en compte une efficacitĂ© du savoir ». Or en trouvant le sens dans ces savoirs eux-mĂȘmes, l’étudiant, alors curieux, ouvert, fort de motivation intrinsĂšque, a plus de probabilitĂ© de rĂ©ussir que l’étudiant privilĂ©giant la fonction utile » des Ă©tudes Ă  travers le projet professionnel. Un facteur crucial de rĂ©ussite serait donc d’ĂȘtre en phase avec la reprĂ©sentation du savoir qui domine dans le monde universitaire » BiĂ©mar et al., 2003. Ainsi, l’entreprise de rĂ©ussite serait bien plus du cĂŽtĂ© du projet d’études, du sens qui se construit plutĂŽt que relevant du projet professionnel Romainville & Michaut, 2012. Les travaux de Le Mener 2012 confirment cette prĂ©valence de l’intĂ©rĂȘt pour la discipline sur la motivation Ă  Ă©tudier, par rapport au projet professionnel qui agit sur les performances mais dans une moindre mesure. Selon elle, c’est la motivation intrinsĂšque qui prĂ©dit le mieux la rĂ©ussite. Les attentes exprimĂ©es par les Ă©tudiants doivent cependant ĂȘtre nuancĂ©es. Une Ă©tude de la FREREF Fondation des rĂ©gions europĂ©ennes pour la recherche, l’éducation et la formation par exemple montre qu’au-delĂ  du projet professionnel et donc de l’intĂ©rĂȘt pour le savoir utile », quasi instrumental, les prolongements sociĂ©taux et les questions Ă©thiques liĂ©es aux disciplines sont insuffisamment valorisĂ©es dans les formations Fernex & Lima, 2006. D’autres enquĂȘtes, par exemple sous l’égide de l’ESU European Students’ Union, mettent Ă©galement en Ă©vidence une conception de la qualitĂ© de l’enseignement qui excĂšde trĂšs largement la tension entre savoir acadĂ©mique et savoir utile ESU, 2013. Dans une perspective d’insertion professionnelle, il est Ă©galement intĂ©ressant de remarquer que le diplĂŽme n’est pas considĂ©rĂ© comme une panacĂ©e. Seuls 45 % des Ă©tudiants interrogĂ©s lors de la derniĂšre enquĂȘte Conditions de vie » de l’OVE le considĂšrent en effet comme trĂšs important pour rĂ©ussir. Ce sont les efforts personnels 75 % et les relations et rĂ©seaux 52 % qui apparaissent comme les meilleurs prĂ©dicteurs de la rĂ©ussite. Alors que le poids du diplĂŽme sur les trajectoires en France est particuliĂšrement fort, se dessine ainsi chez les Ă©tudiants une tendance Ă  une vision plus individualisĂ©e de la rĂ©ussite, pondĂ©rĂ©e cependant par des perspectives d’avenir mitigĂ©es seul un Ă©tudiant de master sur deux estime que ses chances d’insertion professionnelle sont bonnes ou trĂšs bonnes. Le clivage entre les filiĂšres est ici notable les Ă©tudiants en santĂ©, les Ă©tudiants ingĂ©nieurs et les Ă©tudiants en sciences sont les plus optimistes ; inversement les Ă©tudiants en sciences humaines et sociales et en culture sont plus pessimistes. La croyance en une insertion meilleure Ă  l’étranger ne semble pas non plus particuliĂšrement forte, y compris dans des formations spĂ©cialisĂ©es telles que la mĂ©decine et l’ingĂ©nierie, Ă  l’exception des filiĂšres de management OVE, 2014. Des Ă©tudiants pas toujours prĂȘts L’injonction au projet professionnel concerne assez peu les Ă©lĂšves qui rĂ©ussissent ils n’ont pas de compte Ă  rendre, leurs choix n’ont pas besoin d’ĂȘtre justifiĂ©s, leur avenir repose sur leur capacitĂ© Ă  maintenir leurs performances, les dĂ©cisions d’ordre professionnel sont de fait diffĂ©rĂ©es BeaupĂšre et al., 2007. Travailler sur le projet professionnel au moment de la transition entre secondaire et supĂ©rieur peut de surcroĂźt s’avĂ©rer prĂ©maturĂ© pour certains Ă©lĂšves peu aptes Ă  se projeter. L’universitĂ© constitue dĂšs lors une solution d’attente, non pas parce qu’ils n’ont pas obtenu la formation qu’ils ont demandĂ©, mais parce qu’ils ne se sentent pas prĂȘts Ă  s’engager dans une voie professionnelle donnĂ©e et prĂ©fĂšrent prendre le temps de mĂ»rir leur projet. Ces Ă©tudiants s’approprient l’offre universitaire ou, plus prĂ©cisĂ©ment encore, la dĂ©tournent. Ils en font le lieu d’une prĂ©paration Ă  leur avenir professionnel oĂč l’obtention d’un diplĂŽme n’est plus la prioritĂ© ». L’universitĂ©, en leur permettant de se construire une expĂ©rience, Ă  travers les stages ou au sein de mouvements de jeunesse ou d’associations parascolaires par exemple, joue son rĂŽle, fĂ»t-ce malgrĂ© elle, d’encadrement, de formation et d’accompagnement des nouveaux bacheliers vers un avenir professionnel » Bodin & Millet, 2011. David et Melnik-Olive 2014 placent aussi l’entrĂ©e Ă  l’universitĂ© comme la quĂȘte d’un nouveau statut social, qu’il soit plus ou moins exprimĂ©. Il s’agit d’essayer, de faire des expĂ©riences, des dĂ©couvertes. C’est un lieu d’itinĂ©raires faits d’ajustements progressifs, pour construire des objectifs, un espace-temps d’adaptations et de rĂ©flexions », non celui de trajectoires dĂ©terminĂ©es Annoot, 2012. Pour Bart et Fournet 2010, cette dimension expĂ©rientielle permet une maturation du projet professionnel et personnel, assise de leur professionnalisation composĂ©e Ă  la fois de leurs visĂ©es personnelles fortement socialisĂ©es, de leurs attentes Ă  l’égard de la formation et de moyens assurĂ©s par les savoirs d’expĂ©rience acquis au prĂ©alable, l’expĂ©rience d’études conduit les Ă©tudiants Ă  faire Ă©voluer leur projet au fur et Ă  mesure de l’avancĂ©e dans le parcours de formation. Ils plaident donc pour dĂ©placer le questionnement au cours de la formation supĂ©rieure la formalisation de cette dĂ©marche au sein mĂȘme de la formation permet de nuancer les discours incitatifs Ă  l’individualisation des parcours et de l’accompagnement la mise en Ɠuvre d’activitĂ©s pĂ©dagogiques de suivi des Ă©tudiants sur un mode collectif et collaboratif semble au contraire requise pour permettre l’affermissement, l’évaluation et l’enrichissement croisĂ©s des projets “personnels” » Bart & Fournet, 2010. Parfois la maturation du projet professionnel requiert de passer par une premiĂšre expĂ©rience d’insertion difficile 14 % des jeunes diplĂŽmĂ©s Ă  bac +5 interrogĂ©s par l’APEC dĂ©clarent avoir changĂ© d’orientation professionnelle dans les deux ans qui ont suivi l’obtention de leur diplĂŽme. Cette rĂ©orientation est souvent l’occasion pour ces jeunes d’exercer vĂ©ritablement un choix personnel en s’affranchissant du poids des influences familiales ; dans d’autres cas, elle s’impose d’elle-mĂȘme du fait d’un manque de dĂ©bouchĂ©s et d’une recherche d’emploi infructueuse. Dans tous les cas, qu’elle soit choisie ou non, que le processus soit long ou court, qu’il requiert une formation continue externe ou interne, la rĂ©orientation est une source d’espoirs et elle est vĂ©cue comme une occasion de reprendre en main leur avenir professionnel APEC, 2015. Des parcours toujours socialement marquĂ©s Les diffĂ©rences de parcours ne relĂšvent pas seulement du passĂ© scolaire et des aspirations des bacheliers. Dans quelle mesure les logiques de filiĂšres ne surpassent-elles pas tous les autres facteurs Bodin & Millet, 2011 ? LĂ©gitimer les trajectoires non rectilignes » La notion de rĂ©ussite en France reste profondĂ©ment associĂ©e Ă  une trajectoire rectiligne jusqu’au diplĂŽme. Charles, dans l’ouvrage tirĂ© de sa thĂšse 2015, en comparant la situation française Ă  celle de l’Angleterre et de la SuĂšde, l’assimile Ă  un voyage en TGV[10] Bien choisir sa destination dĂšs le dĂ©part est capital, car tout changement de direction s’avĂšre dĂ©licat et coĂ»teux en temps. Une fois montĂ© dans le train, la trajectoire est fortement linĂ©aire et il n’y aura guĂšre que quelques gares avant l’arrivĂ©e. Par intermittence, il est bien possible de descendre du TGV avant d’atteindre la destination finale, mais encore faut-il en avoir le courage lorsque le train marque un court arrĂȘt en gare, avant de repartir pour plusieurs centaines de kilomĂštres. En effet, une fois descendu, on a souvent peu de temps pour dĂ©cider d’y remonter et on ne connaĂźt pas nĂ©cessairement Ă  l’avance les correspondances qui seront offertes en gare. Au cours du trajet, tout le monde est tenu de se dĂ©placer au mĂȘme rythme en vue d’arriver le plus rapidement possible Ă  destination, sans guĂšre d’arrĂȘt ou retour en arriĂšre envisageables. Symbole de vitesse et d’efficacitĂ©, le TGV impose nĂ©anmoins deux contraintes la rigiditĂ© des horaires et la difficultĂ© Ă  changer de destination en cours de voyage. DĂ©tail non sans importance, pour la mĂȘme destination sociale, il y a bien souvent deux niveaux de confort en premiĂšre classe, un nombre restreint de voyageurs, un service Ă  la carte et une ambiance studieuse ; en seconde classe, des wagons surpeuplĂ©s et des conditions de voyage dĂ©gradĂ©es » Charles, 2015. Pour d’autres chercheurs, cette linĂ©aritĂ© du systĂšme n’empĂȘche pas une multiplicitĂ© de parcours qu’il serait abusif de qualifier d’accidentĂ©s ils sont les Ă©lĂ©ments clĂ©s d’un processus de rĂ©gulation des aspirations et des choix des nouveaux bacheliers, au principe de cette pĂ©rennisation des hiĂ©rarchies dans un contexte de massification » Bodin & Millet, 2011. Pour Bodin et Orange 2015 Ă©galement, l’universitĂ©, en permettant les mobilitĂ©s internes et externes, joue un rĂŽle pivot dans la rĂ©gulation des orientations et des parcours. Rien n’est donc jouĂ© une fois pour toutes, mais tout se passe comme si chercher sa voie dans un premier cycle universitaire devait relever de l’implicite, comme si le seul parcours de rĂ©ussite acceptable correspondait Ă  l’obtention de la licence en trois ans, voire quatre. La persistance d’un tel dĂ©calage entre conception de la rĂ©ussite et parcours est Ă  replacer dans les dĂ©bats sur la secondarisation » des premiers cycles et sur le -3+3 », initiĂ©s avec le plan RĂ©ussite en licence PRL en 2007 et rĂ©activĂ©s lors de la consultation sur la loi ESR votĂ©e en 2013 BĂ©jean & Monthubert, 2015 ; BrĂ©hier, 2015 ; Pietryk & Allal, 2013. L’objectif est de proposer des licences davantage pluridisciplinaires, de rendre la spĂ©cialisation plus progressive et de simplifier l’offre de formation supĂ©rieure. En dĂ©finitive, il s’agit de miser sur une articulation plus forte entre Ă©tudes secondaires et supĂ©rieures, en faisant endosser une fonction d’aiguillage aux premiers cycles universitaires
 sans toucher aux conditions d’admission, dont l’absence pĂ©nalise ceux qui ne sont pas prĂȘts et obliger ceux qui le sont Ă  attendre le master pour se spĂ©cialiser ?. À moins qu’il ne s’agisse d’ouvrir des instituts d’enseignement supĂ©rieur qui prendraient en charge les nĂ©o-bacheliers avant leur entrĂ©e Ă  l’universitĂ© ? Abandons, rĂ©orientations et reprises d’étude Ainsi les phĂ©nomĂšnes d’abandon, de rĂ©orientation ou de non-rĂ©inscription, du fait de leur constance et de leur rĂ©gularitĂ©, ne peuvent s’expliquer uniquement par les alĂ©as institutionnels, ni par les seules expĂ©riences individuelles des Ă©tudiants. C’est dans l’espace flou des premiers cycles universitaires, oĂč se cĂŽtoient Ă©tudes courtes et Ă©tudes longues, formations professionnalisantes et formations acadĂ©miques, qu’ils sont les plus marquĂ©s Bodin & Millet, 2011. À l’issue de la L1, grosso modo, un Ă©tudiant sur deux passe directement en L2, un sur quatre redouble, plus d’un sur quatre se rĂ©oriente ou abandonne les Ă©tudes supĂ©rieures. Les abandons dĂ©finitifs semblent au final assez peu nombreux et concernent d’abord ceux inscrits dans les filiĂšres dĂ©jĂ  considĂ©rĂ©es comme les moins prestigieuses. Ce sont en effet essentiellement les bacheliers inscrits Ă  l’universitĂ© et en STS qui connaissent les taux d’abandon les plus forts, alors que les CPGE et les IUT, qui sĂ©lectionnent davantage leurs Ă©tudiants et qui proposent un encadrement plus strict des Ă©tudes, sont confrontĂ©s Ă  des abandons nettement moins importants MENESR, 2015a. Ceux qui dĂ©crochent aprĂšs quelques mois ont un profil proche des bacheliers qui n’entament pas d’études supĂ©rieures. Ceux qui prĂ©sentent le plus de risques en termes de non-rĂ©inscription ou de rĂ©orientation sont plus souvent issus de milieux populaires ou nĂ©s dans des familles de commerçants, d’artisans ou d’agriculteurs, moins bien dotĂ©es scolairement. Le type de baccalaurĂ©at constitue alors le meilleur prĂ©dicteur, la probabilitĂ© de sortir sans diplĂŽme Ă©tant en effet nettement plus Ă©levĂ©e chez les bacheliers technologiques et surtout chez les bacheliers professionnels Bodin & Millet, 2011. Le poids du passĂ© scolaire et celui de l’origine sociale diminue au fur et Ă  mesure de l’avancĂ©e dans les Ă©tudes les Ă©tudiants se familiarisent et incorporent les maniĂšres de travailler propres Ă  leur environnement d’études ; ils dĂ©veloppent des routines soit liĂ©es Ă  la charge de travail personnel, soit dans les temps de travail encadrĂ©s s’ils sont nombreux ; ils s’approprient une culture commune qui leur permet de devenir semblables avec le temps. C’est ce que Millet nomme les matrices disciplinaires » 2003. Pour autant, cette culture commune ne garantit pas la rĂ©ussite si la poursuite d’études en master est un schĂ©ma courant de l’ordre de 90 % des titulaires d’une licence en droit et de 80 % en sciences par exemple, les taux d’obtention, toutes disciplines confondues, sont faibles Ă  peine plus d’un Ă©tudiant sur deux inscrit en M1 en 2009-2010 a obtenu son master en deux ou trois ans MENESR, 2015a. Ceux qui se rĂ©orientent le font gĂ©nĂ©ralement dans une formation moins exigeante en termes de capitaux scolaires, en STS ou dans les Ă©coles spĂ©cialisĂ©es par exemple. Ces rĂ©ajustements vers le bas » fonctionnent par palier un Ă©lĂšve de CPGE qui dĂ©croche ne va pas en STS, il rejoint plutĂŽt l’universitĂ©. Les logiques inter-filiĂšres universitaires sont les mĂȘmes le glissement se fait du droit aux sciences humaines, de la mĂ©decine aux sciences, rarement l’inverse Bodin & Millet, 2011. Pour Verley et Zilloniz 2010, les renoncements en STS et IUT s’opĂšrent principalement au sein des mĂȘmes types de filiĂšres mais dans des Ă©tablissements et/ou des disciplines diffĂ©rents. Le phĂ©nomĂšne de la reprise d’études, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, est important, il a doublĂ© en 25 ans, et ne concerne pas seulement les non-diplĂŽmĂ©s. Ainsi ce sont 16 % des diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur et prĂšs d’un tiers des sortants sans diplĂŽme qui reprennent des Ă©tudes dans les trois ans qui suivent leur formation initiale. Les Ă©tudiants diplĂŽmĂ©s des filiĂšres professionnelles courtes de l’enseignement supĂ©rieur reviennent souvent en formation via l’alternance, aprĂšs avoir rejoint quelques mois le marchĂ© du travail. Les enquĂȘtes gĂ©nĂ©rations du CÉREQ Centre d’études et de recherches sur les qualifications montrent que l’obtention de nouveaux diplĂŽmes amĂ©liore l’insertion professionnelle ultĂ©rieure MENESR, 2015a. Le temps un alliĂ© pour rĂ©ussir et s’insĂ©rer Dans un contexte gĂ©nĂ©ralisĂ© d’allongement des carriĂšres scolaires, les rĂ©orientations et interruptions temporaires freinent l’obtention du diplĂŽme, mais ne l’empĂȘchent pas dĂ©finitivement les niveaux de qualification sont de fait de plus en plus Ă©levĂ©s, invitant Ă  s’affranchir de la temporalitĂ© linĂ©aire formatĂ©e par la scolaritĂ© secondaire. Avec un taux de diplĂŽmation de l’ordre de 44 % pour les jeunes ĂągĂ©s de 25 Ă  29 ans, la France est au dessus du benchmark de la StratĂ©gie Europe 2020. Les femmes sont plus diplĂŽmĂ©es que les hommes plus de 50 % d’une gĂ©nĂ©ration possĂšdent un diplĂŽme de l’enseignement supĂ©rieur contre 40 % pour les hommes, mais leur insertion sur le marchĂ© du travail est plus prĂ©caire ou plus longue. La rĂ©ussite des Ă©tudiants dans les filiĂšres dites sĂ©lectives courtes peut s’apprĂ©cier sur un temps plus long la cinquiĂšme annĂ©e suivant leur baccalaurĂ©at, 72 % des Ă©tudiants entrĂ©s par la filiĂšre STS et 89 % des Ă©tudiants entrĂ©s par la filiĂšre IUT sont diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur, dont respectivement 22 % et 52 % dĂ©tiennent un diplĂŽme de niveau bac +3. En licence professionnelle en 2012-2013, 9 Ă©tudiants sur 10 obtiennent leur diplĂŽme en un an, une rĂ©ussite qui doit bien plus aux caractĂ©ristiques de la population recrutĂ©e sĂ©lectionnĂ©e qu’aux qualitĂ©s mĂȘmes de la formation. Si la prĂ©caritĂ© des premiers emplois occupĂ©s par les diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur s’est accentuĂ©e, ils rĂ©sistent mieux que les non-diplĂŽmĂ©s aux difficultĂ©s liĂ©es Ă  la primo-accession au marchĂ© du travail. Le diplĂŽme reste donc un atout pour l’emploi mĂȘme s’il convient de nuancer selon les niveaux de diplĂŽme, les spĂ©cialitĂ©s ou les voies de formation. Trois ans aprĂšs, ce sont les ingĂ©nieurs et les diplĂŽmĂ©s en santĂ© bac +2 ou +3 qui connaissent le chĂŽmage le plus faible. D’une façon gĂ©nĂ©rale, plus le diplĂŽme est professionnalisĂ©, moins le taux de chĂŽmage est Ă©levĂ© Ă  la sortie des Ă©tudes MENESR, 2015a. Quels environnements propices Ă  la rĂ©ussite ? [revenir au sommaire] À son entrĂ©e Ă  l’universitĂ©, l’étudiant va devoir, pour tracer son parcours d’études, progresser Ă  travers un monde qu’il se doit de dĂ©coder, rompant avec le cadre scolaire prĂ©cĂ©dent, ordonnĂ©, dĂ©fini, et largement intĂ©grĂ©. La comprĂ©hension des codes, des fonctionnements du monde universitaire participe Ă  la nĂ©cessaire affiliation institutionnelle Coulon, 2005. L’ancien lycĂ©en doit le plus rapidement possible s’approprier son mĂ©tier d’étudiant », pour s’engager dans cette transformation identitaire qu’est devenir Ă©tudiant » et qui s’accompagne de nombreuses autres mutations changement des modes de vie, responsabilisation, libertĂ©s individuelles et autonomie. Ce parcours se vit comme une lente adaptation plutĂŽt qu’une intĂ©gration Paivandi, 2015. Peu prĂ©parĂ©, l’étudiant doit faire face Ă  des exigences implicites pour faire partie de sa communautĂ©, y ĂȘtre reconnu, jusqu’à dĂ©velopper un lien d’appartenance avec son universitĂ© Romainville & Michaut, 2012. C’est la quĂȘte d’un nouveau statut social dans un monde atomisĂ© » qui rend difficile les relations et rencontres. L’universitĂ© permet-elle cette socialisation nouvelle ? Traditionnellement, l’universitĂ© n’apparaĂźt pas comme un lieu de socialisation mais comme un lieu d’études et d’appropriation de savoirs savants. Une dissociation des lieux d’études et de loisirs Cette reprĂ©sentation de l’universitĂ© peu socialisante est une constante dans les enquĂȘtes de l’OVE 2014. Les Ă©tudiants dĂ©clarent ne pas avoir de lien fort avec leur universitĂ© et Ă©prouvent un sentiment de non-appartenance beaucoup plus fort que celui ressenti par les Ă©tudiants des Ă©coles d’ingĂ©nieurs ou de commerce. Seuls 12 % des Ă©tudiants se sentent pleinement intĂ©grĂ©s Ă  la vie de leur Ă©tablissement universitaire ». Les analystes expliquent cette faible attractivitĂ© par diffĂ©rentes causes des campus Ă©clatĂ©s oĂč il est difficile de crĂ©er un lieu de vie en commun, oĂč les services aux Ă©tudiants administratifs, pĂ©dagogiques, sociaux, etc. sont peu connus, oĂč les contacts utiles sont difficilement identifiables et oĂč les enseignants et le personnel administratif apparaissent comme peu ouverts au dialogue. L’analyse des rĂ©sultats de l’OVE Ă©voque en parallĂšle les questions de vie Ă©tudiante, peu prises en compte par les responsables d’établissements, ou encore la place de l’universitĂ© dans la ville, en termes de transport ou d’accĂšs Ă  la culture. Par ailleurs, l’enquĂȘte montre que les Ă©tudiants utilisent peu les Ă©quipements mis Ă  leur disposition, hormis la bibliothĂšque et, dans une moindre mesure, les Ă©quipements sportifs. Ils sont aussi peu investis dans les associations Ă©tudiantes 73 % des Ă©tudiants universitaires dĂ©clarent n’adhĂ©rer Ă  aucune association OVE, 2014. Erlich 1998 mettait dĂ©jĂ  en Ă©vidence un dĂ©doublement entre lieux d’études et lieux de loisirs, voire une dissociation de ces espaces pour la majoritĂ© des Ă©tudiants, alors que sur un plan temporel l’imbrication des activitĂ©s Ă©tait frĂ©quente. Cette diffĂ©renciation est d’autant plus prĂ©gnante aujourd’hui que s’ajoutent Ă  ce diptyque les lieux de travail, oĂč la socialisation s’opĂšre encore autrement. La majoritĂ© des Ă©tudiants dĂ©plorent une organisation de leur universitĂ© qui semble plus rĂ©pondre Ă  des contraintes liĂ©es au fonctionnement de l’établissement qu’à la satisfaction de leurs besoins personnels. Il semblerait que l’universitĂ© ne soit pas un lieu pensĂ© pour eux. Ils entrevoient peu de structuration et d’encadrement permettant de crĂ©er des liens qui concourent Ă  leur nouvelle reconnaissance sociale d’étudiant. Ils expĂ©rimentent alors diverses sociabilitĂ©s eux-mĂȘmes, dans les actions collectives, le dĂ©veloppement de l’entraide ou les groupes amicaux Coulon & Paivandi, 2008. De façon gĂ©nĂ©rale, Ă  part l’activitĂ© de recherche documentaire qui se pratique indiffĂ©remment dans et hors l’établissement, les autres activitĂ©s liĂ©es Ă  l’apprentissage s’effectuent aussi en dehors de l’établissement, et leur spatialisation dĂ©pend explicitement de la nature de l’activitĂ© par exemple, les rĂ©visions sont rĂ©alisĂ©es Ă  domicile, le travail de groupe se dĂ©roule alternativement chez les uns et les autres. L’usage de lieux tiers est plutĂŽt dĂ©diĂ© Ă  des activitĂ©s de lecture et varient selon les Ă©tudiants ceux qui ont un sentiment d’auto-efficacitĂ© faible frĂ©quentent par exemple davantage les lieux institutionnels tels que les bibliothĂšques, lieux oĂč la coprĂ©sence passive limite la procrastination. Les temps de transport en revanche ne sont guĂšre mobilisĂ©s par les Ă©tudes ils restent des temps rĂ©servĂ©s aux interactions sociales, en prĂ©sence ou Ă  distance, et des temps de loisirs musique, lecture Paquelin, 2015. Des formes d’entraide entre pairs L’entraide, la solidaritĂ©, parce qu’elles permettent de tisser des liens en plus de servir la relation de travail, sont des facteurs Ă  prendre en compte pour la rĂ©ussite universitaire, bien que ces relations soient peu rĂ©pandues Ă  l’universitĂ© Coulon & Paivandi, 2008. Dans une Ă©tude menĂ©e auprĂšs de l’ensemble des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© de Strasbourg, Guillon 2015 montre comment cette collaboration informelle se rĂ©vĂšle ĂȘtre une des conditions favorables Ă  un parcours rĂ©ussi. Une absence ou une insuffisance de coopĂ©ration au cours des Ă©tudes va souvent de pair avec une absence de diplĂŽmation, de mĂȘme qu’elle occasionne un ressenti nĂ©gatif de l’expĂ©rience Ă©tudiante, plusieurs annĂ©es aprĂšs la fin du parcours universitaire. Si l’entraide peut concourir au soutien psychologique de l’étudiant ou dĂ©veloppe l’appartenance Ă  un groupe, elle permet, plus prosaĂŻquement, d’échanger ses cours, ses notes, de rĂ©viser pour les examens. Pour Monfort 2003, ces interrelations permettent, pour des Ă©tudiants peu prĂ©parĂ©s mĂ©thodologiquement, d’identifier collectivement le travail Ă  accomplir. Mais elles sont tributaires de temps disponibles, de lieux adĂ©quats pour se retrouver. On voit donc bien la difficultĂ©, voire le sentiment d’exclusion, qui impacte les Ă©tudiants domiciliĂ©s loin du campus ou ayant une activitĂ© salariĂ©e. Par ailleurs, la constitution des groupes, en premiĂšre annĂ©e, tient bien souvent au voisinage de la premiĂšre heure » sur les bancs de l’universitĂ©. Autant d’observations qui attestent que la relation entre pairs n’est pas organisĂ©e et qu’elle ne suit pas de normes, Ă  l’instar des pratiques de travail Ă  l’universitĂ©. Le rĂŽle de ces interactions est notamment essentiel dans les parcours des nouveaux Ă©tudiants », ceux de la dĂ©mocratisation universitaire, issus de milieux populaires et qui n’ont pas le capital culturel ou Ă©conomique d’autres Ă©tudiants. Ces Ă©tudiants sont trĂšs Ă©loignĂ©s de la culture universitaire, et vivent de nombreux dĂ©calages par rapport Ă  ce qu’ils imaginaient amphithéùtres bruyants ; isolement rĂ©sultant de l’autonomie qui leur est laissĂ©e dans l’organisation de leur travail ; difficile rapport Ă  la culture Ă©crite apprentissage de la prise de notes ; enseignants peu disponibles ; langage universitaire peu comprĂ©hensible Nicourd, 2011. L’universitĂ© est loin d’ĂȘtre le lieu de socialisation attendu. L’insertion dans un collectif d’alliĂ©s » Beaud & Truong, 2015 a fonction de comprendre, entre autres, les impĂ©ratifs du travail acadĂ©mique ». Ces mĂ©canismes de socialisation constituent des soutiens vers le monde universitaire et permettent des passerelles pour mieux s’intĂ©grer. NĂ©anmoins l’existence de ces groupes n’est pas rĂ©partie de maniĂšre homogĂšne sur l’ensemble de l’enseignement supĂ©rieur. LĂ  encore les divergences tiennent aux filiĂšres de tels collectifs sont plus prĂ©sents en STS, en IUT ou en CPGE qu’à l’universitĂ©, Ă  la localisation des Ă©tablissements diffĂ©rence entre Paris et les rĂ©gions et au genre des Ă©tudiants. Cette socialisation entre pairs est un appui fort, mais peut se rĂ©vĂ©ler alĂ©atoire, parce que basĂ©e sur des relations fragiles qui se composent et se recomposent au fur et Ă  mesure des parcours Nicourd, 2011[11]. Par ailleurs, les attitudes des Ă©tudiants devant une difficultĂ© sont relativement autocentrĂ©es ils font plutĂŽt appel Ă  un pair qu’à l’enseignant et uniquement s’ils n’ont pas trouvĂ© seuls la solution. Les logiques en matiĂšre de socialisation sont cumulatives les Ă©tudiants qui communiquent le moins sont plus souvent en lettres et sciences humaines, sont moins assidus, ont un sentiment d’appartenance et un sentiment d’auto-efficacitĂ© plus faibles, se dĂ©clarent moins autonomes mais prĂ©fĂšrent se dĂ©brouiller seuls Paquelin, 2015. Jellab 2013, dans son Ă©tude qualitative avec des entretiens menĂ©s auprĂšs d’étudiants des filiĂšres LEA langues Ă©trangĂšres appliquĂ©es, psychologie, histoire, ou sociologie, dĂ©gage trois modalitĂ©s de sociabilitĂ© scolaire », le groupe fonctionne comme un soutien pour les exigences scolaires ; extrascolaire » pour les activitĂ©s annexes culturelles, de loisirs, ou d’engagements associatifs par exemple ; mixte » prenant des aspects des deux prĂ©cĂ©dentes, qui permet Ă  l’étudiant de se retrouver, d’exister dans plusieurs groupes. Dans la pratique, si certains Ă©tudiants restent isolĂ©s et peu intĂ©grĂ©s, d’autres font une prioritĂ© de cette appartenance au groupe, et se dĂ©tournent des enseignements. Autant de comportements diffĂ©rents qui Ă©pousent les individualitĂ©s et sensibilitĂ©s des Ă©tudiants. Cette dimension sociale est toujours trĂšs fortement liĂ©e aux normes et aux pratiques contextuelles, aux filiĂšres d’études elles-mĂȘmes qui permettent, organisent, conditionnent des comportements et des façons d’ĂȘtre Ă©tudiant Grignon & Gruel, 1999. Des conditions d’études plus propices Ă  la rĂ©ussite ? Des filiĂšres comme facteur diffĂ©renciateur On a vu que les filiĂšres d’études sont un facteur diffĂ©renciateur qui permet d’expliquer et de regrouper des maniĂšres d’ĂȘtre, de penser, de se comporter Ă©tudiant Lahire, 1997. Les contraintes disciplinaires, institutionnelles ou cognitives travail Ă  fournir, organisation du temps, encadrement pĂ©dagogique, etc. entraĂźnent certaines dispositions Ă  l’étude et au travail, une façon de travailler et d’apprendre, un certain rapport aux Ă©tudes, au savoir, et ce quelle que soit l’origine sociale des Ă©tudiants. Le rĂŽle de la matrice disciplinaire est dominant dans les diffĂ©rences relatives Ă  la socialisation des Ă©tudiants Millet, 2003. Elle vĂ©hicule et met en Ɠuvre des traditions intellectuelles, un ensemble de savoirs, de formes de transmission et d’exercices de connaissance. Elle constitue un univers spĂ©cifique de pratiques et d’exigences. Par exemple, les Ă©tudes en mĂ©decine se prĂ©sentent dans un cadre oĂč le travail est dĂ©fini, explicite, limitĂ©, oĂč les programmes sont connus, comme les modalitĂ©s d’examens auxquels on prĂ©pare Ă  l’aide d’exercices bien prĂ©cis, relevant d’une technicitĂ© que l’on s’attache Ă  acquĂ©rir. Les Ă©tudiants savent ce qu’on attend d’eux, quand et comment travailler et comment rĂ©ussir. Cette structure stable, dĂ©limitĂ©e, renforce l’homogĂ©nĂ©itĂ© des pratiques. Le travail universitaire est rythmĂ©, constant, suivi, l’absentĂ©isme est stratĂ©gique et peut ĂȘtre assimilĂ© Ă  un systĂšme de travail » car ils s’opĂšre pour des raisons scolaires se libĂ©rer du temps pour du travail personnel, pour rattraper ou ne pas accumuler un retard, pour Ă©conomiser du temps. En sociologie, l’emploi du temps n’est pas structurant et sans autocontrainte, les Ă©tudiants peuvent diversifier leurs activitĂ©s et centres d’intĂ©rĂȘt et ainsi ĂȘtre amenĂ©s Ă  considĂ©rer leurs Ă©tudes comme une de leurs nombreuses activitĂ©s. C’est donc plutĂŽt le flou » qui domine, y compris en matiĂšre de travail universitaire. Les Ă©tudiants ont le sentiment d’ĂȘtre seuls et dĂ©plorent le manque de mĂ©thodes ou techniques utiles aux opĂ©rations. Si tous les Ă©tudiants ne travaillent pas uniformĂ©ment, les pratiques d’études sont tout de mĂȘme circoncises aux exigences de la matrice disciplinaire » Millet, 2003. Des filiĂšres comme prolongation du secondaire Pour certains Ă©tudiants, l’intĂ©gration de telle ou telle filiĂšre s’apparente plus Ă  une prolongation du secondaire qu’à une vĂ©ritable entrĂ©e dans le supĂ©rieur. L’acculturation y semble plus aisĂ©e, mieux guidĂ©e, dans la mesure oĂč les Ă©carts de pratiques, de contextes sont moindres. C’est le cas de filiĂšres sĂ©lectives comme les CPGE, les IUT et les sections STS. Les Ă©tudiants des CPGE reconnaissent le prolongement que ces filiĂšres offrent avec le modĂšle du lycĂ©e, un espace rassurant » Daverne & Dutercq, 2015, une formation enveloppante » Darmon, 2013 qui privilĂ©gie la relation individuelle, et qui dans sa gouvernance parvient Ă  demander un travail exigeant avec l’assentiment des Ă©tudiants. Le travail est encadrĂ©, prĂ©cis, avec des enseignants disponibles et des ambiances studieuses et motivantes. Leurs objectifs de travail sont clairs et le projet global dans lequel ils sont inscrits façonne leur maniĂšre d’ĂȘtre Ă©tudiant. ParallĂšlement, ils s’investissent pour s’ouvrir l’esprit, engranger des connaissances et combinent ainsi une visĂ©e intellectuelle et stratĂ©gique[12]. Faire une classe prĂ©paratoire, c’est faire l’apprentissage de la maĂźtrise du temps. La formation instaure un rapport au temps plutĂŽt intensif, dans l’urgence, qui ne souffre pas les temps vides », soit pour remplir un travail, soit pour s’enrichir ou se divertir dans le but de mieux rĂ©aliser et s’investir dans son travail. La ligne de conduite se lit comme tout sauf perdre son temps », apprendre Ă  choisir ce que l’on fait et ce que l’on dĂ©laisse. Les Ă©tudiants ne sont pas Ă©gaux devant cet apprentissage de la disposition temporelle et deux profils se distinguent le dominant temporel », qui maĂźtrise ce temps, donne un rythme rĂ©gulier, qui est capable de lui donner la forme qu’il dĂ©cide, dĂ©tachĂ© de toute contrainte, celui-lĂ  mĂȘme qui aura plus de facilitĂ© Ă  rĂ©ussir ses Ă©tudes ; le dominĂ© temporel » qui Ă  l’inverse souffre de ce temps contraint, se retrouve dĂ©sorganisĂ© et a du mal Ă  le gĂ©rer. Dans les maniĂšres d’étudier, Darmon relĂšve aussi des distinctions au sein des classes prĂ©paratoires entre un ascĂ©tisme rĂ©gulier », extra-mondain des scientifiques centration sur les disciplines et un ascĂ©tisme sĂ©culier » des classes prĂ©paratoires commerciales centration sur la personnalitĂ©. Les pratiques pĂ©dagogiques en STS sont tout aussi Ă©loignĂ©es de celles de l’universitĂ©, car elles n’offrent pas les conditions d’une vĂ©ritable acculturation universitaire Orange, 2013. Les lieux n’ont pas de lien avec le campus, les attentes se cantonnent Ă  l’obtention du diplĂŽme, sans autre ambition ou stratĂ©gie. En STS, la continuitĂ© avec le secondaire est Ă  l’Ɠuvre dans les pratiques d’études trĂšs encadrĂ©es et au niveau du recrutement. Orange y distingue le rĂŽle trĂšs prĂ©gnant de l’établissement d’origine, lycĂ©e prescripteur des choix de ces nouveaux Ă©tudiants ». À cela s’ajoute l’action des commissions d’étude des dossiers qui favorisent leur intĂ©gration en recrutant plus volontiers en local ». Les futurs Ă©tudiants semblent n’envisager que des Ă©tudes en STS, comme une suite logique », n’ayant que peu d’idĂ©es ainsi que peu de connaissances sur l’enseignement supĂ©rieur. Ils s’excluent par anticipation des IUT et n’espĂšrent pas plus l’accĂšs Ă  l’universitĂ©, l’une et l’autre orientations Ă©tant jugĂ©es comme hors des possibles scolaires. L’influence des Ă©tablissements est majeure, et non seulement oriente les choix mais fait dessiner le projet de l’étudiant quasi exclusivement dans cette orientation Orange, 2013. Des formations professionnalisantes motivantes ? Au sein des formations professionnalisantes, il existe diffĂ©rents dispositifs pour acquĂ©rir une expĂ©rience professionnelle, comme l’alternance, ou le stage. Ce dernier prend une place quasiment incontournable de nos jours. Il reprĂ©sente une opportunitĂ© motivante pour expĂ©rimenter de nouveaux lieux d’apprentissage, se projeter dans un mĂ©tier, comme un moyen de rĂ©pondre Ă  la prĂ©occupation d’insertion sur le marchĂ© de l’emploi des Ă©tudiants Jellab, 2013. Glaymann 2015 rappelle que potentiellement, ils permettent d’approfondir le projet professionnel en expĂ©rimentant les activitĂ©s et en matĂ©rialisant » son orientation parfois idĂ©alisĂ©e mais invite Ă  la vigilance sur la qualitĂ© du stage contenu, intĂ©rĂȘt, apprentissage, organisation. La valeur professionnelle du stage Giret & Issehane, 2012 est inĂ©gale suivant les types de stage, les effets ne sont pas les mĂȘmes sur l’insertion professionnelle Ă  formation identique. Les pratiques pĂ©dagogiques de terrain comme dispositif d’apprentissage engendrent une motivation chez l’étudiant. C’est ce que Paquiot-Papet 2015 a montrĂ© dans son Ă©tude comparative sur deux dispositifs de formation en IUT, un classique et un en alternance. La forme alternance » prĂ©sente des caractĂ©ristiques qui auraient un effet positif sur la motivation intrinsĂšque accompagnement et feedbacks d’acteurs comme soutien Ă  l’autonomie, activitĂ©s spĂ©cifiques, nouvelles et variĂ©es sur deux lieux, double appartenance entreprise / Ă©cole, la taille du groupe. En alternance, les apprentis en deuxiĂšme annĂ©e sont plus motivĂ©s intrinsĂšquement et moins rĂ©signĂ©s par rapport Ă  leur premiĂšre annĂ©e et par rapport aux Ă©tudiants classiques. Apprentissage d’un autre rythme À l’universitĂ©, le rapport au temps est souvent difficile l’organisation temporelle du travail universitaire, son rythme, ce Ă  quoi on emploie son temps imposent un style de comportement, d’existence et de rapport au monde. C’est une socialisation silencieuse » Lahire, 1997 qui marque les diffĂ©rences de rĂ©ussite dans le parcours universitaire, les deux variables temps de travail personnel » et assiduitĂ© » Ă©tant associĂ©es Ă  la rĂ©ussite Michaut, 2012. Or, le temps consacrĂ© aux Ă©tudes est fortement clivĂ© entre les filiĂšres universitaires peu encadrĂ©es et les formations sĂ©lectives oĂč les Ă©tudiants bĂ©nĂ©ficient d’un suivi. La question de la gestion du temps personnel d’études ne se pose pas dans les mĂȘmes termes pour les Ă©tudiants des STS et des CPGE que pour ceux inscrits dans une filiĂšre universitaire. Et d’une filiĂšre universitaire Ă  l’autre, l’organisation temporelle prĂ©sente aussi des variations importantes. L’étudiant doit mettre en place une organisation du temps de travail plus ou moins autonome, autocontrainte ou imposĂ©e. L’investissement dans le travail, jugĂ© par l’emploi du temps studieux temps de prĂ©sence en cours et de travail personnel est plus chargĂ© pour les Ă©lĂšves de CPGE, les filiĂšres de santĂ© ou les formations d’ingĂ©nieurs la variation est du simple au double quasiment entre filiĂšre SHS 28 heures et CPGE 54 heures OVE, 2014. Plus le volume de travail personnel est important, plus les Ă©tudiants organisent rigoureusement leur temps au dĂ©triment de leur vie sociale et de leurs loisirs Vourc’h in Gruel et al., 2009. Selon Bodin et Millet 2011, certaines habiletĂ©s comme l’exigence d’autonomie, et donc la capacitĂ© de travailler hors contrainte pĂ©dagogique, est une disposition sociale qui ne s’acquiert pas Ă  l’école mais dĂ©pend du milieu familial. Ce sont les Ă©tudiants des classes favorisĂ©es qui en tirent avantage, car ils prĂ©sentent ces dispositions temporelles » se projeter dans l’avenir et planifier son temps et bĂ©nĂ©ficient d’un accompagnement de la famille, de ressources culturelles. Tous ces changements illustrant la rupture entre le secondaire et le supĂ©rieur, les dĂ©fauts d’intĂ©gration et d’acculturation dus Ă  un fonctionnement jugĂ© chaotique, Ă  des conditions peu adaptĂ©es et des modalitĂ©s peu explicites expliquent certainement en partie les Ă©checs et abandons de certains Ă©tudiants Chevaillier et al., 2009. Ce dĂ©faut d’affiliation Ă  l’institution est commun aux dĂ©crocheurs, qu’il serait plus juste de nommer comme ceux qui n’ont, en fait, jamais accrochĂ©s » Sarfati, 2013. Ces Ă©tudiants Ă©loignĂ©s des attentes de l’universitĂ© se sentent isolĂ©s, et la libertĂ© nouvelle leur laisse une autonomie dĂ©routante. Certains d’entre eux dans l’impossibilitĂ© de s’acculturer vont progressivement faire preuve de passivitĂ©, s’absenter des cours ou refuser le travail Ă  accomplir Paivandi, 2015. Des pratiques d’études souvent superficielles Pas de transfert des pratiques numĂ©riques privĂ©es Les enquĂȘtes du CRÉDOC Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie en France mettent en Ă©vidence un taux d’équipement des 18-24 ans supĂ©rieur aux autres tranches d’ñge, qu’il s’agisse de smartphones ou d’ordinateurs portables, et des usages quotidiens plus intensifs, notamment liĂ©s aux mĂ©dias sociaux, Ă  la gĂ©olocalisation et Ă  la messagerie instantanĂ©e, facilitĂ©s par le fait de possĂ©der plusieurs appareils Bigot & Croutte, 2014[13]. Si les nĂ©o-Ă©tudiants dĂ©veloppent des compĂ©tences sociales et techniques du fait d’une utilisation plus ou moins intensive des technologies dans leur vie personnelle, la portĂ©e de ces compĂ©tences en lien avec les Ă©tudes n’a rien de naturel ni de systĂ©matique Papi & Glickman, 2015. Autrement dit, les pratiques rĂ©crĂ©atives numĂ©riques nourrissent peu les pratiques d’études ; certains Ă©tudiants considĂšrent mĂȘme que les deux sphĂšres, privĂ©es et acadĂ©miques, doivent rester distinctes, n’apprĂ©ciant pas par exemple que l’universitĂ© les contacte via les rĂ©seaux sociaux qu’ils utilisent avec leurs pairs Dahlstrom & Bichsel, 2014. Les jeunes Ă©tudiants font le plus souvent preuve d’une faible capacitĂ© Ă  adopter des technologies nouvellement introduites, ils se comportent globalement plus comme des followers que comme des leaders. Leurs pratiques observĂ©es sont souvent peu spectaculaires, voire routiniĂšres ; ils ont une boĂźte Ă  outils limitĂ©e Ă  quelques sites gĂ©nĂ©ralistes Google et WikipĂ©dia, n’exploitent pas les fonctionnalitĂ©s avancĂ©es des moteurs de recherche ni mĂȘme les sites professionnels accessibles proposĂ©s par la bibliothĂšque Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. De nombreuses typologies existent, montrant que peu ou prou la moitiĂ© des Ă©tudiants ont des comportements numĂ©riques basiques et soulignant le fait que la fracture numĂ©rique n’a pas disparu, elle s’est dĂ©placĂ©e l’amplitude des usages adoptĂ©s reste en effet profondĂ©ment marquĂ©e par les milieux socioculturels d’appartenance. Le transfert entre loisirs et Ă©tudes opĂšre davantage pour ceux qui ont dĂ©jĂ  des usages diversifiĂ©s que pour ceux qui ont simplement dĂ©veloppĂ© des usages intensifs, en particulier liĂ©s aux mĂ©dias sociaux. Le potentiel d’usages des technologies, en dĂ©finitive, accroĂźt les inĂ©galitĂ©s il ne suffit pas de possĂ©der les outils pour ĂȘtre agile, ce sont les valeurs et les attitudes dĂ©jĂ  incorporĂ©es qui influencent les usages numĂ©riques, et non l’inverse. Les Ă©tudiants stĂ©rĂ©otypĂ©s de la gĂ©nĂ©ration Z reprĂ©sentent au final une trĂšs petite minoritĂ© Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. Glissement du pratique » au moindre effort » Les technologies numĂ©riques n’ont pas fondamentalement transformĂ© les modes d’apprentissage des Ă©tudiants[14]. D’aprĂšs l’enquĂȘte de Papi et Glickman 2015, la trĂšs grande majoritĂ© d’entre eux utilise l’ordinateur dans le cadre prĂ©cis d’un travail de recherche d’information et occasionnellement pour rĂ©diger des devoirs. Seuls 20 % l’utilisent systĂ©matiquement pour leurs travaux. Ils ne sont pas non plus multitĂąches 3 % rĂ©alisent leurs devoirs tout en tĂ©lĂ©phonant, chattant ou surfant. Au moment des rĂ©visions d’examens, les Ă©tudiants adoptent des stratĂ©gies traditionnelles, caractĂ©risĂ©es par un comportement plutĂŽt monotĂąche » Danquigny, 2012. Les usages numĂ©riques sont massivement dĂ©diĂ©s Ă  la recherche documentaire, aux tĂ©lĂ©chargements des cours, Ă  la communication avec les enseignants, au dĂ©pĂŽt de documents et Ă  l’obtention d’information pour organiser leur emploi du temps. Les usages pĂ©dagogiques collaboratifs et plus gĂ©nĂ©ralement la communication entre pairs sont moins dĂ©veloppĂ©s, le fait d’aller chercher de l’information complĂ©mentaire dans le prolongement d’un cours l’est encore moins Paquelin, 2015. Autrement dit, les technologies ne sont pas identifiĂ©es comme un besoin au-delĂ  des facilitĂ©s de communication, d’accĂšs aux cours et de recherche d’information. C’est le cĂŽtĂ© pratique, c’est-Ă -dire Ă  la fois facile et rapide, qui est plĂ©biscitĂ© et qui est attendu ils sont critiques quand les enseignants ne rĂ©pondent pas Ă  leurs questions ou quand ils ne dĂ©posent pas leurs cours en ligne, quand la qualitĂ© des supports ne leur semble pas adĂ©quate mais n’ont pas spĂ©cialement d’attentes pour plus de technologies dans les cours, ne souhaitent pas avoir accĂšs Ă  plus de ressources numĂ©riques Fusaro & Couture, 2012 ; Raby et al., 2011. Plusieurs Ă©tudes empiriques mettent en lumiĂšre les comportements opportunistes des Ă©tudiants ils savent que Google et WikipĂ©dia sont moins fiables que les bases de donnĂ©es professionnelles offertes par l’universitĂ© ; ils savent aussi que le plagiat, facilitĂ© par le copiĂ©-collĂ©, est rĂ©prĂ©hensible. Mais ils continuent nĂ©anmoins Ă  privilĂ©gier ces sites gĂ©nĂ©ralistes dans leurs recherches d’information et Ă  pratiquer le copiĂ©-collĂ© sans vĂ©ritablement s’en dĂ©fendre quand on leur demande[15]. Pour Bullen et al. 2011, les usages numĂ©riques des Ă©tudiants sont motivĂ©s par un principe d’économie, basĂ© sur un rapport entre familiaritĂ©, coĂ»t et immĂ©diatetĂ©. Kennedy et Judd 2011 qualifient les pratiques de recherche d’information des Ă©tudiants de satisficing, mot valise combinant les termes satisfying satisfaisant et sufficing suffisant et signifiant que ce qui est suffisamment bien est considĂ©rĂ© comme satisfaisant
 Les Ă©tudiants plus ĂągĂ©s et inscrits en 2e ou 3e cycles, mieux acculturĂ©s, ont cependant des pratiques plus diversifiĂ©es et plus efficaces que les jeunes bacheliers entrant dans le supĂ©rieur, et accordent encore plus d’importance au fait de maintenir une sĂ©paration entre usages privĂ©s et usages acadĂ©miques Dahlstrom & Bichsel, 2014 ; Todorovski et al., 2015. Ces pratiques du moindre effort largement dominantes en premier cycle[16] autorisent Ă  Ă©tablir un lien entre une utilisation superficielle des outils numĂ©riques et des apprentissages eux-mĂȘmes superficiels, que les chercheurs en sciences de l’éducation qualifient d’ apprentissages de surface » surface learning Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. Pour autant, il ne s’agit pas de stigmatiser les usages massifs d’outils tels que Google et WikipĂ©dia, ni de dĂ©plorer l’opportunisme des Ă©tudiants. Ces constats invitent clairement Ă  une responsabilisation renforcĂ©e des enseignants, basĂ©e en partie sur une prĂ©somption d’incompĂ©tences », pour prendre le contrepied de la formule de Serres 2012 dans son ouvrage Petite Poucette. L’auto-efficacitĂ© une clĂ© ? Il existe une corrĂ©lation entre le sentiment d’auto-efficacitĂ©, les attentes et pratiques d’études et les conditions de vie des Ă©tudiants ceux qui ont le sentiment d’une vie inconfortable et qui vivent plutĂŽt seuls, ceux qui sont primo-entrants et donc inexpĂ©rimentĂ©s en tant qu’étudiant, ceux qui ont un emploi alimentaire sans rapport avec leur formation ont un sentiment d’auto-efficacitĂ© plus faible que les autres. Cependant le fait de se dĂ©clarer confiants et motivĂ©s et de bĂ©nĂ©ficier d’un passĂ© scolaire satisfaisant ne protĂšge pas des difficultĂ©s. Selon Paquelin 2015, un Ă©tudiant sur trois dĂ©clare rencontrer des problĂšmes pour prendre des notes en amphithéùtre et un Ă©tudiant sur cinq pour apprendre ses cours. Les raisons avancĂ©es par les Ă©tudiants tiennent Ă  une inexpĂ©rience du travail universitaire, Ă  une charge de travail trop importante et Ă  une difficultĂ© Ă  comprendre les consignes et y rĂ©pondre de façon efficiente. Le sentiment d’auto-efficacitĂ© influe Ă©galement sur les relations avec les enseignants plus il est Ă©levĂ©, plus les interactions avec les enseignants sont frĂ©quentes. Ceux qui sont en difficultĂ© et qui parviennent Ă  les exprimer le font d’abord auprĂšs de leurs proches, famille et/ou pairs, et s’adressent moins spontanĂ©ment aux enseignants Paquelin, 2015. Cela rejoint les recherches sur les dispositifs d’accompagnement les Ă©tudiants sont globalement peu au courant des dispositifs liĂ©s au PRL par exemple et n’associent pas le rĂŽle de l’enseignant-rĂ©fĂ©rent comme un soutien Ă  leur intĂ©gration Perret, 2015. L’analyse est de mĂȘme nature concernant les activitĂ©s pĂ©dagogiques visant Ă  renforcer la motivation des Ă©tudiants, elles fonctionnent auprĂšs des Ă©tudiants dĂ©jĂ  motivĂ©s les effets sur la rĂ©ussite sont nuls pour les Ă©tudiants les plus faibles et consĂ©quents pour les plus forts Morlaix & Le Mener, 2015. Ainsi les maniĂšres d’étudier sont plus variĂ©es et le travail personnel plus approfondi quand les Ă©tudiants sont motivĂ©s Le Mener, 2012. Au final, il semble que ce que les Ă©tudiants dĂ©clarent et apprĂ©cient des activitĂ©s pĂ©dagogiques qu’on leur propose – donc leur opinion – influe davantage sur leur motivation que ce qu’ils font rĂ©ellement Duguet, 2014. La guidance pour composer avec le facultatif
 Le besoin de guidance – accompagnement visant des rĂ©sultats concrets et mesurables – n’est pas juste le fait des usages numĂ©riques
 D’une façon gĂ©nĂ©rale, le rapport Ă  la contrainte est une constante dans les analyses menĂ©es sur les pratiques d’étude relĂąchĂ©es » qui sont observĂ©es dans les premiers cycles. Dans sa thĂšse, ValĂ©rie Monfort 2003 montre que ce que les enseignants considĂšrent comme une libertĂ© pour organiser leur travail est interprĂ©tĂ© par les Ă©tudiants comme un encouragement Ă  ne pas produire d’efforts. MĂȘme ceux qui ont obtenu un bac scientifique aprĂšs une scolaritĂ© sans histoire en font le minimum, adoptent la norme la plus basse de l’institution ils arrivent en retard, ne font pas systĂ©matiquement les exercices, discutent pendant les cours
 C’est aussi ce que confirment les travaux ultĂ©rieures de Garcia 2010, montrant comment les Ă©tudiants composent avec ce qui est obligatoire et vĂ©rifiĂ© et ce qui est facultatif, et soulignant le rĂŽle clĂ© des pairs dans la nature de l’investissement des Ă©tudiants. L’amphithéùtre devient un lieu ludique oĂč l’on se retrouve entre pairs pour passer de bons moments. Autrement dit, des exigences qui ne sont pas sanctionnĂ©es ne sont pas perçues comme telles par les Ă©tudiants, en particulier par ceux qui s’inscrivent, par dĂ©faut ou non, dans des filiĂšres dominĂ©es comme la sociologie Garcia, 2010. En dĂ©finitive l’absence d’institutionnalisation du temps des Ă©tudiants les abandonne Ă  leurs dispositions », cest-Ă -dire que l’institution, quand elle ne cadre pas, ne sanctionne pas, autorise de fait des comportements relĂąchĂ©s ; la faiblesse des contraintes produit chez certains Ă©tudiants, notamment ceux dotĂ©s d’un capital scolaire et social faible, des effets de dĂ©scolarisation nĂ©gative », mĂȘme s’il ne s’agit pas de dĂ©douaner l’institution en surestimant le poids de l’origine sociale Garcia, 2010. Pour autant, les enseignants dĂ©ploient des stratĂ©gies pour scolariser » les Ă©tudiants de premier cycle, en tentant de les contraindre Ă  une prĂ©sence en cours et Ă  un travail rĂ©gulier, en ayant recours Ă  la dictĂ©e pendant les cours magistraux, etc. Ils sont aussi sensibles Ă  l’équitĂ© du traitement, cherchent Ă  motiver la participation des Ă©tudiants, Ă  mieux les encadrer Bourgin, 2011. D’abord dĂ©veloppĂ©e contre l’institution Ă  l’échelle individuelle, cette scolarisation devient aujourd’hui aussi une prĂ©occupation de l’établissement plus de groupes de plus petite taille, obligation d’assiduitĂ©, contrĂŽle continu, etc. Mais globalement l’institution fournit peu de moyens pour contraindre les Ă©tudiants et donner du crĂ©dit Ă  leurs exigences de travail Monfort, 2003. Étudiants et enseignants des dĂ©calages ? [revenir au sommaire] L’apprĂ©hension des pratiques Ă©tudiantes s’envisage difficilement en dehors de tout rapprochement avec celles des enseignants. Au cƓur du processus d’enseignement-apprentissage, les uns et les autres concentrent souvent implicitement des attentes qui peuvent s’avĂ©rer divergentes les compĂ©tences numĂ©riques des Ă©tudiants sont souvent surestimĂ©es par les enseignants, le cours magistral est remis en question
 Mais au final, que rĂ©pondent les Ă©tudiants quand on leur demande ce qu’ils pensent de leurs cours et de leurs expĂ©riences d’études en gĂ©nĂ©ral ? Pour un usage modĂ©rĂ© du numĂ©rique Toutes les Ă©tudes empiriques mettent en Ă©vidence une prĂ©fĂ©rence constante des Ă©tudiants et des enseignants pour un usage pĂ©dagogique modĂ©rĂ© des technologies numĂ©riques Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. DĂ©passer le mythe de la gĂ©nĂ©ration mutante » Le discours commun, largement nourri par les mĂ©dias, tend Ă  crĂ©diter l’existence d’une gĂ©nĂ©ration quasi mutante, fille de la gĂ©nĂ©ration Y – qu’on appellerait notamment Z ou C qui crĂ©e, communique, collabore – largement imprĂ©gnĂ©e par le numĂ©rique, avec des jeunes considĂ©rĂ©s comme naturellement techno-compĂ©tents. Certains travaux s’attachant Ă  qualifier cette gĂ©nĂ©ration la dĂ©crivent comme capable de communiquer, d’agir, et mĂȘme de penser diffĂ©remment ; d’autres, inspirĂ©s souvent des mauvaises neurosciences, lui prĂȘtent des caractĂ©ristiques biologiques lui permettant d’apprendre autrement[17]. Les membres de cette gĂ©nĂ©ration seraient par exemple adeptes des jeux en ligne et des mondes virtuels ; ils pratiqueraient davantage le multitĂąche et travailleraient plus volontiers en Ă©quipe ; parallĂšlement leur capacitĂ© Ă  se concentrer serait plus faible et ils seraient plus impatients, incapables de rĂ©sister Ă  leurs pulsions et peu enclins Ă  l’empathie. Toutes les connaissances Ă©tant dĂ©sormais Ă  portĂ©e de clics, ils apprendraient aussi autrement, procĂ©dant constamment par essai-erreur ; et ces auto-apprentissages les rendraient d’une part moins respectueux de l’autoritĂ© notamment celles des prescripteurs que sont les enseignants et d’autre part peu rĂ©ceptifs aux apprentissages formels de type cours magistraux par exemple. Cette logique binaire, distinguant ceux qui possĂšderaient des compĂ©tences numĂ©riques et ceux qui en possĂšderaient moins, opposant ceux nĂ©s aprĂšs 1980 et ceux nĂ©s avant, ne rĂ©siste pas Ă  la rĂ©alitĂ© notamment Bennett et al., 2008 ; Bullen et al., 2011 ; Endrizzi, 2013a. Si ces approches gĂ©nĂ©rationnelles ne sont pas Ă  ignorer totalement, elles se fondent sur un dĂ©terminisme comportemental qui renie la complexitĂ© du social et elles postulent sans la questionner une homogĂ©nĂ©itĂ© largement fantasmĂ©e les Ă©tudiants, au mĂȘme titre qu’un autre groupe social, ne forment pas une cohorte homogĂšne et unique. En dĂ©finitive, les recherches mettent en Ă©vidence des convergences intergĂ©nĂ©rationnelles et des divergences intra-gĂ©nĂ©rationnelles multiples, les groupes sociaux apparaissant comme hĂ©tĂ©rogĂšnes et leurs intĂ©rĂȘts, motivations et comportements variables selon les contextes, dĂšs que l’on pousse l’observation un peu plus loin que les usages de base et, au-delĂ  de l’ñge, ce sont le niveau d’études et le niveau de revenus qui influent le plus sur les usages Endrizzi, 2013a. Dans ces Ă©volutions qui doivent s’apprĂ©cier Ă  l’échelle de l’humanitĂ©, la condition numĂ©rique » n’est donc pas liĂ©e Ă  une question de gĂ©nĂ©ration Fogel & Patino, 2013. Un plĂ©biscite pour les ENT L’adhĂ©sion non questionnĂ©e Ă  l’existence d’une gĂ©nĂ©ration techno-compĂ©tente induit des effets de surestimation et de sous-estimation, sources de malentendus entre enseignants et Ă©tudiants et potentiellement prĂ©judiciables Ă  la qualitĂ© des enseignements et des apprentissages. Les enseignants peuvent ĂȘtre tentĂ©s de surestimer les compĂ©tences numĂ©riques des Ă©tudiants, qui eux-mĂȘmes surestiment le dĂ©calage entre leurs propres compĂ©tences et celles de leurs enseignants[18]. ParallĂšlement, l’influence d’autres facteurs, tels que l’ñge, le genre et l’origine sociale d’une part et les modalitĂ©s d’enseignement d’autre part, se trouve minorĂ©e. Implicitement, presque insidieusement, ces croyances nourrissent un certain statu quo, maintenant les deux parties dans des rĂŽles figĂ©s et fragilisant toute tentative de transformation pĂ©dagogique Jones & Shao, 2011 ; PedrĂł, 2012 ; Thomas, 2011. Pour autant, certaines Ă©tudes montrent qu’il convient aussi de relativiser le mythe des enseignants dĂ©connectĂ©s. Une enquĂȘte quĂ©bĂ©coise lancĂ©e par la CRÉPUQ ConfĂ©rence des recteurs et des principaux des universitĂ©s du QuĂ©bec en 2012 met en Ă©vidence des pratiques professionnalisĂ©es de la part des enseignants et un sentiment de compĂ©tence plutĂŽt Ă©levĂ© Fusaro & Couture, 2012. Ces rĂ©sultats sont confirmĂ©s par les enquĂȘtes nord-amĂ©ricaines d’Educause Dahlstrom & Brooks, 2014. Étudiants et enseignants s’accordent cependant sur l’idĂ©e que les technologies doivent leur permettre de gagner en efficacitĂ©, c’est-Ă -dire d’ĂȘtre plus performants avec un temps d’investissement Ă©quivalent PedrĂł, 2012. Les espaces numĂ©riques de travail en particulier sont plĂ©biscitĂ©s par une majoritĂ© d’étudiants et d’enseignants, alors qu’inversement les rĂ©seaux sociaux ne sont pas du tout ancrĂ©s dans les usages acadĂ©miques ni des uns ni des autres. Une piste d’explication serait que les ENT produisent de la convergence, offrent un environnement informationnel dĂ©limitĂ© qui permet aux Ă©tudiants de mieux s’orienter dans la masse d’informations numĂ©riques disponibles Fradet et al., 2012. Ces rĂ©sultats de l’Observatoire numĂ©rique de l’enseignement supĂ©rieur sont convergents avec ceux des enquĂȘtes menĂ©es annuellement depuis 2004 par ECAR Educause Center for Analysis and Research oĂč figure trĂšs nettement l’adhĂ©sion des protagonistes Ă  l’égard des ENT. Enseignants et Ă©tudiants partagent par ailleurs le sentiment que l’exploitation qu’ils font respectivement de ces environnements pourrait ĂȘtre moins superficielle. Plus que les enseignants, les Ă©tudiants Ă©mettent le souhait que les ENT amĂ©liorent leurs fonctionnalitĂ©s de communication et proposent des interfaces plus conviviales, plus faciles Ă  utiliser en mobilitĂ© notamment Dahlstrom & Brooks, 2014 ; Dahlstrom & Bichsel, 2014. Parmi les autres points de convergence, figure le multi-Ă©quipement Ă©tudiants et enseignants sont proportionnellement mieux Ă©quipĂ©s que la moyenne de la population en ordinateurs portables et en smartphones. Pour autant les expĂ©riences BYOD Bring your own device sont rares, dĂ©montrant pour le coup un dĂ©calage entre Ă©tudiants utilisant leur tĂ©lĂ©phone pour chercher de l’information, photographier des contenus, accĂ©der Ă  des ressources pĂ©dagogiques, enregistrer les cours
 et enseignants presque unanimes Ă  bannir l’usage du tĂ©lĂ©phone en cours et encore trĂšs rĂ©servĂ©s sur celui de l’ordinateur portable ou de la tablette Dahlstrom & Brooks, 2014 ; Dahlstrom & Bichsel, 2014. D’autres travaux par exemple Fradet et al., 2012 montrent que les Ă©tudiants de premier cycle sont sur certains points plus conservateurs que leurs enseignants ils privilĂ©gient nettement les ressources au format papier s’ils ont le choix, alors que les enseignants sont plus enclins Ă  utiliser les ressources numĂ©riques, plus faciles Ă  rechercher, manipuler et archiver. En tout Ă©tat de cause, le support, papier ou numĂ©rique, ne constitue pas une clĂ© de diffĂ©renciation forte des usages, c’est davantage le type de ressource pĂ©dagogique utilisĂ© qui varie selon les filiĂšres d’études les Ă©tudiants et enseignants des filiĂšres littĂ©raires privilĂ©gient les ouvrages spĂ©cialisĂ©s et les encyclopĂ©dies alors que ceux des filiĂšres scientifiques ont davantage recours aux polycopiĂ©s de cours et aux livres d’exercices. Le cours magistral, est-ce vraiment le problĂšme ? Le cours magistral serait devenu dĂ©suet, obsolĂšte, inefficace pour apprendre
 Il s’agirait donc d’investir dans des pĂ©dagogies plus stimulantes, capables de mettre en activitĂ© les Ă©tudiants, notamment avec du travail de groupe
 De nombreuses recherches aujourd’hui montrent les bĂ©nĂ©fices de ces pĂ©dagogies actives approche par projet, Ă©tudes de cas, rĂ©solution de problĂšmes, etc. et notamment leurs effets sur la motivation Ă  apprendre des Ă©tudiants BĂ©dard & Viau, 2001. ConsidĂ©rĂ©es comme une contribution Ă  une approche plus centrĂ©e sur l’étudiant, ces mĂ©thodes font l’objet d’injonctions diverses, tant Ă  l’échelle nationale qu’europĂ©enne, elles sont par exemple un des objectifs clĂ©s du Processus de Bologne depuis le CommuniquĂ© de Louvain 2009. Si la question n’est pas de remettre en cause ces recherches, il est toutefois permis de s’interroger sur ce que pensent les Ă©tudiants de ces cours magistraux et plus gĂ©nĂ©ralement de l’enseignement transmissif. Un enseignement transmissif en amphi ou non ? Les Ă©tudiants ne souhaitent pas que les cours magistraux[19] disparaissent et encore moins que les cours Ă  distance remplacent les cours en prĂ©sentiel. Ils adhĂšrent globalement Ă  un modĂšle transmissif, celui qu’ils ont connu dans leur scolaritĂ© antĂ©rieure, mĂȘme s’ils n’excluent pas totalement la possibilitĂ© de pouvoir suivre une partie de leurs cours Ă  distance, par commoditĂ© PedrĂł, 2012. Si le format hybride permet une certaine flexibilitĂ©, la formule tout Ă  distance est considĂ©rĂ©e en l’absence d’autres choix. En prĂ©sentiel, les Ă©tudiants apprĂ©cient l’immĂ©diatetĂ© des Ă©changes et se sentent mieux accompagnĂ©s ; la prĂ©sence physique diminue le risque de malentendu et d’isolement. Ils considĂšrent qu’écouter favorise la comprĂ©hension et la mĂ©morisation et que les contraintes spatio-temporelles de l’activitĂ© sont bĂ©nĂ©fiques Papi & Glickman, 2015. Le mode transmissif en tant que tel n’est pas remis en question, c’est le lieu amphithéùtre » qui se prĂȘterait en dĂ©finitive mal Ă  cet enseignement car il autorise une pluralitĂ© d’usages et facilite d’autant plus le relĂąchement que le fait d’assister Ă  ces cours est facultatif Ă  l’universitĂ©. Les Ă©tudiants, encouragĂ©s au minimum, n’en font pas plus et investissent par exemple cet espace comme un lieu de retrouvailles avec leurs pairs Garcia, 2010. Pour Loizon et Mayen 2015, le cours magistral est devenue une situation d’apprentissage saturĂ©e par des instruments apportĂ©s Ă  la fois par les enseignants diaporamas, vidĂ©os
 et par les Ă©tudiants tĂ©lĂ©phones, ordinateurs
. Cette situation est gĂ©rĂ©e de façon trĂšs diverse par les enseignants, certains rendant les supports accessibles, d’autres pas, certains avant le cours, d’autres aprĂšs
 plaçant les Ă©tudiants dans une position d’inconfort. Pour autant, les Ă©tudiants apprĂ©cient la parole incarnĂ©e et adressĂ©e » de l’enseignant en cours magistral une parole fluide et claire, avec une rĂ©elle maĂźtrise du contenu et une plus-value par rapport au diaporama, de la part d’un enseignant capable de donner son point de vue, d’introduire des anecdotes, de faire appel Ă  des expĂ©riences vĂ©cues ; capable aussi ponctuellement de se libĂ©rer du diaporama pour rĂ©investir le tableau, Ă  l’ancienne ». C’est donc la capacitĂ© de l’enseignant Ă  intĂ©resser son auditoire qui compte Loizon & Mayen, 2015. Mais les enjeux autour du cours magistral ne relĂšvent pas simplement de la transmission de connaissances ni du charisme de l’enseignant ils touchent aussi Ă  une forme de rituel acadĂ©mique qui lĂ©gitime les postures enseignantes et Ă©tudiantes et qui varient selon les disciplines. D’aprĂšs Boyer et Coridian 2002, les historiens adoptent une posture plus distante que les sociologues par exemple, pouvant en partie s’expliquer par un enseignement plus acadĂ©mique, basĂ© sur un programme » Ă  suivre, et par le refus d’endosser un rĂŽle de contrĂŽle et de rĂ©gulation des comportements Ă©tudiants dans les amphithéùtres. Les sociologues en revanche sont moins protocolaires et ont une posture plus interventionniste face Ă  l’auditoire. La thĂšse rĂ©cente de Duguet 2014 signale Ă©galement une variĂ©tĂ© de pratiques pĂ©dagogiques dans les cours magistraux, bien que l’approche reste considĂ©rĂ©e comme traditionnelle ». Cette pratique de la lecture, ancrĂ©e dans la culture universitaire depuis le Moyen-Âge, ne serait donc pas vraiment le problĂšme. Pour preuve, certains enseignants deviennent stars du web en dispensant des confĂ©rences en ligne. Savoir utile ou savoir abstrait faut-il choisir ? DerriĂšre ces dĂ©bats autour des mĂ©thodes pĂ©dagogiques, c’est le lien entre thĂ©orie et pratique qui est aussi questionnĂ©, et qui moins prosaĂŻquement met en tension la mission de l’universitĂ© et le rapport au savoir des Ă©tudiants. Avec d’un cĂŽtĂ© une universitĂ© qui distingue thĂ©orie et pratique, qui privilĂ©gie l’autonomie et la distanciation, qui s’applique Ă  ĂȘtre une tour d’ivoire en tant qu’institution dont le principal objet est la recherche de la vĂ©ritĂ© HusĂ©n, 1994, citĂ© par Fernex & Lima, 2006 et de l’autre cĂŽtĂ© des Ă©tudiants attachĂ©s au concret et Ă  l’utile, peu enclins Ă  apprĂ©cier les savoirs abstraits et travaillant dans la logique de l’examen Paivandi, 2015. Ces tensions sont particuliĂšrement fortes en premier cycle, du fait de la multiplicitĂ© des projets d’études qu’ils concentrent. Les travaux dĂ©jĂ  anciens de Bourgin 2011 sur les DEUG diplĂŽme d’études universitaires gĂ©nĂ©rales, ont bien mis en Ă©vidence comment le premier cycle apparaĂźt, Ă  la fois du point de vue du rapport aux enseignĂ©s et dans le traitement du savoir, comme un temps d’hĂ©sitation, d’attente, une phase de latence ». L’arrivĂ©e des nouveaux Ă©tudiants Ă  la fin des annĂ©es 1990 n’a pas conduit Ă  une redĂ©finition des objectifs pĂ©dagogiques la tendance observĂ©e Ă  la scolarisation » intervient comme un mode d’ajustement immĂ©diat, liĂ© au face-Ă -face pĂ©dagogique, qui reste superficielle. Le dĂ©calage est manifeste entre les attentes des enseignants et les pratiques Ă©tudiantes les enseignants considĂšrent qu’ils Ɠuvrent davantage pour sensibiliser Ă  une posture intellectuelle ou encourager une vocation de chercheur que pour transmettre vĂ©ritablement des connaissances ; les incitations au travail personnel, sous prĂ©texte d’entraĂźnement Ă  l’autonomie, sont quasi nulles ; les pratiques qui Ă©taient vertueuses dans le secondaire sont en quelque sorte minorĂ©es au profit d’autres qualitĂ©s associĂ©es Ă  la conception humboldtienne de formation Ă  la recherche par la recherche et de libertĂ© d’apprendre qui nourrit l’universitĂ© française depuis le XIXe siĂšcle. Ces tensions entre une scolarisation croissante des modes d’enseignement » et une universitarisation persistante du traitement des savoirs » gĂ©nĂšrent une contradiction plus ou moins marquĂ©e selon les disciplines entre formes scolaire et universitaire Bourgin, 2011. Selon Garcia 2010, elles questionnent fortement la pertinence des dispositifs de lutte contre l’échec Ă  l’universitĂ©, qui n’apprĂ©hendent pas les relations d’interdĂ©pendance entre origine sociale, rĂ©ussite et institution. Pour autant, quand on leur demande ce qu’ils pensent de leur formation, des Ă©tudiants europĂ©ens apportent une rĂ©ponse plus nuancĂ©e. Ceux de l’ESU d’abord ne se positionnent pas en clients que l’institution doit satisfaire, ils apprĂ©cient de se sentir membres de la communautĂ© universitaire et estiment que leurs annĂ©es d’études doivent constituer une Ă©tape essentielle dans leur dĂ©veloppement personnel et citoyen ESU, 2013. Ceux interrogĂ©s par la FREREF renvoient l’image d’un enseignement qui met beaucoup plus l’accent sur les connaissances disciplinaires que sur leur propre travail ils estiment que la formation leur apporte les fondamentaux et qu’elle dĂ©veloppe leur capacitĂ© d’analyse, mais que l’application des connaissances est insuffisante et que les possibilitĂ©s de dĂ©velopper leurs centres d’intĂ©rĂȘt et de participer Ă  des dĂ©bats dans le cadre de la formation sont pauvres. Sur un plan plus transversal, ils pensent aussi que les prolongements sociĂ©taux et les questions Ă©thiques liĂ©es aux disciplines sont peu valorisĂ©s Fernex & Lima, 2006. Savoir utile ou quĂȘte de sens ? Pas d’attentes rĂ©elles pour des pĂ©dagogies innovantes La qualitĂ© d’un cours pour les Ă©tudiants n’est pas intrinsĂšquement liĂ©e Ă  son degrĂ© d’intĂ©gration des technologies. Leurs attentes sont plus influencĂ©es par leur expĂ©rience antĂ©rieure de l’enseignement que par leurs pratiques numĂ©riques. Il n’y a pas de demande pour des classes inversĂ©es, pour des SPOC small private online course, ni pour tout autre dispositif dont l’absence pourrait justifier la faible motivation des Ă©tudiants. Leurs usages de l’internet sont plutĂŽt passifs, ils se comportent massivement comme des usagers peu entreprenants. Ils ne sont pas demandeurs de travaux d’écriture en ligne, ni globalement d’activitĂ©s collaboratives en ligne ou en prĂ©sentiel. La flexibilitĂ© offerte par la mise Ă  disposition de ressources en ligne n’est ainsi pas spontanĂ©ment exploitĂ©e, c’est le just in time qui domine les pratiques d’études. Autrement dit, elles ne se dĂ©veloppent pas par rapport Ă  un ensemble de potentialitĂ©s offertes dans un environnement donnĂ©, mais sont des rĂ©ponses directes aux exigences des enseignants dans les cours si les enseignants n’explicitent pas clairement leurs exigences en matiĂšre de travail personnel par exemple ou s’ils adoptent des modes d’enseignement conventionnels, plutĂŽt transmissifs, il est peu probable que les Ă©tudiants se montrent proactifs dans leur travail personnel Fusaro & Couture, 2012 ; Margaryan et al., 2011 ; PedrĂł, 2012. Les Ă©tudiants n’ont pas non plus de demande pour des apprentissages individualisĂ©s » l’enseignement doit fournir un cadre avec des objectifs communs, des dispositifs pĂ©dagogiques communs et des Ă©valuations communes c’est la cohĂ©rence curriculaire qui importe Ă  leurs yeux. Les neurosciences invitent Ă  questionner les thĂ©ories des styles d’apprentissage, trĂšs controversĂ©es, et dĂ©noncent un neuromythe aucune recherche indĂ©pendante ne permet aujourd’hui d’affirmer que l’efficacitĂ© des apprentissages est subordonnĂ©e Ă  un enseignement qui tienne compte des prĂ©fĂ©rences auditives, visuelles ou kinesthĂ©siques des Ă©tudiants Coffield et al., 2004. Pour autant, la question n’est pas tellement de savoir si telle ou telle mĂ©thode pĂ©dagogique est suffisamment active ou pas. Pour les associations Ă©tudiantes membres de l’ESU European Students’ Union, il s’agit davantage de considĂ©rer ces mĂ©thodes comme une contribution Ă  une approche prĂŽnant une vĂ©ritable centration des apprentissages sur l’étudiant student centred learning, SCL. Au-delĂ  de la mĂ©thode donc, c’est la culture de l’établissement qui est en jeu, mobilisĂ© en faveur d’un processus continu d’amĂ©lioration des expĂ©riences d’études. Dans son ambition de sensibiliser le monde universitaire Ă  cette question, la fĂ©dĂ©ration Ă©tudiante s’est investie dans la conception d’une grille qui servira Ă  labelliser les Ă©tablissements SCL » Todorovski et al., 2015, projet PASCL. De la qualitĂ© du cours Ă  celle des apprentissages Au cƓur de la qualitĂ© du cours, les contenus et la cohĂ©rence Si les Ă©tudiants expriment certaines rĂ©ticences Ă  l’égard de mĂ©thodes trop innovantes, trop expĂ©rimentales et dont la valeur ajoutĂ©e ne leur apparait pas Ă©vidente, ils ne sont pas pour autant fermĂ©s au changement ils rĂ©agissent positivement quand le cours offre des dĂ©fis intellectuels intĂ©ressants, quand les exposĂ©s magistraux sont utilisĂ©s Ă  bon escient, quand les ressources proposĂ©s sont pertinentes, quand l’évaluation fait sens par rapport aux savoirs et aux compĂ©tences sollicitĂ©s pendant le cours
 Fusaro & Couture, 2012. En mobilisant les recherches sur l’EEE Ă©valuation des enseignements par les Ă©tudiants, on s’aperçoit que les Ă©tudiants ne plĂ©biscitent pas un enseignant parce qu’il est sympathique, parce qu’il donne peu de travail ou parce qu’il note large. Au contraire, ce sont les enseignants les plus exigeants qui obtiennent les meilleurs scores. Si la personnalitĂ© de l’étudiant intervient peu dans les Ă©valuations, en revanche, il est Ă©tabli que l’intĂ©rĂȘt pour la matiĂšre influence de façon significative les rĂ©sultats de l’EEE ; un enseignant qui sait susciter l’intĂ©rĂȘt de ses Ă©tudiants obtient donc de meilleurs rĂ©sultats aux Ă©valuations. Ces rĂ©sultats sont Ă©galement relativement stables dans le temps, indiquant une certaine permanence de la posture des enseignants
 et du jugement des Ă©tudiants. Autrement dit, un enseignant dĂ©crit comme bien organisĂ© mais peu enthousiaste tend Ă  l’ĂȘtre toute sa carriĂšre durant Endrizzi, 2014. La qualitĂ© est donc ailleurs, dans la cohĂ©rence interne du cours articulation cours et travaux dirigĂ©s, qualitĂ© des supports, pertinence des Ă©valuations et dans l’expĂ©rience vĂ©cue en classe Fusaro & Couture, 2012 ; Margaryan et al., 2011 ; Paquelin, 2015. En dĂ©finitive, il semblerait que ce qui compte dans l’expĂ©rience Ă©tudiante, ce sont d’abord les activitĂ©s pĂ©dagogiques et les contenus d’enseignement, avant les relations interpersonnelles avec les enseignants et les autres Ă©tudiants MĂ©nard, 2012. Les dimensions de l’expĂ©rience Ă©tudiante Pour apprĂ©hender la qualitĂ© des expĂ©riences d’études de façon plus systĂ©mique, l’examen de quelques initiatives faisant entendre la student voice semble utile. Pour les associations membres de l’ESU, mobilisĂ©es dans la conception d’une charte, la qualitĂ© de la formation ne s’apprĂ©cie en effet pas seulement Ă  l’échelle d’un cours donnĂ©. Quatre dimensions sont estimĂ©es dĂ©terminantes par les Ă©tudiants interrogĂ©s un curriculum Ă©quilibrĂ© entre connaissances et compĂ©tences, des modalitĂ©s d’enseignement qui les rendent acteurs, un environnement d’apprentissage qui rĂ©ponde Ă  leurs besoins et des Ă©quipements et services qui soutiennent efficacement leur vie d’étudiant ESU, 2013, projet QUEST. En Australie, le CEQ Course Experience Questionnaire[20], mesure depuis plus de vingt ans la perception qu’ont les diplĂŽmĂ©s de leur expĂ©rience d’études Ă  l’issue de leur premier cycle universitaire. Le protocole d’enquĂȘte, basĂ© sur une recherche de Ramsden et Entwistle en Grande-Bretagne 1981, distingue dix dimensions susceptibles de favoriser des apprentissages en profondeur satisfaction gĂ©nĂ©rale, qualitĂ© des enseignements et dĂ©veloppement d’habiletĂ©s gĂ©nĂ©riques constituent le corps de l’enquĂȘte ; les sept autres dimensions sont facultatives clartĂ© des objectifs, charge de travail appropriĂ©e, mĂ©thodes d’évaluation appropriĂ©es, motivation intellectuelle, services d’accompagnement, qualitĂ©s des niveaux supĂ©rieurs, ressources pĂ©dagogiques et communautĂ© d’apprentissage. Si les Ă©tudiants estiment que leur expĂ©rience d’études est globalement satisfaisante, que les cours Ă©taient stimulants et que ce qu’ils ont appris leur sera utile, une part significative d’entre eux dĂ©clare ressentir une forte pression en raison d’une charge de travail importante. Les rĂ©sultats sont cependant Ă  nuancer selon les profils d’inscription les Ă©tudiants internationaux ont des scores d’insatisfaction significativement plus Ă©levĂ©s pour ce qui concerne la charge de travail et l’évaluation, alors que les Ă©tudiants Ă  temps partiel et les Ă©tudiants Ă  distance expriment beaucoup moins d’insatisfaction sur ces deux dimensions que les Ă©tudiants prĂ©sents sur le campus. S’agissant des facteurs internes, la variable la plus significative est l’ñge quelle que soit la discipline d’études, les Ă©tudiants les plus ĂągĂ©s expriment une satisfaction supĂ©rieure sur une majoritĂ© de dimensions, tandis que les plus jeunes apprĂ©cient davantage la prĂ©sence de services d’accompagnement et la dimension communautaire Carroll, 2015. Une autre enquĂȘte nationale, la NSSE National Survey of Student Engagement, dĂ©veloppĂ©e par l’universitĂ© d’Indiana, s’est rĂ©pandue depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, aux États-Unis mais aussi au Canada, avec pour objectif d’évaluer le degrĂ© d’engagement des Ă©tudiants dans leurs Ă©tudes et ce qu’ils perçoivent des efforts dĂ©ployĂ©s par l’institution qui les accueille pour les aider Ă  rĂ©ussir[21]. Elle est administrĂ©e Ă  la fin des premiĂšre et derniĂšre annĂ©es acadĂ©miques du premier cycle dans les colleges participants. Quatre dimensions structurent le questionnaire participation Ă  des activitĂ©s Ă©ducatives multiples ; exigences institutionnelles et nature stimulante des cours ; perception de l’environnement d’études ; estimation de leur dĂ©veloppement individuel, en tant qu’étudiant et que personne, depuis le dĂ©but du college[22]. Cette entrĂ©e par l’engagement des Ă©tudiants est assez originale[23]. Qu’il s’agisse de mesurer le niveau de dĂ©fi intellectuel offert par les cours, la part d’apprentissage actif et collaboratif ou bien la quantitĂ© et qualitĂ© des interactions entre enseignants et Ă©tudiants, tous ces critĂšres constituent une mesure fiable de l’engagement des Ă©tudiants dans leurs Ă©tudes et corrĂ©lativement de leur rĂ©ussite, caractĂ©risĂ©e par des indicateurs de performance mais aussi de gain » ce qui a changĂ© pendant la formation[24]. Les rĂ©sultats de l’édition 2015 mettent en Ă©vidence le caractĂšre insuffisamment stimulant des cours pour la moitiĂ© des Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e, observĂ© dans une moindre mesure chez les Ă©tudiants plus ĂągĂ©s, notamment inscrits Ă  distance ; la motivation des Ă©tudiants apparaĂźt en contrepartie plus forte quand les cours encouragent la crĂ©ativitĂ©. L’écart entre le niveau de sĂ©lection Ă  l’entrĂ©e fort et le niveau d’exigences dans les cours faible est cependant largement soulignĂ© et influence les apprĂ©ciations des Ă©tudiants sur la qualitĂ© globale de la formation reçue NSSE, 2015. Ces enquĂȘtes mettent ainsi en Ă©vidence avec une certaine constance des Ă©carts de perception sur le travail Ă  fournir en dehors des cours, tant en termes de travail personnel que de rĂ©vision pour les examens. Quelles implications pour la rĂ©ussite Ă©tudiante ? [revenir au sommaire] Les lectures exploitĂ©es dans ce dossier soulignent, en creux, la faible capacitĂ© du systĂšme Ă©ducatif français Ă  gĂ©rer l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la population Ă©tudiante et son manque de flexibilitĂ© Ă  l’égard de trajectoires qui ne seraient pas linĂ©aires. Tout concourt en effet Ă  lĂ©gitimer leur irrĂ©versibilitĂ© un systĂšme basĂ© sur des articulations faibles entre des formations secondaires dĂ©jĂ  spĂ©cialisĂ©es et un enseignement supĂ©rieur extrĂȘmement morcelĂ©, pas de cadre juridique permettant de combiner officiellement les Ă©tudes avec une activitĂ© salariĂ©e, des dispositifs de formation continue qui encouragent insuffisamment l’accĂšs Ă  des formations diplĂŽmantes Charles, 2015. Tout se passe comme si la rĂ©ussite des Ă©tudes supĂ©rieures en France s’obtenait malgrĂ© le systĂšme Ă©ducatif. Les Ă©tudiants composent avec cet espace contraint, dans et en dehors duquel ils Ă©voluent, pour façonner leur projet professionnel. À l’issue de ce dossier, force est de constater que peu de travaux panoramiques permettent de caractĂ©riser cette population Ă©tudiante et d’en apprĂ©cier les Ă©volutions dans le temps. L’ouvrage de Lahire, Les maniĂšres d’étudier, date de 1997 ; celui de Gruel et al. 2009 s’intĂ©resse davantage aux conditions de vie et d’études. Comment dĂ©passer les analyses sociologiques focalisĂ©es sur les inĂ©galitĂ©s d’accĂšs et de parcours pour apprĂ©hender le travail Ă©tudiant Ă  la lumiĂšre des diffĂ©rences contextuelles liĂ©es aux Ă©tablissements, aux filiĂšres et aux cycles d’études, facteurs clĂ©s de diffĂ©renciation ? Entre les enquĂȘtes de l’OVE, concentrĂ©es sur les conditions de vie et d’études, et celles du CÉREQ, qui mesurent l’insertion professionnelle des jeunes, n’y aurait-il pas la place pour une enquĂȘte permettant de mieux connaĂźtre et de comprendre les expĂ©riences d’études ? Peut-on dĂ©cemment postuler que les Ă©tudiants Ă  temps partiel, les Ă©tudiants en formation continue et les Ă©tudiants Ă  distance, dont le nombre est appelĂ© Ă  augmenter dans les prochaines annĂ©es, ont les mĂȘmes pratiques, alors que leurs objectifs varient et qu’ils s’inscrivent dans des espaces-temps trĂšs diffĂ©renciĂ©s ? Comment se satisfaire de cet autre angle mort de la recherche sur la prĂ©sence des Ă©tudiants internationaux dans les formations, qui nĂ©cessairement influe sur les expĂ©riences d’enseignement de tous les enseignants et d’apprentissage de tous les Ă©tudiants High Level Group on the Modernisation of Higher Education, 2014 ? Toutes ces questions ne relĂšvent bien Ă©videmment pas seulement du niveau national. Sans doute les cadres juridiques nationaux devraient-ils permettre aux Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur de collecter des donnĂ©es sur les expĂ©riences de leurs Ă©tudiants, au-delĂ  des formulaires de satisfaction distribuĂ©s dans le cadre de l’évaluation des enseignements. Mais y aurait-il des chercheurs pour s’en emparer et les exploiter ? Chaque Ă©tablissement ne devrait-il pas possĂ©der ses propres chercheurs en Ă©ducation pour analyser les forces et les faiblesses institutionnelles Ă  l’aune des donnĂ©es fournies par des enquĂȘtes nationales ? En tout Ă©tat de cause, la student voice est amenĂ©e Ă  se faire davantage entendre. Les Ă©tudiants de l’ESU s’organisent dĂ©jĂ  par exemple, en cherchant Ă  dĂ©finir un cadre pour l’attribution d’un label aux Ă©tablissements prĂŽnant une vĂ©ritable centration sur les Ă©tudiants ; la Commission europĂ©enne, avec la fondation Lumina, rĂ©alise pour sa part une double enquĂȘte, auprĂšs des Ă©tudiants et des personnels, pour mesurer le degrĂ© d’introduction des approches par compĂ©tences dans l’enseignement supĂ©rieur europĂ©en et amĂ©ricain Learning outcomes / competences research project. Recherche ou pas, ces interrogations plaident au final pour un engagement plus stratĂ©gique des Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur en faveur de la qualitĂ© des enseignements et des apprentissages afin de fournir aux enseignants et aux Ă©tudiants des opportunitĂ©s pour travailler autrement, plus collectivement et dans une plus grande transparence Endrizzi, 2014 ; Paivandi, 2015. Elles soulignent l’importance d’adopter une approche Ă©cologique plus globale des cours et des fonctions liĂ©es Ă  l’enseignement, Ă  penser les formations selon des logiques curriculaires prĂŽnant un alignement plus fort entre objectifs, activitĂ©s et Ă©valuation Biggs, 2011. Parmi les nombreuses pistes qui apparaissent fĂ©condes Ă  explorer si l’on se positionne Ă  un niveau curriculaire, deux retiennent notre attention Ă  l’issue de cette synthĂšse le rythme des apprentissages, liĂ© notamment Ă  la charge de travail en dehors des cours, et plus globalement Ă  la maĂźtrise institutionnelle du temps personnel, et celle des modes d’évaluation des apprentissages, l’un et l’autre Ă©tant considĂ©rĂ©s avec une certaine constance comme les principaux points d’insatisfaction dans les grandes enquĂȘtes nationales ou internationales portant sur l’expĂ©rience des Ă©tudiants Carroll, 2015 ; NSSE, 2015. Autrement dit, si les dĂ©calages entre enseignants et Ă©tudiants concernant les pratiques numĂ©riques sont Ă  relativiser, les Ă©carts de perception sur le travail Ă  fournir en dehors des cours sont en revanche bien plus marquĂ©s. Au niveau du processus mĂȘme d’enseignement et d’apprentissage, il s’agit encore de transmettre des connaissances, et Ă  cet Ă©gard Ă©tudiants et enseignants pourraient se rejoindre, les uns en Ă©tant moins concentrĂ©s sur le diplĂŽme, les autres en acceptant de considĂ©rer la dimension sociale de leur activitĂ© pĂ©dagogique, les uns et les autres Ă©tant d’ores et dĂ©jĂ  d’accord sur le fait que l’essentiel rĂ©side dans les contenus. Il s’agit aussi de fournir Ă  tous les Ă©tudiants des conditions optimales pour apprendre, en privilĂ©giant des approches plus expĂ©rimentales et en investissant davantage dans l’ingĂ©nierie, avec des innovations moins silencieuses » Viaud, 2015 et une pĂ©dagogie plus inclusive » privilĂ©giant une diversitĂ© de mĂ©thodes. Cette transformation pĂ©dagogique » Bertrand, 2014 implique de miser plus franchement sur les plus-values du numĂ©rique accĂšs aux ressources, communication et travail collaboratif et de privilĂ©gier des articulations innovantes entre modalitĂ©s en prĂ©sentiel et Ă  distance, basĂ©es sur des mĂ©thodes plus actives et plus rĂ©flexives. Autrement dit, paradoxalement il s’agit de redonner de la valeur Ă  ce qui se passe en prĂ©sentiel pour favoriser l’engagement des Ă©tudiants dans leurs apprentissages, tout en parvenant Ă  un certain Ă©quilibre entre gĂ©nĂ©ralisation pĂ©dagogie inversĂ©e pour tous et personnalisation pĂ©dagogie adaptive » pour chacun. Une transformation qui donc requiert moins de croyance dans le bĂ©nĂ©fice des technologies et des pĂ©dagogies actives, pour mieux considĂ©rer le dĂ©veloppement continu de compĂ©tences numĂ©riques chez les enseignants et les Ă©tudiants, nĂ©cessaire pour fonder la sociĂ©tĂ© apprenante » de demain BĂ©jean & Monthubert, 2015. Faire rĂ©ussir les Ă©tudiants, cela signifie bien plus que les conduire Ă  la licence en trois ans. C’est aussi se donner les moyens de considĂ©rer l’expĂ©rience Ă©tudiante comme un tout, au-delĂ  des populations fragmentĂ©es qui composent l’enseignement supĂ©rieur, comme le propose dĂ©jĂ  le Plan national de vie Ă©tudiante lancĂ© Ă  la rentrĂ©e 2015 MENESR, 2015b c’est intĂ©grer une rĂ©flexion sur les conditions de vie, notamment sur le campus, favoriser et valoriser aussi leur engagement, par exemple avec les cĂ©sures, et laisser du temps pour que les projets professionnels mĂ»rissent. C’est d’abord former les citoyens de demain, en les rendant capables de dĂ©velopper leur pouvoir d’agir » et en leur permettant de devenir des apprenants tout au long de la vie. Dans cette perspective, l’autonomie, liĂ©e au dĂ©veloppement personnel, ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un prĂ©requis, c’est un enjeu, voire une des finalitĂ©s. 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[3] Ce dossier est rĂ©alisĂ© Ă  l’occasion d’une confĂ©rence de consensus organisĂ©e conjointement par l’Institut français de l’Éducation ENS de Lyon et la Direction gĂ©nĂ©rale de l’enseignement supĂ©rieur et de l’insertion professionnelle MinistĂšre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche, Ă  Paris les 16 et 17/12/2015, sur le thĂšme RĂ©ussite et Ă©chec dans l’enseignement supĂ©rieur ». [4] Si la France dĂ©passe l’objectif des 40 % de diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur parmi les 30-34 ans, elle est trĂšs Ă©loignĂ©e des 15 % d’adultes devant participer annuellement Ă  une formation d’au moins quatre semaines, fixĂ©s par la StratĂ©gie Europe 2020 Ă  peine 6 % des adultes en Ăąge de travailler sont concernĂ©s. En 2012, 10 % des diplĂŽmes dĂ©livrĂ©s par les universitĂ©s l’ont Ă©tĂ© au titre de la formation continue. [5] Les Ă©tudiants domiciliĂ©s en France sont spontanĂ©ment peu mobiles, si l’on exclut les stages obligatoires. 30 % des inscrits en master Ă  l’universitĂ© ont effectuĂ© au moins un sĂ©jour Ă  l’étranger en relation avec leurs Ă©tudes ; ce sont les inscrits en sciences et en santĂ© qui sont les moins mobiles. Les Ă©lĂšves des Ă©coles sont plus mobiles que les Ă©tudiants universitaires, ceux des Ă©coles d’ingĂ©nieurs partent plus souvent par leurs propres moyens alors que ceux des Ă©coles de management profitent davantage des programmes d’échanges OVE, 2014. [6] Pour Gruel in Gruel et al., 2009, ces donnĂ©es invitent Ă  relativiser la thĂšse d’une paupĂ©risation du monde Ă©tudiant, tout en soulignant une tension budgĂ©taire croissante chez une minoritĂ© d’entre eux, principalement parmi les dĂ©cohabitants Ă©mancipĂ©s » ceux qui ne vivent plus chez leurs parents et dĂ©clarent des revenus indĂ©pendants. [7] Ce mal-ĂȘtre peut s’avĂ©rer ambivalent. L’enquĂȘte de Paquelin 2015 montre qu’il n’est pas incompatible avec un sentiment d’appartenance Ă  l’établissement. Cette mĂȘme ambivalence est observĂ©e entre le fait d’éprouver du plaisir aux Ă©tudes et de se sentir anxieux. [8] Les Ă©coles d’ingĂ©nieurs accueillent pour leur part 6 % des Ă©tudiants et les Ă©coles de management et de commerce 6 % Ă©galement. Enfin, 10 % des Ă©tudiants sont inscrits en STS et 3 % en CPGE. [9] La mise en Ɠuvre de la plateforme nationale APB visait une rationalisation des choix d’orientation, couplĂ©e Ă  une ambition de prĂ©server une certaine Ă©quitĂ© de traitement des demandes d’admission dans l’enseignement supĂ©rieur
 Une ambition trĂšs française misant sur un outil national pour favoriser des choix rationnels de la part des Ă©lĂšves en amont et une procĂ©dure commune de gestion des demandes par les Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur en aval. Outre le fait que toutes les formations supĂ©rieures ne sont pas prĂ©sentes sur APB, les algorithmes conçus pour traiter les demandes en fonction des capacitĂ©s d’accueil dĂ©clarĂ©es des filiĂšres restent opaques et la transparence liĂ©e aux dĂ©cisions finales peu effective, chaque Ă©tablissement fixant en dĂ©finitive ses propres critĂšres par exemple, certaines CPGE recrutent Ă  120 % de leur capacitĂ© d’accueil, tandis que d’autres ont un taux de remplissage bien infĂ©rieur Ă  80 % Henriet & Pietryk, 2012. [10] Il distingue la conception anglaise des parcours d’études avec la mĂ©taphore de la voiture personnelle, laissant les individus libres de leur destination et de leur rythme, de la conception suĂ©doise rapprochĂ©e d’une infrastructure collective telle que le mĂ©tro oĂč chaque individu se dĂ©place Ă  son grĂ©, prenant autant de correspondances qu’il le souhaite Charles, 2015. [11] Savoir Ă©valuer l’intĂ©gration sociale Ă  l’aide d’indicateurs individuels et contextuels aiderait Ă  comprendre ces diffĂ©rences, comme le proposent les travaux de Berthaud 2015 sur les trois dimensions de l’intĂ©gration sociale caractĂ©ristiques du rĂ©seau Ă©tudiant, comportements Ă  l’intĂ©rieur du rĂ©seau et qualitĂ© perçue du rĂ©seau. [12] Darmon 2013 prĂ©cise que cela n’empĂȘche pas les Ă©tudiants de chercher Ă  prĂ©server une vie coupĂ©e de l’institution, une vie Ă  eux, comme une rĂ©sistance au pouvoir de celle-ci. [13] Concernant la tranche d’ñge des 18-24 ans, 81 % possĂšdent un smartphone contre 67 % des 25-39 ans par exemple, 90 % disposent d’une connexion internet Ă  domicile contre 96 % des 12-17 ans, 96 % ont un usage quotidien d’internet contre 89 % des 25-39 ans, 82 % bĂ©nĂ©ficient d’une connexion internet nomade sur tĂ©lĂ©phone mobile contre 61 % des 25-39 ans. [14] De nombreux travaux empiriques, menĂ©s depuis la fin des annĂ©es 2000, visent Ă  dĂ©crire et comprendre les pratiques numĂ©riques des Ă©tudiants. On pourra par exemple s’intĂ©resser aux recherches de Mark Bullen au Canada, de Chris Jones et Anoush Margaryan au Royaume-Uni, de Peter Goodyear et Gregor Kennedy en Australie. [15] L’enquĂȘte de l’ENSSIB Fradet et al., 2012 montre que, par exemple, plus d’un Ă©tudiant de licence sur deux dĂ©clare ouvertement s’adonner Ă  une forme ou une autre de plagiat et que 74 % jugent cette pratique rĂ©pandue chez leurs pairs, bien qu’elle soit identifiĂ©e par 90 % d’entre eux comme un abus ! [16] Par exemple, les nĂ©o-Ă©tudiants privilĂ©gient assez largement les sources peu fiables commerciales, gĂ©nĂ©ralistes ou personnelles dans les recherches Google par rapport aux sites ayant une orientation acadĂ©mique explicite Dahlstrom & Bichsel, 2014. [17] Pour un aperçu argumentĂ© de quelques neuromythes, voir l’article publiĂ© sur Éduveille en 2013. [18] Les Ă©ditions 2014 et 2015 des enquĂȘtes du think tank Educause Student and Faculty Technology Research Studies, menĂ©es auprĂšs de plus de 400 Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur nord-amĂ©ricains, dĂ©finissent l’accompagnement des enseignants et des Ă©tudiants au numĂ©rique comme la premiĂšre prioritĂ© dont les prĂ©sidences doivent se saisir. [19] Pour des rĂ©flexions complĂ©mentaires sur le cours magistral, voir le numĂ©ro 9 de la revue Distances et mĂ©diations des savoirs publiĂ© en mars 2015, sous la direction de Laurent Petit et intitulĂ© Le cours magistral a-t-il un avenir ? ». [20] Le CEQ est articulĂ© avec deux autres enquĂȘtes, GDS Graduate Destination Survey et PREQ Postgraduate Research Experience Questionnaire, visant respectivement Ă  rendre compte de l’orientation prise Ă  l’issue du premier cycle poursuite d’études ou insertion professionnelle et Ă  Ă©valuer l’expĂ©rience des Ă©tudiants ayant achevĂ© des Ă©tudes doctorales. [21] Un facsimilĂ© de la version canadienne en langue française est consultable Ă  cette adresse NSSE 2015. [22] La NSSE est composĂ©e de dix indicateurs clĂ©s regroupĂ©s en quatre thĂšmes dĂ©fi intellectuel, apprendre avec les autres Ă©tudiants, expĂ©riences avec les enseignants et environnement d’études, traduits en 47 questions. [23] Pour une analyse critique des instruments conçus pour mesurer l’engagement Ă©tudiant et des usages institutionnels de ces donnĂ©es, voir le chapitre de McCormick et al. 2013 dans Higher Education Handbook of Theory and Research, vol. 28. [24] Du fait de sa notoriĂ©tĂ©, la NSSE a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©e en deux enquĂȘtes complĂ©mentaires, la FSSE Faculty Survey of Student Engagement et la BCSSE Beginning Colleges Survey of Student Engagement, avec pour objectif de mesurer respectivement les perceptions qu’ont les enseignants de l’engagement de leurs Ă©tudiants et les attentes qu’ont les nĂ©o-Ă©tudiants Ă  l’égard de l’institution qui les accueille. Dans nos sociĂ©tĂ©s africaines, la femme Ă©tait marginalisĂ©e, considĂ©rĂ©e comme un sexe faible. Les durs travaux exigeant de la patience lui Ă©taient rĂ©servĂ©s. Elle devait ĂȘtre soumise Ă  son mari et les quelques compensations que l’homme trouve de temps Ă  autre dans la vie sociale lui sont refusĂ©es. Elle restait Ă  la ferme et ne connaissait aucun loisir. Dans son foyer, elle se lĂšve tĂŽt le matin pour les travaux mĂ©nagers. PremiĂšre Ă  se lever, elle se couche la derniĂšre. En tant qu’épouse, la femme doit ĂȘtre docile, soumise et travailleuse. Elle ne doit jamais dire un mot plus haut que son mari ; elle doit aussi respecter les traditions, ignorer toutes les activitĂ©s de son mari ou du moins, faire semblant de les oublier. En tant qu’épouse, elle doit s’occuper de son mari et de sa belle-famille si toutefois ils partagent la mĂȘme cour. Comme mĂšre, elle doit s’occuper de l’éducation de ses enfants, leur donner des soins prĂ©ventifs. Pourtant, pendant ses grossesses, elle n’a pas de loisir, elle n’a pas le temps de s’occuper de sa santĂ©, ainsi, elle est prĂ©maturĂ©ment flĂ©trie et rongĂ©e de maladies. Elle se sacrifie pour la vie et le bonheur de son enfant. Hier, la femme considĂ©rĂ©e comme un ĂȘtre sacrĂ©, devrait respecter les traditions de sa famille. Ainsi, elle Ă©tait donnĂ©e en mariage forcĂ© Ă  un homme qu’elle ne connaissait mĂȘme pas ; celui-ci pouvait ĂȘtre un jeune comme un vieux. Elle Ă©tait soumise Ă  l’excision car selon la tradition, une femme non excisĂ©e serait infidĂšle Ă  son mari, impure donc, elle n’était pas considĂ©rĂ©e comme une vraie femme. La scolarisation lui Ă©tait refusĂ©e, car il Ă©tait malhonnĂȘte qu’une femme Ă©tudie et sache tant de choses et cela pour plusieurs raisons avoir l’Ɠil sur les hommes et vouloir leur donner des ordres mĂȘme au foyer. Une fois au foyer, elle n’a pas le droit de vouloir limiter ses naissances car l’enfant est considĂ©rĂ© comme un garant de la pĂ©rennitĂ©. AprĂšs la mort de son mari, elle Ă©tait directement destinĂ©e Ă  son frĂšre, sans penser par ailleurs que celle-ci a un cƓur, une raison, qu’elle n’est pas un objet que l’on se passe de main en main. Dans certaines sociĂ©tĂ©s, elles s’adonnent Ă  des travaux physiques dĂ©passant manifestement leur force comme les travaux agricoles par exemple. La plupart du temps, le travail rural rĂ©duit la femme Ă  la bonne Ă  tout faire. Dans le monde contemporain, une prise de conscience aiguĂ« s’est opĂ©rĂ©e face Ă  la condition de la femme. L’injustice dont elle Ă©tait victime a Ă©tĂ© perçue dans sa vraie dimension sur le plan social mais surtout Ă©conomique, car elle jouit d’une libertĂ© assez importante dans l’économie. Beaucoup de gens s’accordent Ă  reconnaĂźtre que le fait de marginaliser les femmes rĂ©duit l’efficacitĂ© de presque tous les aspects du processus de dĂ©veloppement. Les femmes instruites, Ă©duquĂ©es, libĂ©rĂ©es ou Ă©mancipĂ©es sont plus ouvertes Ă  l’innovation et contribuent positivement au dĂ©veloppement du foyer et du pays. Bref ! L’émancipation de la femme peut ĂȘtre dĂ©finie comme l’indĂ©pendance, l’épanouissement, la libĂ©ration de celle-ci de l’exploitation de l’homme. Les femmes font virtuellement tout, ce que les hommes font et dans tous les domaines de la vie politique, Ă©conomique ou professionnelle. C’est ainsi qu’une journĂ©e le 8-Mars leur est consacrĂ©e chaque annĂ©e et leurs droits sont reconnus depuis lors et appuyĂ©s par le sommet de Beijing en Chine, en 1996. Des luttes sont engagĂ©es contre la mutilation gĂ©nitale, les violences conjugales, les injustices comme les divorces abusifs, le droit Ă  l’hĂ©ritage et l’accĂšs Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Quoi qu’il en soit, l’indĂ©pendance vĂ©ritable de la femme, a pour condition premiĂšre la prise de conscience par elle-mĂȘme de sa propre personnalitĂ©, de la capacitĂ© Ă  assumer son propre destin et de sa rentrĂ©e dans le monde du travail. Les pouvoirs publics, les gouvernements soutiennent toutes ces actions car les femmes sont partout majoritaires et on ne peut bĂątir vĂ©ritablement une nation en Ă©cartant la couche la plus nombreuse. Et la femme africaine n’est pas en reste, surtout la femme burkinabĂš. Partout en Afrique, on assiste Ă  une amĂ©lioration du statut de la femme. Elle est dĂ©sormais l’égale de l’homme bien sĂ»r en droit et en devoir mĂȘme si beaucoup reste Ă  faire. Toutefois, cette nouvelle philosophie ne doit pas faire perdre Ă  la femme africaine, son identitĂ© de femme africaine. La vĂ©ritable femme africaine Ă©mancipĂ©e est celle qui part de son statut d’Africaine pour amĂ©liorer sa vie, celle de ses compagnes et celle de son foyer. L’émancipation ne doit pas faire perdre Ă  la femme son africanitĂ©. Sawadogo Mathias, secteur 25 Bobo-Dioulasso

comparaison entre la femme d hier et d aujourd hui